Bien à Bienne : L'Ombre et la Lumière (la fée du réverbère)

L'Ombre et la Lumière (la fée du réverbère)

21/03/2010 | L'Ombre et la Lumière (la fée du réverbère)

L'Ombre et la lumière

Le soir quand le soleil dispparait derrière la montagne d'Alfermée, voilà que d'intenses contrastes se dessinent.Le combat de l'Ombre et de la lumière.
C'est la première fois que j'habite au bord du lac. et cette intensité me frappe d'autant plus, que d'ici, on voit très bien le ciel,la silhouette aux yeux éclairés des maisons , les réverbères, taches de lumière supplémentaire..et la lune qui préside le tout. Loin ,bien loin de nous et de nos préoccupations.
J'en étais là dans ma méditation lorsque j'ai remarqué un homme qui marchait devant moi. Ses contours se découpaient dans le tunnel, celui qui est juste avant le lac.Les bras en croix. Instinctivement, je le pris en photo.
Il s'arrêta juste avant le passage pour piéton. En m'approchant, je vis qu'il pleurait.
Ca ne pleure pas un homme..ou alors, c'est qu'il est vraiment desesperé. Je me suis approchée, doucement pour ne pas le déranger.
C'était un très beau jeune homme.D'une vingtaine d'années avec une frange noire qui lui barrait le visage, ses yeux..ses yeux ressemblaient au lac en hiver, humide et noirs.
-Ma vie est finie, me dit-il.Je n'ai plus d'espoir.
-Tu es beaucoup trop jeune pour le savoir! Et l'espoir est une réserve infinie dans laquelle tu peux encore puiser. A condition de le vouloir...
Il me regarda comme si j'étais une extra-terrestre.
Je vis qu'il me jaugeait, et apparemment il me jugea digne de confiance puisqu'il me confia:
Je dois partir, il n'y a plus rien pour moi ici.
Mes pensées précédentes me revinrent en mémoire, le bleu profond de la nuit, la lumière.
Ce jeune homme me semblait parfaitement à sa place dans ce décor féérique. Comme un prince, un prince égaré, seul et malheureux mais un prince.S'il y a de la noblesse dans la beauté il méritait largement ce titre.
Souvent, ce qui nous semble évident ne l'es pas du tout pour les personnes concernées.
Il n'y a pas si longtemps, mon âme aussi était en danger, j'ai du lutter pour ne pas sombrer.
J'ai faillit me fâcher avec l'amie qui tentait de m'ouvrir les yeux. Mais une fois la vue recouvrée, j'ai su qu'elle ne voulait que me protéger.
Ou vas-tu comme ça? lui demandais-je.
Je veux tout quitter, cette ville, mon travail mais aussi, je ne veux plus respirer le même air que celui de ma dulcinée.
Ma dulcinée? pensais-je. quelle curieuse expression.
C'est là que l'étrangeté de ses vêtement m'apparut.
Une redingote cintrée en guise de veste, des bottes de cuir qui montait au-dessus du genoux, et une chemise blanche pour compléter. le tout.
De manière évidente, mon prince était encore plus égaré qu'on pouvait le croire.
Mais que pouvais-je y faire? J'ai tendance à penser que le hasard n'existe pas, étant placé sur ma route, je me devais d'agir..
Je décidai d'employer la méthode forte.
Quel bel égoïste tu fais! lui dis-je
La surprise fut-elle qu'il s'arrêta de pleurer.IL me dévisagea, la tête légèrement penchée sur le côté, l'air interrogatif.
Je continuais sur ma lancée:
-Regarde toi, tu es jeune, magnifique, un peu décalé mais splendide. Et parce qu'une fille n'as pas su t'aimer, tu va priver les autres du plaisir de te rencontrer?
-Je n'en veut pas d'autres! il se remit à sangloter.
Je repris de plus belle :
Mais qui es.tu? Ta vie est-elle si vaine qu'une seule personne pourrait y mettre un terme? N'as-tu pas une famille qui t'aime et qui serait détruite à son tour si tu disparaissait?
-Si, dit-il, j'ai mes parents et mon petit frère,des amis...mais, qu'importe...
Je ne le laissa pas continer:
-Comment ça, qu'importe? la tristesse aurait.elle le don de te rendre stupide?
-Ne vois-tu pas que ce que tu cherches, tu l'as déjà?N'as-t nul parents,ni frères et soeurs ni amis qui t'aiment?
-Si mais ils ne me comprennent, pas.
Ah la voilà, la phrase bien typique de la jeunesse incomprise.
Ses geignements commençait à m'énerver.
Ecoute -moi bien, lui dis-je.C'est vrai qu'une vie sans amour n'est rien, mais toi, tu n'en manques pas, d'amour,ton problème est ailleurs.."Elle" ne t'aime pas, la belle affaire, c'est son droit. Et quand je te vois, te lamentant de la sorte, je commence à la comprendre!
Ses sourcils se froncèrent..son amour-propre reprenait le dessus. Mon but était atteint.
-Tu es le seul à pouvoir t'apporter le bonheur que tu recherches. Tu as tout ce qu'il faut, simplement, tu ne le savait pas. Et lorsque tu auras vraiment compris cela, tu seras indestructible.Et à ce moment là, et pas avant tu sauras ce qu'est l'Amour le vrai.
Vous avez déjà remarqué comme il est souvent plus facile de se confier à un inconnu plutôt qu'à ceux qui nous sont proches?
Heureusement pour lui, ce soir là, l'obscurité et la clarté qui se dispute la nuit avait permis notre rencontre.
La fée des âmes isolées, celle qui se déguise en réverbère mais dont l'ombre est fait de lumière à placé dans ma bouche les paroles qu'il fallait.
D'ailleurs, on le voit sur la photo que j'avais prise juste avant, sans y faire attention, sa silhouette lumineuse resplendit sur le bitume.

03:27 Publié dans conte | Tags : conte, bienne, quai du bas, ombre, lumière, amour | Lien permanent | Commentaires (0) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/196848

Écrire un commentaire