Bien à Bienne : Victoire

Victoire

23/09/2011 | Victoire

Victoire!!!!!!
on l'a eu.
On à du s'y mettre à plusieurs.
On y a passé la journée.
On a subi la traduction simultanée en suisse-allemand.
Supporté sa répugnante et arrogante présence.
Mais on l'a eu.
On pourrait même dire qu'il nous as facilité la tâche.
Reprenons du début.
8heures 30.
M'étant couchée vers 5heures, c'est dans un état semi comateux que je m'emmitoufle dans les trois quatre premières fringues venues pour affronter l'ennemi et le froid du matin.
Ma fille est déjà, prête, Choupi dort. On réveille mon fils qui va servir de baby-sitter, le temps que ma mère arrive en renfort,et on y va.
La petite marche achève de me réveiller.
L'imposant bâtiment de la préfecture se dresse devant nous.
Ca se passe en bas.
Dans le corridor, elle est déjà là, la troisième.Madame P.
Sur la dizaine de femme qu'il à  agressé ce jour là, nous sommes les seules à avoir porté et maintenu notre plainte.
Certaines se sont désistées.
C'est dommage, mais il faut reconnaitre que ça demande du courage.
Et à trois, on est déjà plus forte.
La jeune femme fraichement mariée que l'on découvre est encore très choquée.
Sa maman est venue avec. Seule, elle n'aurais pas pu, tellement la peur était encore vivace
Une vraie maman qui ressemble à sa fille et qui s'apprête à lui apporter tout son soutien.
On sympathise immédiatement.
Lui aussi est là. Il à l'air plus calme, plus petit que dans mon souvenir.
Il faut dire que ça fais trois ans.
On entre dans la salle d'audience.
Trois chaises à droite pour les plaignantes.
Trois chaises à gauche pour l'accusé.
Devant nous Madame la Juge, mince brune, la quarantaine. Habillée de mauve et de violet.
Le greffier, beau greffier ma foi, disons le.
Ils nous sourient.
La maman s'installe dans le fond.
D’où elle est ,elle voit bien les regards de mépris que nous lance O.G.
Imaginez, un type avec une tête un peu trop grande pour le reste du corps.
Vêtu d'un pantalon et d'une chemise d'un blanc grisâtre, chemise rentrée dans le pantalon , ce qui lui donne à peu près l'élégance
et le charisme d'un thon.
Son profil à quelque chose du poisson aussi.
Il est aussi gluant, avec la masse de gel qu'il à mis sur ses cheveux pour les faire tenir en arrière.
Il croise les bras et les jambes et les deux morceaux de chaire rôsatres qui lui servent de bouche, se tordent dans un rictus méprisant.
Sa voix me donne envie de vomir. Une voix métallique, agressive.
Il parle fort.
Il pourrait le faire en français, mais ne se donne pas cette peine.
En Suisse , les débats judiciaires se font dans la langue de l'accusé.
Chacun de ses mots résonne comme une nouvelle agression.
La juge traduit et le greffier retranscrit.
Je me suis mise entre ma fille et la toute jeune madame P.
Elle n'est pas bien du tout.
Pendant toute l'audience, elle lutte pour contenir ses larmes.
Dans l'ordre chronologique, nous sommes les premières à avoir subit les assauts déplacés de O.G.
La juge interroge ma fille.
D'une petite voix, à peine audible, elle raconte son histoire.
O.G ponctue ses phrases de ses expressions dédaigneuses.
La juge lui souri, pour l'instant,
la mère de la petite madame P. suffoque d'indignation.
Mais moi, j'ai confiance, j'ai déjà eu une entrevue avec cette juge et je sais qu'elle fait son travail, impartialement.
Elle n'est pas censée prendre parti.
Ma fille raconte sa peur, sa paralysie, l'homme qui s'en prends à sa mère devant elle.
Puis qui tente de l'atteindre à son tour.
Après trois ans, c'est difficile de se rappeler exactement de tout.
Et en parler, fait revivre les évènements.
Moi je pourrais le faire, minute par minute, mais j'ai déjà déposé.
Puis vient le défilé des témoins.
Le premier, c'est le vieux Monsieur qui s'est interposé dans notre affaire.
Il a pris des notes.
Et ses mots à lui claquent dans la salle : agressivité, acharnement, mitraillage.
Il insiste sur la brutalité de l'accusé.
Décrit ma panique, mon impuissance.
La perversité de O.G. s'étale peu à peu.
Et témoins après témoins , cette perversité remplit bientôt toute la pièce.
Tout le monde se sent mal.
Même si, lorsqu'arrive mon sauveur, le légionnaire portugais, je ne peux pas m'empêcher de sourire.
Avec son accent charmant, il explique ce qui s'est passé, donne aussi ses détails, avec des gestes.
Avec sa main il montre comment O.G. m'a touchée.
Je baisse la tête, tellement il est involontairement drôle.
Sa personnalité attachante, mets un peu de soleil dans toute cette noirceur.
Et puis on passe à la petite Madame P.
Et là, le ton change.
Elle est traumatisée.
Trois ans après la violence avec laquelle O.G. s'est jeté sur elle, alors qu'elle marchait tranquillement dans la gare avec ses amies l'a marquée profondément.
Il a glissé ses sales pattes si rapidement sous son pull.
Elle le repousse, il insiste, elle le repousse encore.
Ses amies restent stupéfaites.
Puis un homme arrive et attape O.G. par l'épaule ce qui permet à Madame P. de s'enfuir et de courir en pleurant jusqu'à son mari.
Je découvre avec horreur la suite.
Le mari de Madame P. vient d'assister à une autre action choquante, très choquante.
Juste avant.
O.G. s'en est pris à une fillette d'à peine 12 ans. Elle aussi se promenait avec ses amies.
En une seconde, il se jette sur elle et la touche, aux trois endroits. La poitrine, le sexe, les fesses.
Une fillette.
Mais là, il ne s'attarde pas, directement il plonge sur une autre femme.
Il y a beaucoup de monde à la gare. Monsieur P. est tellement choqué qu'il ne peut rien faire et ne se doute pas que O.G est déjà en train de s'attaquer à sa femme.
Le témoignage d'un commerçant qui à assisté à toute la scène est édifiant.
en 15 ans de travail à la gare, il n'a jamais vu ça.
Il décrit O.G. comme un animal, une bête folle et enragée, sans scrupule qui en quelques secondes parvient à bouleverser des dizaines de vies.
Je vais m'arrêter la.
Le système de défense de O.G est à son image : arrogant, sans vrais remords.
Il s'excuse. Mais il est clair qu'il est désolé pour lui.
D'ailleurs il le dit!
Tout ça est pénible.. pénible pour lui.
Le halo répugnant qui l'entoure devient presque perceptible.
La juge durçit le ton.
Lorsqu'elle rendra sa sentence en fin de cette épuisante journée, ou de 8h30 du matin à presque 18heures nous avons du partager le même air vicié,
elle n'oubliera rien.
L'alcool n'est pas une excuse.
Ce qu'il a fait est grave.
Elle ne croit pas en ses excuses et vois bien que ce n'est qu'à lui qu'il pense.
Alors il va devoir payer.
Je raconte encore qu'après la première audition, je l'ai revu dans le couloir de la £Coop, une bière à la main.
Il explose, me traite de menteuse, que j'essaie de le charger davantage!
Je le redis fermement, je sais ce que j'ai vu.
Et là, j'obtiens ce que je cherchais : il s'ennerve, s'enfonçant tout seul dans sa culpabilité.
La juge le fais taire.
Puis nous sortons tous, une dernière fois en attendant le verdict final.
Nous allons boire une verre avec Madame P. sa maman et son mari.
Malgré tout l'amour qui circule dans cette famille, je constate encore comme tout cela les marques.
Dans ma famille à moi, nous n'avons pas d'homme pour ous protéger. Alors, nous avons trouvé notre propre méthode.
L'humour. Et petit à petit, cet humour devient contagieux. La maman reconnait que ça fait du bien de plaisanter sur les supplices plus ou moins raffinés qu'elle aurait envie de faire subir à celui qui a voulu détruire sa fille.
Et ça aussi, la juge l'a compris et tenté de l'expliquer à O.G.
Les conséquences de ces actes.
Comme si on entrant dans nos sphrères privées, en souillant notre intimité, il déposait son poison insidueux.
Madame P. vit dans la peur, depuis trois ans. Elle s'enferme, sursaute dès qu'on l'approche, même dans sa propre maison la peur l'accompagne.
Alors, j'essaie de l'aider. Je lui dis que O.G. n'a pas de pouvoir autre que celui qu'elle lui donne.
Et surtout,qu'il faut sortir toute cette peine, en en parlant. En plaisantant même. Et tandis que nous attendons le signal de la juge, peu à peu je sens que toute la famille, pour la première fois se donne le droit d'en rire.
Comme s'ils s'en étaient empêché, que cette idée ne leur serait pas venu devant la douleur de leur fille et épouse.
Et avec ces rires , vint la délivrance.
La maman de Mdame P. me dit que la boule qu'elle portait en elle et qui l'empêchait de respirer commençait à s'évacuer.
En unissant nos forces, nous avons déjà gagné, avant même que la juge ne prononce son verdict.
Pendant d'interminables minutes (j'ai failli m'endormir) la juge explique dans les deux langues toutes les mesures, et toutes les raisons de ces mesures.
Et il ramasse la totale.
Ce qu'il redoutait le plus : payer.
Payer une amende, payer les frais de tribunal, payer les frais des témoins et fait exceptionnels dans le système judiciaire suisse pour ce genre d'acte, elle décide d'une somme importante pour dédommager Madame P. qui pourtant n'avais rien demandé. elle rajoute pour ma fille et moi une somme pour tort moral. Bien plus élevée que le maximum habituel. Et fois deux.
O.G. blêmi. Pourtant, il avait tenté de nous convaincre qu'avec sa petite paye de droguiste, il préférais des travaux d'intérêts généraux. Il en aura aussi, beaucoup.
Mais finalement la juge à compris qu'il fallait le frapper là ou ça pouvait l'atteindre, dans son porte-monnaie. Et toute la symbolique du terme "payer pour ses crimes" prends son sens effectif.
Je suis fatiguée, les mots ne me viennent plus. Mais je tenais à raconter tout ça pour remercier ceux qui m'ont soutenu.
Et pour dire que ce combat n'a pas été vain.
La juge à dit clairement qu'elle croyait en notre version des faits, que même si dans la confusion, nos témoins s'étaient parfois contredit, elle le comprenait aussi et ça ne changeait rien à la culpabilité de O.G.
Qu'elle voyait aussi son absence de remord réel et qu'elle allait s'assurer qu'il suivrait bien toutes les mesures qu'elle avait décidé. et qu'à la première incartade, c'est 5 fois plus qu'il devra verser.
Et encore, que ce qu'il avait fait était grave.
Qu'elle employait tout les moyens à sa disposition pour le punir, mais que si elle pouvait elle ferait plus. qu'elle comprenait que nous puissions être déçu , que par rapport au préjudice subi, c'était peu.
Que si nous étions en Amérique il serais normal qu'il paie davantage.
Finalement, elle à dit ce que nous voulions entendre.
Dans les yeux du greffier, je lisait qu'effectivement, on ne pouvais pas faire plus et que lui aussi le regrettait.
Tout le monde était d'accord et relativement satisfait.
Sauf O.G. bien sûr qui accusait le coup en silence. Mais tout son corps et l'expression de sa répugnante personne exprimais son mécontentement.
Il avais perdu.
Lorsque nous nous sommes quittés, spontanément la maman de Madame P. à collé trois bises pleines d'affections à ma fille.
Madame P. et moi avons fais de même.
Comme de vieilles copines, liée à jamais par notre victoire.
La plus importante : la victoire sur nous même.
Nous avons dépassé nos peurs, notre dégout. Mobilisé nos énergies, tenu le coup sans lâcher pendant ces trois ans.
Porter plainte, revivre les évènements, être confronté à la mauvaise foi et au comportement infâme de notre agresseur, demande du courage.
Nous avons tous le sentiment qu'il recommencera, malgré tout, mais grace à nous la justice saura déjà qui il est.
et ç'est ça, malheureusement , je ne peux pas empêcher les abuseurs d'abuser, mais j'aurai fais tout ce qui était en mon pouvoir pour arrêter celui-là.

03:26 Publié dans histoire vraie | Tags : victoire, justice, juge, suisse, abuseur | Lien permanent | Commentaires (3) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

J'imagine les 3 générations partant pour une seule cause...c'est beau...BRAVO à vous 2 vous avez été très courageuse, j'espère que vous pourrez enfin mettre ça derrière vous. C'est une VICTOIRE.....je vous embrasse très fort

Écrit par : Véro | 23/09/2011

bravo

Écrit par : clara | 23/09/2011

MERCIIIIIIIIIII

Écrit par : Cat | 24/09/2011

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