Bien à Bienne : ViVa Italia!

ViVa Italia!

17/11/2011 | ViVa Italia!

Enfin, c'est pas trop tôt! Le Cavalier ne montera plus, il a sonné la petite cloche rituelle de la passation de pouvoir, et enfin, enfin je l'espère pour l'Italie, un gouvernement
capable va s'occuper du pays,
Qu'est-ce que je sais de l'Italie? Je sais l'histoire de Daniela.
Daniela vivait avec ses parents, à Bienne.
Ils travaillaient tout deux, durement.
Economisant chaque sous.
Vivant simplement.
Le but de leurs vies étaient de mettre leur fille à l'abri du besoin, et de finir de couler des jours heureux dans le village natal du père.
A Villanova-Mondovi.
Un joli village, qui aurait pu s'étendre, ou, une fois son diplôme de coiffure en poche, leur enfant chérie, ouvrirait son
salon, assez grand pour qu'elle en soie la patronne et qu'elle embauche des employés.
Beaux projets.
Aussi, quand ils décidèrent qu'il était temps de partir, pour Daniela, qui avait toujours vécu à Bienne,
cet exil forcé en Italie, n'alla pas sans peines.
La peine de quitter sa ville, ses amies surtout, ses habitudes..
Je me souviens du dernier soir, du camion qui attendait avec les affaires de toute une vie à l'intérieur.
Et ce déchirement.
Daniela et moi, on se voyait tout les jours.
On se promenait, on allait danser.
Je ne voyais pas trop ses parents, je les trouvais sévères.
Elle devait rentrer à 22h. Et elle le faisait.
Daniela était la fille la plus sage que j'aie jamais rencontré.
Pas de cigarette, pas d'alcool et pas de garçons non plus.
Ce qui ne l'empêchait pas d'avoir du succès, mignonne comme elle était.
Enfin bon, elle est partie.
A peine arrivée, après avoir tant économisé, ses parents ont dépensé sans compter.
Le salon de coiffure tout neuf, avec les produits, les chaises spéciales..
La peinture, et les grands miroirs.
Une merveille.
Alors bien sûr, il y avait déjà un autre salon de coiffure dans le village, peut-être que l'endroit n'étais pas idéal non plus.
Et il fallait bien commencer.
Heureusement, l'amour veillait.
Et ma toute petite Daniela rencontra Claudio, le plus grand garçon du village.
Un garçon bien. Travailleur, gentil, bon fils et bon mari.
Leur mariage fut un des meilleurs souvenirs que nous avons en commun.
Ce que je ne savais pas, par contre, c'est les difficultés auquel toute l'Italie en général et Daniela en particulier devait faire façe.
Des tracasseries administratives sans fins.
Des décrets idiots. Des taxes à rallonges.
Bref, même si les murs lui appartenaient, il fallait bien manger.
Et Daniela du se résoudre à troquer les ciseaux contre l'uniforme de vendeuse.
C'est toujours ce qu'elle fait aujourd'hui.
Entre temps, elle a eu un fils, qui rêve d'être cuisinier et vient d'entrer dans une école hôtelière..
Un enfant bien, ce Paolo, aussi bien que ses parents.
Parce que mon histoire, malgré tout, c'est une belle histoire.
Tout de même.
Si le pays n'avait pas vécu cette sclérose administrative, rongé par la corruption et les délits d'initiés.
Si les petites entreprises comme la sienne n'étaient pas condamnées d'avance, alors, Daniela aurait pu exercer
le métier qu'elle aimait et qu'elle avait appris en Suisse.
Elle n'aurait pas non plus cette pression continue, ce stress, tout les six mois de savoir si son contrat serait reconduit ou non.
Je me souviens quand même, quand je suis allée la voir, la première fois, de la gentillesse de ses parents.
Je les voyais transformés, si heureux et soulagés d'avoir atteint leur but.
Alors, ça m'a rendu triste, quand j'ai su que son papa était malade.
Et davantage quand j'ai su dans quels conditions déplorables il se trouvait.
Ceci à cause encore de la politique déplorable qui touchait les secteurs aussi vitaux que celui des soins post-opératoire.
Malheureusement, le cancer est ainsi fait que lorsqu'il est aussi grave, on ne peut pas toujours accuser les conditions de soins.
Mais tout de même. Cet honnête travailleur, bon père et bon mari, aurait mérité de finir ses jours autrement.
Voila.
Elle n'est pas finie mon histoire, elle est encore jeune ma Daniela, elle n'a pas encore atteint la moitié de sa vie.
Ce que j'espère pour elle, puisque l'Italie est son pays, puisque c’est la qu'elle à construit sa vie,
ce que j'espère donc, c'est que les années à venir lui redonne l'espoir dans son pays.
C'est un si beau pays. l'Italie.

04:48 Publié dans histoire vraie | Tags : viva, italie, daniela | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

Très bel hommage à ma pus vieille et sincère amie....^_^

Écrit par : Véro | 17/11/2011

témoignage et hommage émouvants

Écrit par : clara | 18/11/2011

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