Bien à Bienne : Comment se comporter dans un procès?

Comment se comporter dans un procès?

24/09/2011 | Comment se comporter dans un procès?

Petits conseils pratiques!
Je me sens si bien. Si mieux, tellement soulagée par ma victoire d'hier.
Je suis une autre femme, débarrassée du poids de cette culpabilité si contradictoire
que peut ressentir la victime d'une agression.


Avant de tourner la page et de suivre ainsi un des judicieux conseils donné par les peronnes qui ont eu l'amabilité, la gentillesse, la compassion et le soutien dont j'avais besoin.. J'aimerais y revenir une dernière fois pour analyser les causes de notre victoire.
D'abord, le juge était une femme. Dans notre cas, c'était clairement un avantage.
Pas parce qu'elle était de notre côté, non je n'ai aucun doute sur son professionalisme et son impartialité.
Mais parce que l'accusé déteste tellement les femmes, que forcement, elle l'a ressenti aussi.
Ensuite, il faut bien se concentrer, bien l'écouter, ne pas consulter ses notes pendant qu'elle parle.
Par contre, j'ai remarqué que nous pouvions nous exprimer souvent.
Dans la procédure, après chaque déclaration, chacun des deux partis peut s'exprimer.
C'est là qu'il faut le faire.
Exemple:
L'accusé : "Madame Bergeon est une menteuse, je n'ai pas pu être  dans le couloir de la Coop en train de boire une bière,
j'étais en thérapie. Elle dit ça pour me charger davantage."
La j'ai du rester stoïque, surtout, ne pas ennerver la juge!! c'est très important!!
La procédure est longue, compliquée, alors, même si je mourrais d'envie de rabattre le couvercle de chiotte qui lui sert de bouche, je me suis tue.
J'ai patiemment attendu que la juge pose la question rituelle:
-Est-ce que vous avez des questions sur ce que "monsieur" O.G. vient de dire ?
Et là, attention, même si ce que vous allez dire n'est pas une question, il faut que ça reste en rapport direct, que se soie dit clairement, et en dissimulant si possible la haine que l'individu vous inspire.
Sachant aussi que vous avez l'avantage, car, après ça, il n'aura plus la parole avant un moment, donc, vous avez le dernier mot.
Moi :
-Je ne suis pas une menteuse. (remarquez l'affirmation)
Je sais ce que j'ai vu (voix convaincue et claire).
Monsieur O.G. était bien ou je l'ai dit. Je l'ai parfaitement reconnu.
Et d'ailleurs, j'ai eu très peur.
J'en ai parlé à la dame (tant pis si je ne me souvenais pas du nom) de l'aide aux victimes. (genre, j'ai un témoin de mes affirmations, ça a une certaine valeur, surtout si le témoin est un professionnel).
Et là, O.G. pête un plomb.
Le problème pour lui et l'avantage pour moi, c'est qu'il n'a plus droit à la parole à ce moment là.
Donc, il ennerve la juge. Se montre sous un jour défavorable et moi.. j'ai gagné un point supplémentaire.

Il est important de définir les bons arguments, dans notre cas, ils étaient au nombre de trois, principaux :
1) l'usage de l'alccol n'est pas une excuse, ni une vraie raison pour ce qu'il a fait
2) nous n'avons pas l'impression qu'il regrette sincèrement ses actes.
3) ce qu'il a fait est grave et nous avons été choquée, bien après l'agression.
Il est très important aussi de bien décrire les conséquences du délit :
Genre : j'ai continué d'avoir peur de le rencontrer, je me sens très mal en sa présence, j'ai peur qu'il agresse d'autres jeunes filles, qu'il en aie agressé d'autres.
Bien relever le courage qu'il faut pour porter plainte.
N'oublions pas que sur les documents que l'accusé reçoit, il a notre adresse.
Et la lettre photocopiée de ses pseudos-excuses, nous sont parvenue chez nous.
Ce qui implique qu'il sait ou nous habitons.
Il faut faire des phrases courtes, ne pas s'emmêler les pinceaux. Rester calme.
Si on a envie de pleurer par contre, ne pas se gêner.
Mais rester digne.Et surtout ne pas se laisser déstabiliser.
Finalement, la juge vous demandera ce que vous voulez, n'hésitez pas à demander le maximum. Qu'il paie!!
Et la surement, il tentera de démontrer qu'avec son petit salaire, lalali lalala, il ne peut pas.
Mais ce n'est pas votre problème.
N'hésitez pas non plus, si vous avez droit à des indemnités, à les réclamer.
En outre, en tant que victime vous avez aussi le droit de vous faire accompagner, prenez le ce droit!
Surtout ne pas se fier aux sourires de la juge envers l'accusé. Elle fait son travail et elle le fait bien.
Elle à écouté chacune de nos phrases et les a utilisées ensuite pour justifier son verdict.
C'est pour cela qu'il faut tout dire. Votre angoisse, vos souffrances, vos peurs, vos besoins. Tout.
Pas forcement besoin de revnir sur ce qu'il vous as fait, la juge le sait et c'est a seule personne que vous devez prendre en considération, avec le charmant greffier puisqu'i se charge de tout retranscrire.
Et ne pas hésiter à corriger ses fautes, si il en a fait, au moment de la relecture.
En fait, c'est ce qui est épuisant, rester bien concentré toute une journée, mais le résultat en vaut la peine.
Se lever pour serrer la main à vos témoins et les remercier quand ils ont fini.
La juge va analyser chacun de vos comportements.
Ne vous maquillez pas, ne vous déguisez pas.
Allez-y telle que vous êtes. Vraie.
Regardez la juge bien droit dans les yeux et dites ce que vous avez à dire, écoutez bien ses questions et répondez-y franchement, sans vous égarer.
Ne chercher pas à avoir son assentiment.
Exemple : le comportement de la police vous a choquée.
Ne dites pas :
- vous trouvez normal qu'un flic me traite comme ça?
Non.
Affirmez plutôt :
- le comportement de la police m'a choquée. point.
Affirmez, c'est ça, affirmez. et la juge est assez grande pour se faire son idée. C'est son boulot et elle le fait bien.
Ne chuchotez pas des choses avec la personne qui est à vos côtés, ça aussi l'ennerverait.
Rester concentrée. Ferme. Si vous êtes obligée de prendre des médicaments, ce n'est pas mon cas, mais admettons :
N'ayez pas honte.
Si l'accusé essaie de vous traiter de quoi que ce soit, n'y prêtez pas attention, ce n'est pas vous qui êtes jugée. C'est lui.
Voilà, j'espère que ces quelques conseils pourront aider d'autres personnes.
Le soir, en rentrant, j'étais crevée.
Je dois dire aussi que les marques de soutien que j'ai reçu, m'ont beaucoup fait du bien.
Et je me suis rendu compte que d'autres personnes avaient vécu la même chose.
Dont une qui à son procès lundi.
Si elle peut écrire ce qu'elle ressent, je confirme que c'est utile, que ça fait du bien.
Ce matin , je me suis douchée, et promenée nue dans l'appartement pour aller rechercher les vêtements que j'avais laissé dans ma chambre.
Je n'avais pas peur que quelqu'un surgisse.
Et puis même, je suis chez moi, je n'ai pas à m'y sentir mal!
C'est terminé tout ça, rien n'est effacé, mais cela n'a plus d'emprise sur ma vie.
Symboliquement, tout les abus que j'ai subi ont été reconnu.
Ca ne m'arrivera plus.
Parce que je ne suis plus une victime et parce que je sais me défendre.
J'ai grandi.
Et maintenant, j'ai envie d'aider mes soeurs, mes frères, qui ont vécu la même chose, si je le peux.
Il n'y a pas de petite ou de grande agression. Que cela soie du harcèlement verbal ou du viol, il faut porter plainte.
Et ensuite, c'est juste, il faut tourner la page. Mais avant pour que tout ceci serve encore plus, transmettre son expérience,
pour que la nouvelle se répande, pour que cela devienne une habitude : nos corps nous appartiennent et quiconque se permet d'y toucher sans notre consentement, en subira les conséquences.
Demain, j'espère que je verrai Michèle, j'espère que je pourrai lui transmettre une part de ma force nouvelle et que ça l'aidera. Après, ce sera son tour.
Il n'est que deux heures.
A la télé, les bébés naissent..sur mon épaule, ma petite ratte se promène.
Le chat dort...
Je vais faire comme lui

Quand on est victime, il est souvent difficile de se faire comprendre, on se sent souvent très seule.

Pendant longtemps ç'était mon cas.

Plus aujourd'hui.

Alors comment ça se fait?

Peut-être parce que j'ai cherché de l'aide à la bonne place?

Parce que je me suis interessé aux autres.

Mais avant d'en arriver là, j'ai eu l'impression pendant si longtemps que les injustices de ma vie ne seraient jamais réparées.

Maintenant je sais que non.

Logiquement on devrais se dire, que si des abus aussi graves que ceux que j'ai subi à 4 et 12 ans n'ont pas été réparés, ça ne vaut pas la peine de perdre mon énergie pour quelques attouchements.

Eh bien si, ça vaut la peine. En reconnaissant la gravité de ces gestes, la justice à symboliquement donné une valeur a ceux du passé.

Je n'ai même pas eu besoin d'en parler vraiment.

Juste une phrase pour dire que ça m'étais déjà arrivé et que je reconnaissait un abuseur quand j'en voyais un.

Le stade suivant sera de pardonner, mais je ne suis pas encore prête pour ça.

J'ai dit que j'allais me coucher?

Eh bien j'y vais, demain est un autre jour!

Et j'espère qu'il fera beau et que ma sister aura la force de prendre le train pour venir me voir.

02:38 Publié dans histoire vraie | Tags : victoire, procès, coupable, victime, accusé, d | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/1030151

Commentaires

te voilà forte et grandie

Écrit par : clara | 24/09/2011

oui!! j'essaie..malheureusement, mon amie, n'a pu venir ..elle à du aller d'urgence à l'hopital.. et du coup je ne sais pas si elle pourra assurer lors de son procès. J'aurais tellement voulu...

Écrit par : cat | 24/09/2011

Écrire un commentaire