11/06/2012 | Ouvrez la cage aux oiseaux

Je ne sais plus à quelle heure j'ai commencé, mais , il m'a fallu certainement plus de trois heures pour aboutir à un résultat qui me conviennent sur une seule photo.
Je suis une auto-didacte.
Une vraie.
Cette conversation que j'ai eu avec ma cousine Florence, hier, m'a fait prendre conscience qu'il suffit d'un micro-réglage pour changer totalement la signification d'une photo.
Les photos que je veux faire doivent avoir une signification, provoquer une émotion.
Celle-ci veut dire : je change ma vie.
J'ai ce pouvoir dans mes mains.
Je l'aime beaucoup cette photo.
A la base, je voulais seulement faire admirer au peuple, ma magnifique chute de rein.
En la réglant, quelque chose d'autre est apparu.
D’où l'importance pour moi du traitement par ordinateur.
Je bidouille, je cherche, changeant et rechangeant les paramètres pour trouver exactement le résultat qui me plaira.
Je suis fière de moi.
Aujourd'hui, je me suis senti tellement bien.
Je poussait ma poussette dans les rues en chantant.
En même temps, une part de moi est triste.
Parce que mon amie, la plus importante que j'ai ici à Bienne, ne va pas bien
Mon Dieu, je l'aime tellement.
Maintenant que je la vois démunie devant moi, elle d'habitude si forte, je réalise comme je la connait bien.
Je savais ce qu'il y avait sous sa dureté.
Mais maintenant que je le vois, je la préférait avant.
Je me sens si démunie.
Je ne sais plus quoi lui dire pour l'aider.
Je dois rester forte, à mon tour, maintenant qu'elle ne l'est plus.
J'essaie de lui transmettre mon énergie, mais elle n'est pas capable de la recevoir.
Comme si elle s'en jugeait indigne.
Et là, tout devient une question d'équilibre.
Mais c'est terrible que la personne qui vous soutient, de toute son âme lorsque vous en avez besoin ne s'en souviennent plus.
Et que les médicaments (oh, comme je déteste les médicaments) fassent d'elle cette petite fille perdue.
Que je ne reconnait plus.
Et pourtant.. même maintenant, elle me donne de la force.
Je dois continuer de lui montrer le chemin.
Lui dire, que oui, c'est possible.
Qu'elle pourra être heureuse comme elle ne l'a jamais été auparavent lorsqu'elle sera enfin débarassée de son dragon interne.
Saleté de dragon qui vous bouffe boyaux et trippes et ne s'arrête que quand vous n'en pouvez plus.
Quand il pense vous avoir vaincu.
Mais c'est là qu'il se trompe.
Sa victoire est une défaite.Parcque que, lorsqu'il a achevé son sale boulot, il n'a plus rien pour se nourrir.
Alors, il crève, de sa belle mort.
Et les graines de l'espoir qu'il à dédaigné peuvent enfin germer.
Je regarde Beth Ditto, la chateuse de Gossip.
Fini les cris de révolte.
Elle chante , apaisée, mais  plus puissante que jamais.
Elle vocalise superbement, elle à toujours ses petites fêlures, on les entends mieux, mais elle  parle d'amour et d'espoir.
Les puristes qui souvent n'y comprennent rien ,la trouverons commerciale.
Réclamerons le retour immédiat des cris et des guitares saturées.
Mais , elle aussi à le droit d'évoluer.
Les gens n'aiment pas nous voir changer.
Ca les déstabilise.
Parfois, il faut aller très mal, pour aller mieux.
Il faut en passer par là.
C'est une chose de le savoir, c'en est une autre de le vivre.
Ma pauvre copine souffre et n'a plus le gout de vivre.
Qu'est.ce qui la ronge comme ça?
C'est en elle.
C'est froid comme la mort.
Mon Dieu si je savais.. mais elle ne semble plus savoir que Tu existe.
Que Tu a aussi de bonnes surprises pour nous.
Elle est angoissée.
Comme si elle sentait qu'une catastrophe allait arriver.
Quand elle se laisse aller, elle devient très belle.
Fatiguée de vivre, fatiguée d'avoir peur.
Mais ça ne dure pas.
La peur d'avoir peur la reprends.
Je suis impuissante.
Elle me regarde, mais elle ne me vois plus.
Ses yeux cherchent et ne trouve pas cette raison de vivre qui la sauverait.
Elle regarde  partout sauf à la bonne place.
Cest si simple.
Trop simple pour une si grande douleur.
Il suffirait.. qu'elle puise en elle.
Nous avons toujours tout ce qu'il nous faut en nous.
Mais comment faire pour redonner à quelqu'un quelque chose qu'il n'a pas conscience d'avoir eu.
J'essaie , mais elle dit :
-Non, ce n'est pas à moi.
Elle est perdue et moi, psy de pacotille, je lui débite mes gros clichés.
Il fait t'aimer, te pardonner, te donner le droit, les droits.
Droit d'avoir mal.
Droit de tomber.
Comment pourra-t-elle se relever si elle ne tombe pas?
Et là, ma Clara me dirait :
-Prends garde qu'elle ne t'entraine dans sa chute
Elle à raison Clara.
Je fais attention.
Je l'ai serré dans mes bras.
Et c'est comme si j’étreignais une cage à oiseau.
Je l'ai même vu, ce petit piaf enfermé à l'intérieur.
Dans un éclair, j'ai su.
Quelque chose de bien doit se passer.
Un petit miracle, qu'elle doit voir.
Un signe fort qui sera le premier échelon.
de l'échelle qui se trouve au fonds des gouffres.
Et moi? Moi je deviens enfin celle que je voulais être, une femme.
Une vraie, avec ses cheveux à elle, de sa couleur naturelle.
Et qui n'a pas besoin de se maquiller.
J'aime me maquiller! Mais je n'en ai plus besoin.
L'huile d'argan suffit à ma peau.
Pourquoi se ruiner dans des crèmes qui ne contiennent que si peu de principe actif, quand on peut l'avoir pur?
C'est sur cette phrase que je vous laisse.
Si tu me lis, Florence ma cousine, je voudrais te dire comme tu m'a influencée, étant plus jeune.
Nos routes ne se ressemblent pas, mais tu faisais et tu fais encore ce qui te plait de faire.
Avec le droit à l'erreur.
Je t'admire beaucoup, je suis fière d'être ta cousine, et maintenant tout le monde le sait.

04:44 Publié dans histoire vraie | Tags : photo, réglage, changer | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |