19/10/2010 | Benjamin a 8 ans

8 ans déjà.. que ma soeur à accouché de son premier enfant.. Benjamin..un joli prénom pour un magnifique petit garçon.
J'avoue que, avant d'en avoir, je n'étais pas vraiment attirée par les bébés. Ca pleure et on sait pas pourquoi (les pauvres, ils sont plutôt limités pour nous exprimer ce qu'ils ressentent tant qu'ils ne savent pas parler)...
Ca à l'air fragile, alors qu'ils sont bien plus résistants qu'on ne le pense, mais surtout, ils sont entièrement à notre merci.Dépendant de nous , confiant à l'extrême. Est-ce qu'ils se demandent si on va les nourrir?Non, ils braillent un bon coup en attendant que ça vienne. Parce que ça ne peut pas être autrement, "j'ai faim, maman et papa vont me donner à manger". Ils ont confiance, ils nous sourient et là, c'est le monde entier qui s'illumine. Ils discutent des heures avec un truc invisible dans un coin du mur ou il n'y a absolument rien de perceptible... ils font caca et pipi dans leurs couches et là encore, ils hurlent un bon coup pour qu'on les change. Ils s'endorment dans nos bras, rottent quand on les secoue..et dépose un peu de vomis sur notre nouvelle chemise en soie sauvage. Mais on s'en fiche. Pour eux, on est prêt à tuer, à se jeter dans la bataille pour qu'il ne leurs arrive rien. On est relié, on y peut rien, c'est ainsi, c'est si fort, c'est douloureusement bon...Quiconque observe attentivement un bébé depuis sa naissance, ne peut qu'en être convaincu, l'être humain est une merveille d'amour et de confiance.
Puis, arrive le deuxième enfant. Et là, la merveille se sent menacée dans ses privilèges exclusif.
La petite fille délicate et rieuse se transforme en monstre d'égoïsme et de barbarie capable de projeter violemment la tête de son petit frère contre le mur, en espérant s'en débarrasser. La merveille découvre les affres de la concurrence. Elle n'est plus seule dans son monde idéal, il y a "l'autre". Celui qui est mignon à sa place, celui qui reçoit en premier les "gouzi-gouzi" familiaux, celui que tout le monde veut porter...et l'ex-unique à soudain l'impression que l'humanité entière se ligue contre lui
pour lui faire comprendre qu'il n'est plus le centre de l'univers. Et les pitoyables tentatives de son entourage pour tenter de lui faire "passer le cap* ne feront que le comforter de l'ignoble complot qui se trame contre lui afin de lui prendre sa pace.
Benjamin est passé par là, il connait, pour lui l'ennemi s'appelle Rémi. Un Rémi aux cheveux blonds et aux yeux bleus...Petit frère.. Mais qu'est-ce qui as bien pu passer dans l'esprit de mes parents, se dit-il? C'est bon, on l'a assez vu, on peut le rapporter à l'hôpital maintenant?
Pour ma fille, l'imposteur porte le doux prénom d'Achille. Je n'oublierai jamais son expression de dégout, ses maugréages solitaires "scregnegne d'Achille Talon"... j'y repense en souriant, maintenant, mais pour l'enfant, cette période de partage parental est un véritable cauchemars.
D'après le psy, et la logique, c'est bon signe : plus l'enfant premier est jaloux du segond, plus ça veut dire qu'il aime ses parents. D'ou l'équation "enfant qui vous pourri la vie  = amour absolu".
Moi aussi, j'étais jalouse de ma petite soeur? ben non. Moi j'appartenais à ma maman et ma maman m'appartenais, fait indiscutable. Ma soeur, elle,  était à mon papa et comme mon papa était une sorte d'entité distante dont j'ignorais le fonctionnement, il n'y avait aucune, mais alors aucune raison que j'en soie jalouse. Pauvre petite soeur, comment rivaliser avec un enfant qui avait été espéré pendant 12 ans? et né avec une particularité physique qui donnait envie de la protéger encore plus. Pas grand chose, un petit détail, mais voilà.. pauvre petite soeur, excuse-moi, je n'avais aucune idée  de ce que tu vivais.
La vie n'est pas si injuste que ça, parce quel que soit les cartes de départ, on en reçoit d'autres, et la petite soeur est devenue grande. Très grande, une femme, une vraie, une tatouée... avec une personalité inoxydable, un sens de l'amitié à l'épreuve des balles, un physique qui n'a pas besoin d'artifice pour être remarquable et un cerveau qui ne connait pas le repos. Un soeur dont je suis fière. Et qui est fière de moi aussi.
Conclusion, se sont les épreuves qui font de nous ce que nous sommes, et qui nous améliorent si nous acceptons de les traverser.
Et si on ne vois pas les souffrances des autres, c'est parce qu'on est trop absorbé par les nôtres.
Un jour viendra ou Benjamin saura qu'il n'a rien à envier à son petit frère, parce que lui aussi, il est très beau, parce qu'il va de l'avant, parce qu'il est intelligent et c'est certain, ses parents l'accompagnerons tout au long de sa vie, pour le soutenir, pour qu'il conserve à jamais cette confiance qu'il a eut si peur de perdre.
Voilà mon neveu chéri, un message personnel pour toi que tu pourras lire quand ta maman te le montrera :
J'ai fait cette peinture de toi , c'est un petit cadeau, en attendant qu'on aille ensemble en choisir un qui te plaira dans un magasin de jouet. Je me réjouie beaucoup beaucoup de te revoir !! Tu es mon neveux chéri, tu as une place particulière dans mon coeur, pour toujours. Je t'aime très très très très fort. Et je suis fière de toi. Parce que tu peux faire tout ce que tu veux dans ta vie, tout ce qui te plaira, pilote d'avion, docteur, pompier..  Mais profites bien de ton enfance, de tes parents et de ton petit frère. Chaque seconde est précieuse. Je te fais un énorme gros bisous. A bientôt, ta Tatoo qui t'aime.

23:10 Publié dans histoire vraie | Tags : benjamin, 8 ans, enfant | Lien permanent | Commentaires (3) | Trackbacks (0) |