Bien à Bienne : Lettre à ma Jeunesse

Lettre à ma Jeunesse

11/03/2012 | Lettre à ma Jeunesse

Lettre à ma Jeunesse.
Ce soir, je pense
à toi, ma Jeunesse.
Tu ne me manques pas.
Je ne vais pas commencer à t'idéaliser pour te faire plaisir.
Tu étais pénible, compliquée, difficile.
Je ne comprenais rien à rien.
Rien à la Vie.
Rien aux hommes.
Rien aux autres femmes.
Je n'avais aucune idée de ce qu'il fallait faire ou pas.
Pour te vivre à fond, je t'ai vécu à fond.
Quitte à me carboniser les ailes à coup de mégots.
Quitte à me perdre dans des bras qui ne me serraient jamais aussi fort que je l'aurais voulu.
Quitte à m'aventurer dans des lieux, dans des histoires, qui n'étaient ni minens ni miennes.
Ni bien, mais à Bienne.
Bienne que j'ai détesté pour ça.
Mais une ville n'est responsable de rien.
Le dragon qui me poursuivait vivait à l'intérieur de moi.
Quand j'ai cessé de le nourrir, il est mort, naturellement.
Et je ne vais quand même pas le pleurer, sous prétexte qu'il n'est plus.
Je n'avais plus qu'à me débarrasser de son cadavre, en le balançant par-dessus la rambarde d'un pont.
En faisant bien attention de ne pas assommer un canard au passage.
Ensuite, une fois mes mains libérées de cet encombrant fardeau, je pouvais tenir mes cartes.
A ce jeux là, toutes les mauvaises donnes  m’avaient été distribuées.
Alors, logiquement, reste les bonnes.
Je les méritent.
A mon tour maintenant de me réjouir de mes réussites.
Ma jeunesse, tu es passée, et c'est tant mieux. Il était temps que je te dépasse.
Que je me débarrasse de tout ce romantisme littéraire qui m'a tant abusé-
On est pas sérieux, quand on à 17 ans?
On est souvent surtout très stupide.
On est persuadé de tout savoir
On est certain d'avoir tout compris..tout en se sentant incompris.
Comme si personne avant nous  n'avait ressenti la même chose.
A 17 ans, la vie est encore remplie de premières fois, ça c'est plutôt beau, heureusement.
Dans ces journées qui nous semblent toutes pareilles et cette inaction qui fatigue tellement nos corps adolescents.
Plus pour longtemps.
Arrive les 18 ans fatidiques. Et rien ne change, à part le droit légal de faire, ce qu'on faisait déjà.
Alors, oui, je me souvient de vacances, de fous-rires, d'instants de bonheur total.
Mais faut-il pour autant effacer tout ce qui se trouvait autour?
Le mal de vivre.L'avenir comme une promesse non-tenue au fond d'un interminable tunnel.
Je me souviens du petit groupe qu'on étais et du jour ou nous avons pris conscience que nos routes s'étaient déjà séparées et que c'était fini.
Et la pression. Une pression insoutenable des parents, des autres qu'on connaissait ou pas.
Travaille!! Etudie!!Fais quelque chose de ta vie.
Mais comment? quand on est à peine capable de savoir ce qu'on aime pas.
Quand on est si peu habitué à être écouté que les questions nous dérangent.
Quand certains mots sont des ennemis qu'on préfère éviter..
"Problèmes", "ados", "adulte"..surtout, ne pas nous définir!
De peur de rester enfermé dans des boîtes, des cases trop étroites, de se retrouver formaté.
La peur, l'angoisse, la déprime..amies trop fidèles qui nous soudent à la rue.
Même Robinson n'y croit plus et laisse sa cabane à l abandon
Ceux qui partent on de la chance, à condition de ne jamais revenir.
Alors, j'ai voulu fuir aussi.
Mais j'oubliais que je n'irais nulle part sans me prendre avec.
Mon histoire, mes histoires greffées sur ma cervelle hyper-active.
A force, les coups, les secousses , les baffes et les chutes m'ont poli comme un galet dans une rivière.
A présent, je suis bien plus légère.
Sans nostalgie pour m'encombrer.    
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Un renard peut.être?
Comme pour lui répondre, un sifflement, jaillit sous le regard mystérieux.
Rose se figea.
L'animal, si c'en était un, était si proche qu'elle pouvait en distinguer les pupilles.
Noires.
Mais pas rondes.
Ca ne pouvais pas être un chat, il n'y avait plus de chat.
Une marmotte? Qu'est ce qu'une marmotte ferait là?
L'écartement des yeux, leurs grandeurs..
Elle était sure d'une seule chose, "ca " la regardait, elle.
Sans bouger.
Alors, elle pris la décision d'avancer.
Quel que soit la bête en face, elle devait lui faire savoir qu'elle ne la craignait pas.
Ce fut si rapide que Rose n'eut pas la possibilité d'identifier l'animal :
le regard s'éteint, comme si elle l'avait imaginé, pour se fondre dans la nuit.

06:11 Publié dans histoire vraie | Tags : lettre, jeunesse | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

tu as évolué ;
de ma jeunesse à maintenant , ça fait 40 ans bientôt que je marche main dans la main avec mon homme; donc pas de regret, je referais le même parcours, mais la sensation qu'une vie passe très vite, trop vite

Écrit par : clara | 12/03/2012

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