Bien à Bienne : Elle est concentrée

01/05/2012 | Elle est concentrée

L'avis de la vie de l'avide de la vie
Deux jours sans écrire et j'ai le clavier qui me démange.
Sur mes genoux Savonette en manque d'affection me rappelle sa féline présence à coup de papattes légèrement griffues.
Ca ronronne sec.
Elle me regarde.
Je gratouille son épaisse fourrure de matoute sauvage.
J'admire la variété de couleurs de ses poils.
Tigré-roux-noir-aléatoir piqueté argenté ,bordé crème fouettée.
Avec les yeux cerclés d'un caramel si clair qui'il semble blanc et les deux traits acajoux qui en sortent vers l'extérieur.
Cette petite flamme qui lui partage le front.
J'avais pris soin, au début, de garder une certaine distance, en prévision de sa nature sauvage.
Mais Savonette se fiche totalement de son hérédité.
Elle à découvert les bienfaits du gratouillage humain, le confort relatif de mes genoux et maintenant qu'elle à eu sa dose,
elle s'y couche tranquillement, ce qui va me permettre, enfin, de me concentrer sur mon sujet : ma vie.
Je n'ai rien écrit pendant deux jours, parce qu'il s'est passé trop de choses pour que je puisse le faire.
Depuis que j'ai commencé mon tout premier journal c'est ainsi : plus j’écris et moins je vis; plus je vis et moins j'écris.
Je m'arrête un instant pour y repenser et les images flaschent dans ma tête.
Tout arrive toujours en même temps, vous avez remarqué?
C'est généralement là qu'il faut faire des choix.
Si je devais donner une image, je prendrais celle qu'une femme qui à plusieurs amants en même temps.
C'est une métaphore pour simplifier mon analyse :
les amants représentant les divers événements.
-Et la femme c'est toi.
Voilà, tu as tout compris.
D'habitude, la femme se débrouille, croit-elle pour espacer ses rendez-vous.
Afin de ne pas se mélanger les pinceaux, de ne pas se tromper dans les prénoms, d'éviter les conflits
et de dispatcher son énergie plus ou moins équitablement.
Elle à ses préférences, mais cloisonne soigneusement chaque relation...croit-elle aussi.
Elle en à qu'elle connait bien et d'autres moins.
Certains même sont des presque inconnu à la présence uniquement virtuelle.
Mais tout ça ne peut pas durer éternellement car :
on peut exercer un certain contrôle sur sa vie mais :
c'est beaucoup plus difficile sur celles des autres et :
carrément impossible sur les événements.
Voilà donc que soudain les rencontres, les faits et les effets et les affects s’entrechoquent.
Ils se heurtent tels des verres remplis de liquides divers qui se projettent les uns dans les autres, formant ainsi des cocktails nouveaux.
Et la femme, qui sait ce qu'elle veut ou pas se trouve confrontée à cette conjoncture imprévue.
Ils sont tous là, presque en même temps.
Ceux qui n'auraient jamais du se rencontrer.
Ce n'est pas tellement ce qu'ils pensent qui la préoccupe, mais comment gérer ce gros tas d'imprévus.
Elle connait très bien ce schéma ou tout vient ensemble, par contre.
C'est un schéma récurrent dans sa vie puisque dès qu'elle fut en âge 'avoir des amants, elle s'en choisi plusieurs.
Fatalement, au bout d'un certain temps, "ça" arrivait : deux mains géantes surgies du ciel, compressaient son
calendrier avec tout ses rendez-vous, pour qu'ils arrivent tous la même semaine.
Donc elle connaissait le principe.
Mais pas son contenu.
Quand au résultat..à chaque fois, elle en ressortait un peu brisée.
En cherchant à protéger tout le monde, elle s'offrit comme cible.
La fuite ne servait à rien d'autre que différer ou déplacer son schéma.
Le temps passait, les amants se remplaçaient et le schéma revenait.
A force, elle compris qu'il fallait changer. Mais quoi?
Le schéma, elle ,les autres ? elle essaya et vit qu'elle ne pouvait que se transformer.
Petit à petit, elle modifia son comportement, ce qui aggravait les choses la plupart du temps.
Parce qu'il ne suffit pas de se transformer un peu, ni même beaucoup pour arriver à rendre la situation acceptable.
Elle devait déjà vaincre ses propres dragons.
Des sales bêtes qui vivaient dans son intérieur se nourrissant d'elle-même et qui avaient pour nom :
"Prétention", "Précipitation"et "Distraction" étaient les plus gros, donc plus visibles.
Mais les petits "Vanité","Envie", "Auto-Tromperie" et ""tromperie-tout-court" étaient aussi les plus sournois.
Donc, si vous avez suivi jusqu'ici, félicitation déjà et résumé des faits précédents débarrassés de toute métaphore :
Pendants ces derniers jours, j'ai vécu tout un tas d'évênements forts en même temps.
Moi qui ai beaucoup de peine à me concentrer pour une simple conversation dès qu'il y a plus de deux personnes, me suis retrouvée
à devoir gérer ça à quatre et dans 4 langues différentes en même temps.
Dans mon cerveau ça buggait tellement que plus aucun son n'arrivait dans ma bouche.
J'arrivais encore à l'ouvrir, mais pas à me donner l'ordre adéquat pour qu'il en sorte un mot .
Multipliez ca type d’événements par d'autres tout autant inédits, parfois embarrassants voir pire, dans la même journée.
ainsi que les jours précédents.
Additionez le tout d'une fille à la santé fragile et d'une petite-fille a garder.
Assaisonez avec un fils adolescent qui .. non, adolescent ça veut déjà tout dire!
Un zest de mère qui oublie qu'elle à 80 ans et continue de faire du vélo,
Une boîte aux lettres qui refuse de se vider toute seule et de contenir autre chose que de la publicité.
Une vaisselle qui n 'est pas auto-nettoyante.
Vous aurez une petite idée de ma vie actuelle.
Ca n'est pas si grave, me direz-vous.
Effectivement, ça ne l'est pas pris séparément.
Mais ensemble ça devient préjudiciable pour ma santé physique et morale.
Heureusement que le corps humain a des réserves insoupçonnées.
Conclusion : j'ai mis 4 heures pour écrire ces quelques lignes.
Entre deux biberons, 2 couches et la fatigue qui s'accumule.
Mais j'ai réussi à comprendre que :
Rien ne sert d'anticiper trop.
Ni de chercher une perfection impossible.
J'accepte et je vis.
Je choisi au fur et à mesure.
Si je n'assume pas tant pis.
J'avance, petit à petit.
Parfois je recule aussi.
C'est le cha-cha-cha de ma vie.