Bien à Bienne : Ma soeur et moi

Ma soeur et moi

15/06/2010 | Ma soeur et moi

Je suis hyper-fière de ma soeur, et encore plus que d'habitude aujourdhui car.. tada...roulement de tambour..elle est devenue Championne de Savoie de Badminton dans sa catégorie.
Alors là, chapeau! Je m'incline. J'étais déjà fier qu'elle se soit remis à faire du sport après la naissance de ses deux enfants. Il faut préciser, qu'à part pour jouer entre enfants, le badminton c'était un choix nouveau. Et, match après match, elle se hisse de plus en plus haut, à force d'entrainement et de prières à St Roger Federer.

Ma soeur est une bosseuse. Quoi qu'elle fasse, elle le fait bien. Elle se donne à 100 pour 100.

En amitié aussi, elle est comme ça.

En tant que soeur, nous avons eut un parcours chaotique, émaillé d'incompréhension mutuelle, mais quelque chose de plus fort que tout nous uni à travers les liens du sang.
Quand nous étions petites, je me souviens (on en revient encore au thème des jours précédents) de nos petits anoraks bleus, un peu trop petits et que l'on portait encore le printemps venu. Les moqueries des autres enfants, et le sentiment confusément douloureux que j'ai ressenti ce jour là.

En ce temps , les enfants jouaient dehors, il n'y avait pas de programme télé l'après-midi ni jeux vidéo.
De grandes bandes de gamins se partageaient la rue. Ceux des blocs étaient les plus dangereux. Ils n'hésitaient pas à coincer les plus petits , à leur voler leurs affaires, voir à les détruire sadiquement devant eux.
Je me souviens encore d'un carton contenant des petites pièces de bois colorées à assembler, cadeau de mon parrain. De ma joie devant ce présent et je me réjouissait d'arriver chez moi pour y jouer.
Quand jaillit un garçon en vélomoteur, qui me frôla, m'arracha le paquet  qu'il jeta à terre quelques mètres plus loin.
Ma soeur et moi étions démunies, impuissante devant la grossièreté de ces gamins .
Nous étions trop "bien élevée" pour comprendre leurs insultes.
Nous n'avions pas appris à nous défendre.
Nous avions l'habitude des enfants de notre maison dont les parents étaient amis des nôtres.

Ma mère me répétait qu'il fallait aimer tout le monde et que les gens n'était pas méchants. Je voyais bien que si, je bouillais intérieurement.
Mais surtout, je ne supportais pas qu'on s'attaque à ma petite soeur. Rien que d'y penser, les sentiments me reviennent et les souvenirs aussi.
Un groupe d'enfant qui vole les chaussures de ma soeur et les jette dans la boue. Je pleure. Les enfants se moquent de moi. J'essaie de récupérer les souliers et je m'enfonce dans la boue du chantier. Nous rentrons à la maison, toutes sales mais j'ai récupérés les chaussures.

Alors, nous avons compris qu'ensemble nous serions plus fortes. Et nous nous sommes défendue, l'une et l'autre. Cela ne nous empêchait pas de nous battre comme des chiffonières! Mais face aux autres, nous redevenions unies.

Puis, nous avons déménagé de ce quartier pour arriver dans un autre, ou les enfants s'entendaient bien. Et là, mes souvenirs sont faits de grandes parties de cache-cache et de "balle brulée". Ces jeux simples qui nous occupaient des heures.

Le Samedi nous allions aux scouts, puis aux "cadets". Ces associations pour la jeunesse proposaient des camps de vacances, dans les franches-montagnes et dans le Jura. Camp de Paques, camp de l'Ascension.. on se réjouissait des semaines, voir des mois à l'avance.On y passait du si bon temps que le soir, pour s'endormir dans notre chambre commune, je racontais à ma soeur des "histoires de camp".

Les vacances d'été, l'autoroute du Soleil, le camping de la Plage à St-Tropez avec nos parents...la Mer...le voyage tassées entre les sacs de couchage et la glacière.... instants gravés dans mon coeur et fixé sur la pellicule super-8 de la caméra paternelle. Mises bout à bout, ces précieuses perles de mon enfance font un collier dont l'éclat éclipsa les mauvais instants précédents.

Ma soeur avec ses cheveux si blonds et son sourire coquin ne tenait pas en place. Elle détalait comme un lapin, n'avait peur de rien. Le dernier jour des vacances à la mer, on prenait notre dernier bain avant de partir pendant que nos parents chargeaient la voiture. Tout à coup elle me dit:
- J'en ai marre de ces machins. Et elle enleva ses brassières  pour les jeter au loin. Et elle nagea pour la première fois. Comme ça.
Époustouflée je la regardais, la bouche ouverte muette d'admiration.
Je pensait: si elle peut, alors je peux aussi. Je l'ai imité et moi aussi j'ai nagé pour la première fois.

Voilà, si je ne devais retenir qu'une scène pour définir notre relation, je garderais celle-là.

Et ce soir, j'ai appris ses exploits de ce week-end.
Tandis que je suis mon chemin dans l'écriture, elle avance dans sa vie de sportive et professionelle.
Du coup! je vais me remettre au sport!

Mais ce qui est le plus beau dans notre histoire c'est que nous n'avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre, être sur la même longueur d'onde, en synchronicité.
Il y a des zones d'ombres dans notre histoire. Mais la lumière s'est rallumée.

Je suis fière de ma soeur. Elle me manque, elle habite loin alors que nous n'avons jamais été aussi proche. Personne ne me connait ni ne me comprends aussi bien qu'elle.
Elle est forte, intelligente, courageuse, elle s'assume et se remet en question, elle a tout pour aller loin . Je l'adore et pour rien au monde je ne l'échangerais. (même pas contre deux paquets de BonuX). Elle seule peut me faire rire ou pleurer avec une seule phrase. Elle est le témoin de mon existence. Elle SAIT.
Ma fille lui ressemble. parfois, je l'apelle "soeur" lapsus révélateur.
Voilà, je voulais lui rendre hommage.
Et la photo d'aujourdui nous représente, je me souviens de tout ce qui c'est passé ce jour là.
Avoir une soeur, c'est avoir une mémoire.
Gros bisous plein d'Amour sorale.



02:49 Publié dans reflexions | Tags : soeur, enfance, bienne, vacances, mer, enfants | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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........le temps de sècher mes larmes et je reviens.......voilà...moi non plus je t'échangerais pas contre deux paquets bonux et ses cadeaux....notre enfance ,quand j'y repense ,c'était l'enfance rêvée, deux parents et nous deux toujours sur les routes avec eux, je suis tellement heureuse d'avoir vécu l'avant internet, natel et cie, on a profité de la vie, des petits rien, toujours dehors, les 4 semaines passées en camping, même avec les inondations,tous les 4 renault 16 avec le cul qui touchait presque parterre tellement on était chargé sont de super souvenirs.
Pour ta boite de morceau de bois de couleur, je me souviens que papa les avait coursé en voiture.
Pour les brassières j'ai pas le même souvenir, "les parents faisaient les bagages,on avait qu'une paire de brassière pour les deux et bien sûr c'est toi qu'il les avait,alors je suis partie dans mon coin et je me suis lancée....deux minutes après c'était toi" les chaussures je m'en souviens, t'as été héroïque ce jour là.
Tu sais depuis que je suis ici j'ai "grandit", plus de soeur derrière moi pour me dire quoi faire, suis devenue "maman" et je suis sûre que c'est cette distance qui nous a rapprocher....paradoxe quand tu nous tien.....Cette relation que nous avons établie j'y tien beaucoup, la famille c'est sacré, dommage que notre notre frère ne l'a pas comprit, tampis pour lui.
Merci encore pour cet hommage, on se voit tout bientôt....bisous je t'aime ma SOEUR

Écrit par : vero | 15/06/2010

un beau message d'amour à ta soeur ; vous avez de la chance de vous avoir l'une l'autre c'est si rare

Écrit par : clara1 | 15/06/2010

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