Bien à Bienne : Si jamais...

Si jamais...

17/06/2010 | Si jamais...

si jamais..
..".Si jamais". C'est le nom de la manifestation auquelle je vais participer. Modestement (si, si, je peux être modeste) mais avec une bonne partie de mon coeur et mon esprit.
J'ai reçu "commande" de trois contes. Le premier est sur le thème de la pauvreté. Je ne sais pas encore s'il sera accepté puisque je les soumets auparavent aux yeux attentifs des responsables. C'est quand même quelque chose de publique et c'est la première fois que j'écris pour des raisons aussi particulières. Je trouve ça très excitant, enthousiasmant et aussi, j'ai conscience d'avoir une certaine responsabilité. Donc, je me suis appliquée et j'espère que ça leur plaira.
D'autant que le thème me touche de près. Je sais ce que c'est, la pauvreté. J'ai eu faim...L'exclusion aussi, je connait. J'ai pas aimé.
J'ai du me battre pendant des années pour faire reconnaitre quelque chose dont je n'était pas coupable et dont les conséquences auraient été dramatiques, si on avait donné raison à ceux qui m'accusaient à tort. Heureusement, j'ai eu gain de cause. Enfin, si on veut... Quelques soient leurs motivations, mes délateurs n'ont jamais été inquiété pour avoir détruit une partie de ma vie et par conséquence pourri celle de mes enfants. On me rabâchait sans cesse : regardez devant vous, occupez-vous de vos enfants..je ne faisait que ça.
J'étais et je reste estomaquée par la facilité existante de remettre en cause la bonne foi de quelqu'un qui ne se trouve pas en position de se défendre. Et que même quand on découvre après des années de tracasseries diverses, que je n'ai rien à me reprocher, nul pardon, nul dédommagement ne viendra adoucir ma peine.
J'ajoute que pendant que je dépensait toute mon energie à tenter de me faire entendre, il ne m'en restait pas beaucoup pour faire autre chose. Je ne suis par exemple jamais parti en vacances avec mes deux enfants.
Heureusement, la bande de fées malignes qui se sont penchées sur mon berceau m'ont gratifié d'une chance récurrente qui intervenait et intervient encore dans les moments les plus critiques.
Telle Gurduline, l'héroïne de mon conte, la petite gourde naïve que j'étais s'est fortifiée peu à peu. Jusqu'à devenir un peu plus adulte, jusqu'à comprendre les mécanismes tortueux qui socialise ou désocialise une personne, pourquoi c'est si difficile de se faire justice, l'importance des alliés et comment on s'en fait.
J'ai décodé et analysé "l'ennemi" qui se trouvait à la fois devant moi et en moi aussi.
Quand j'entends quelqu'un qui se trouve dans les mêmes difficultés que j'ai affronté, je remarque comme sans le vouloir il ou elle s'enfonce jusqu'à perdre toute crédibilité parce que la souffrance ne rends pas seulement aveugle et sourd, souvent, elle rends aussi stupide.
Il est si facile de réfléchir logiquement quand tout va bien, ou quand on est pas dépassé par ce qui nous arrive. Certains sont doté d'un fort caractère, d'autres ont des relations, ou se sont organisé pour supporter leur existence en compensant autrement afin de supporter l'insupportable. Ceux-ci s'en tirent, provisoirement, et se croie à l'abri, se permettent carrément de fustiger ceux qui n'ont pas su  adopter leur mode de défense. Mais ceux-ci n'ont pas franchi la frontière fatale. S'il l'avait fait, ils sauraient.
Cette barrière invisible dont je parle et qui sépare ceux qui s'en sortent bien de ceux qui n'y parviennent pas ou plus n'a pas de nom, elle différe suivant les gens. En gros, je dirais qu'elle atteint dans ce qu'on à de plus fragile. Qu'elle parvient jusqu'au tréfonds du coeur, de l'âme et du corps à la fois. Qu'elle dérègle tout. Et qu'elle est indétectable car nous sommes tous différents et ce qui fait mal à l'un sera totalement supportable par l'autre. C'est la Source de l'Incompréhension. Source qui amène ce genre de réflexions: "Mais comment peut-on en arriver là" suivi généralement d'un "moi je..".
On en arrive à l'idée générale de l'exposition nommée "si jamais" en français et "im fall" en allemand. Si jamais ça t'arrivait.. si toi aussi tu te retrouvais dans une m.. boue  profonde avec des souffrances intolérables, si jamais... toi aussi serait dans une situation compliquée, voir incompréhensible ou au contraire terriblement logique mais qu'on te donne le mauvais rôle. Si jamais..tu te retrouvais dans ton pire cauchemars?
Quand on rencontre quelqu'un, on lui demande "ça va?" et on attends pas d'autre réponse que "bien et toi". Alors, vous me direz que non, que vous avez écouté ceux qui vont mal.D'accord. Mais lorsque vous êtes celui qui ne va pas, que le désespoir vous transfigure et vous paralyse, ce petit "ça va" prends un autre sens. Pour ne pas en rajouter, pour ne pas passer pour un casse-pied-étalant-sa-misère, alors on fait semblant.. on évite avant que ce ne soie les autres qui vous évite. Nous avons tous nos limites vis-à-vis de la souffrance humaine, et lorsqu'elles sont atteintes, deux options principales se dessinent : L'aide ou l'exclusion.
Ca me rapelle "La Plage", un super-film avec Léonardo di Caprio, Guillaume Canet et Virginie Ledoyen.
Une communauté idéale vit sur une île idéale (plus ou moins). A condition que personne ne découvre cet endroit, d'où de grandes précautions. Et lorsque deux memebres sympathiques pourtant du groupe se font attaquer par des requins (il me semble), leurs blessure sont si grave que l'un meurt et qu'on n'arrive pas à soigner le second.
Au bout d'un moment ses souffrances deviennent intolérables, ses cris déchirants gênent le groupe, les empêche d'être heureux en paix. Alors, ils le déplace pour ne plus l'entendre dans une cabane loin du village. Une grande fête est organisée, avec de la musique et tout le monde s'éclate alors que la victime agonise.
Mais il y a une justice ...et le groupe finira par périr.
Est-ce que je suis idéaliste? Je n'en veux pas à ceux qui ne comprennent pas. J'ai des difficultés à supporter qu'on m'insulte ou qu'on me reproche de "profiter " de l'aide sociale" mais je saiisit tou-à-fait les interrogations que l'on peut se poser devant mon besoin récurrent de me mettre en péril pour aider mon prochain.
Ce que je fait jusqu'à un certain point. Si le péril n'est "que" matériel, ç'est plus ou moins vivable, il ne faudrait en tout cas pas que cela soie destructif moralement.
Dans mon système de valeur, je tiens à moi et à mes enfants plus que tout. Et encore une fois, je me mets en premier parce que si je vais mal je ne vois pas comment je pourrais aider mes enfants.
Ce qui me donne cette assurance, c'est qu'ils ont grandi. Que ce sont des ados aimant et respectueux qui ont su éviter les écueils propre à leur âge. Ce sont eux qui me demandent d'aider les autres.
Mais attention, je ne suis de loin pas Ste-Catherine, si je le fait ça n'est pas seulement parce que moi aussi j'ai eut besoin d'aide. Je le fait parce que j'y trouve mon avantage.
Quand je regarde en arrière, je me dis que j'ai eut de la chance d'avoir tant d'épreuves à traverser, que sans elles, je serais encore la petite Gurduline: naïve et faible.
Si jamais... ça peut arriver à tout le monde, la maladie, les accidents, les ruptures, Avec la tendances naturelle du malheur à aimer la companie.
Je pourrais écrire toute la nuit sur ce sujet. Me viens à l'esprit que le pire danger du malheur est d'en prendre l'habitude. D'en faire un ami fidèle que l'on ne peut plus quitter.
Car, c'est ce qui se produit, à force. Au point que le bonheur fait peur. Au point que rire joyeusement semble ridicule. Au point de ressentir désagréablement, avec des frissons de dégouts la moindre pointe de joie qui surviendrait.
Comme je vous dis, c'est du vécu, certain se reconnaitrons, ceux qui ont traversé cette jungle de la Peur ou les arbres s'appellent " douleurs" ou le chemin se nomme "souffrance" et les animaux "danger". Tout cela sous des nuages de peur de haine et de rancœurs...
Purée! c'est pas la gaité qui m'étouffe aujourdhui..mais attendez, c'est pas fini. La conclusion se nomme Pardon.(je suis la Rosette Poletti-amateur du Blog)
Lorsque l'on arrive à ce point crucial ou ça n'est plus possible, ou l'on n'a pas le courage d'abréger ses souffrances par un moyen radical (et c'est tant miieux), vient le temps de pardonner. Quand on expérimente les avantages du pardon, on commence à s'alléger par la même occasion. Et ça, c'est cool.
Bon, c'est un processus long, la voie du pardon. Mais que c'est BON!!! Et commencer par soi-même, c'est ce que j'ai fait...tenter de se rendre un peu plus aimable, plus vrai, arrêter les mensonges (oulala très dangereux les mensonges, à force on y croit!) et reprendre gout à la vie. Parce que être malheureux, ce n'est pas vivre c'est survivre.
Alors, pourquoi je vous raconte tout ça? C'est pas très glamour..ni rigolo..et puis, la pauvreté... l'exclusion..bon..ç'est un truc qui n'arrive qu'aux autres..Ben non, ç  touche tout le monde, à un moment ou a un autre de sa vie, c'est possible. Si on s'y intéresse de plus près, avec compassion, discretion et justesse..un petit geste pour rendre heureux, pas de morale surtout pas de morale! Quand on a la tête sous l'eau, les bonnes paroles...on ne les entends pas. Et chacun à droit à son moyen pour y arriver. La brave mémé qui ne veut pas donner son petit sou au méchant drogué qui va l'utiliser à mauvais escient, ne supporterait certainement qu'on lui enlève le sucre de son cappucino...  Mais on ne peut pas comparer n'est-ce-pas ?
Vous savez que je vous aime. Je vous dit ce que je pense. Ca n'engage que moi.

P.S. On à Gagnéééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééé!






03:09 Publié dans reflexions | Tags : malheur, bonheur, pardon, souffrance, bienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

quel témoignage lucide et poignant; merci

Écrit par : clara1 | 17/06/2010

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