22/09/2011 | Juctice 2

Une justicière dans la ville

Je regarde Dexter.. et tout le sujet de la série c'est ça.
Est-ce qu'on peut faire justice soi-même dans certaines conditions?
Sur Facebook, un commentaire de Sandra pose LA question :
Faut-il faire justice soi-même?
Voilà tout mon problème.. si j'avais pu.. je lui aurais fait sa fête directement, à ce..
S'il n'avais pas été si grand, si menaçant et armé de son manche de parapluie, si j'avais eu la force nécessaire,
si son contact ne m'avais pas autant répugné..
Je l'aurais plaqué à terre.
Ensuite, j'aurais posé mon pied sur sa colonne vertébrale pour le bloquer.
Et puis j'aurais saisi sa tête pour la fracasser contre le trottoir.
Ensuite, je lui aurais bourré les côtes à grand coup de lattes.
Jusqu'à ce que quelqu'un me ceinture pour m'empêcher de le tuer.
Mais je me dégagerais et je prendrais le parapluie avec le gros manche en bois
avec lequel il me menaçait et je l'utiliserais pour lui briser les deux jambes.
Ensuite, je lui cracherais dessus.
Aaah, ça fais du bien. Je précise bien que tout ça rete du domaine de l'imaginaire.
Mais c'est pas tout , surmontant mon dégout, je relèverais sa tête ensanglantée et je l'obligerais à nous faire des excuses.
Ensuite, je lui dirais qu'il a de la chance, que je me contrôle, mais que si j'apprends qu'il s'approche encore d'une jeune fille,
alors je ne répondrai plus de rien.
Si j'avais pu le faire, alors.. je doute qu'il aie encore pu agresser les deux gamines de la gare.
Et la police n'aurait pas du intervenir, parce que personne ne l'aurait appelé.
Les passants, ravis du spectacle, auraient fait un cercle autour de nous.
Et dans les yeux de ma fille, au lieu de la peur qui l'avais paralysée ce jour là, j'aurais lu toute l'admiration
qu'elle éprouvait devant ma force.
Si.. je dis bien si..
Parce que la, l'impression que j'en ai, c'est comme si c'était lui qui m'avais craché au visage.. et
qu'il était parti , en toute impunité commettre d'autres forfaits.
Et la, il n'y a pas de si.. c'est un fait.
Je ne me sens pas très bien.
J'ai hâte que ça soie fini.
Une autre question que je me pose.. et si.. alors là, je suis encore plus loin dans le genre suppositions impossible :
Et si il me proposait de retirer ma plainte contre une somme d'argent..
Hein? soyons honnête. quand on a besoin d'argent..
C'est terrible, mais, est-ce que je serais achetable?
Sachant qu'il n'a pas d'argent, la question ne peut se poser que dans l'imaginaire.
Est-ce que ça me soulagerais qu'il me donne de l'argent?
Vous seriez déçu si je disais oui.
J'avoue que j'y ai pensé.
Mais je m'égare là, la question était : faut-il faire justice soi-même?
Œil pour oeil ?
Mais quelle justice?
Le goudron et les plumes?
La planche et les requins?
Les crocodiles?
Le pilori?
Ou alors , la méthode moderne, un site internet avec sa photo et celles des autres abuseurs de son espèce.
Ce type n'est pas de Bienne, il prends le train depuis son village pour venir ici commettre ses forfaits.
Mais allez savoir, si on ne l'arrête pas à temps, ce dont il pourrait être capable.
Est-ce qu'il faut attendre qu'il passe plus loin pour intervenir?
Pfff et comme me dis Sandra, il ne faut rien attendre de la justice.
Mais voilà ce qui me dérange, c'est que je refuse d'être une victime.
Mais en s'attaquant à moi, il m'oblige à l'être.
Avec tout ce que ça implique.
Etre victime ça signifie malheureusement se sentir coupable de l'être.
Quand on sait que très souvent les abuseurs sont d'anciens abusés...
Tout ça implique des excuses, des raisons , des causes.. et du pardon.
Mais quand la faute n'est pas admise, quand il recommence même, ça n'est pas possible.
Alors, faire justice soi-même.. que pourrais-je faire? engager des sbires?
Comment protéger nos enfants, nos petits enfants, quand on sait que 70% des abus sont commis par des membres de la famille?
Heureusement ce n'est pas mon cas.
Moi, c'est un médecin qui m'a abusé, la première fois.
La seconde fois aussi. pas le même non, celui-ci vivait juste en face, dans sa grande villa.
J'avais tellement honte que je n'ai pas su en parler à mes parents.
Il est mort.. et je n'y suis pour rien.
Alors, sachant tout ça, vous comprenez la haine qui me prends, envers tout ceux qui se fichent de briser l'innocence des enfants.
J'ai mis tellement d'années à m'en remettre.
J'en souffre encore.
Ce qui est terrible, c'est que ça devient presque banal.
Pourtant il faut en parler, parce que si on ne le fais pas, on minimise les conséquences.
Moi qui les connait, je ne les souhaite à personne.
Et pourtant je continue de croire que l'être humain est bon à la base.
Faire justice.. si je pouvais..
La seule justice en laquelle je crois, c'est celle qui nous dépasse tous, la justice divine.
La loi du retour.
Si tout ça ne m'étais pas arrivé, je ne serais pas celle que je suis. Et tout ce que j'espère c'est que mes récompenses de vie seront à la hauteur de mes souffrances.
Je ne peux pas refaire le monde, juste avoir confiance en l'Univers et en ses projets.
Et dire à mes soeurs, à mes frères qui comme moi ont été abusé, que notre vie à la même valeur que celle des autres, que ce que nous sommes reste intacte et pur.
Qu'aucun geste ne peut toucher nos âmes.
Que nous sommes plus forts parce que nous avons survécu à cette attaque.
Que notre naïveté ,que notre confiance porte aussi un autre nom :
l'innocence.
Pensez à moi, vous qui vous levez tôt (coucou Michèle et Clara).
Et demain soir, je vous raconterai comment ça c'est passé.

03:22 Publié dans histoire vraie | Tags : justice, abuseurs, innocence | Lien permanent | Commentaires (4) | Trackbacks (0) |