Bien à Bienne : Sonia

Sonia

09/12/2010 | Sonia

Sonia

Elle s'appelait Sonia. Elle habitait en Corse, sur cette île de rêve ou les cauchemards devraient être interdits.
Mais le cancer...
n'as pas de frontière.
Il s'insinue dans le corps des hommes et des femmes et se fout de leur bonne volonté.
Il les attaque, les grignote de l'intérieur, distillant la souffrance et la peine
la décrépitude et la gêne.
Je déteste le cancer, je hais toutes les maladies qui prennent les êtres qui nous sont chers.
Je passe par toutes sortes d'états.
D'abord, je rentre chez moi et ma mère est là.

J'allume mon ordinateur pour  lui montrer mes photos , sur ma page Facebook.
Je vois au passage qu'il y a un message de Clara.
Dès  les premiers mots le chagrin m'envahit.


Alabama est partie.


Son mari à écrit pour elle, un texte incroyablement beau, que je peux à peine lire, pour ne pas m'effondrer davantage.
Je voulais savoir.. à présent c'est fait.
Je vais pouvoir faire mon deuil.
Et tandis que je prends conscience de ce que cela signifie, mon salon s'illumine d'une présence chaleureuse et rayonnante.


Elle est là.
Sonia, pour les siens, Alabama pour les autres.
En moi je sent :
"Sois heureuse, Cat, je vais bien maintenant.
Je ne souffre plus.
Je suis avec toi si tu penses à moi.
Tu avais raison.
Il y a bien quelque chose après la vie.
J'y suis et de là, je suis toujours ton amie mais en plus je peux t'accompagner, veiller sur toi.
Alors, prends la force que je te donne.
Appelle-moi si tu as besoin.
Surtout ne m'oublie pas...
ce sont vos pensées pour moi qui  me font si forte dans l'éternité.

Je vais dans ma cuisine pour être seule avec elle.
Elle est toujours là.
Le pafond, d'habitude sombre est devenu lumineux et chaud.
Je me sens parfaitement bien.
Le coeur gonflé.
Elle me voit.
On peut se parler.
Tout est bien.

C'était ma promesse. Mon envie. Je lui avait dit. Si tu pars, tu verra, j'en suis persuadée, tu ne disparaitra pas. Ton corps ,inutile et si abimé seulement... mais pas ton esprit.


Son esprit si puissant.
Alabama n'aimait pas les compliments, ça n'étais pas évident de lui déclarer mon admiration.
Je devais ruser.
Par contre elle appréciait nos échanges et l'amitié qui se developpait, mail après mail. Confidences après confidences.
Et son sens de l'humour, même dans les pires moment.
Ce besoin de sentir le bonheur des siens.
La situation devenait insupportable.
Elle s'en voulait de leur faire subir sa maladie
Elle ne supportait plus son apparence.
Elle  souffrait tellement.
Malgré tout elle continuait, jusqu'à son derniers souffle encore, d'écrire avec talent-
Malgré la cruauté, malgré la mesquinerie de ceux qui disent qu'elle l'avait cherché..
qu'elle n'avait qu'à pas fumer
Mais laissons les fâcheux, ne pas y penser sera pour eux la pire des punitions.

Sonia, mon Soleil, ma beauté, mon Amie si précieuse.
Je suis si fière de te connaitre.
Que tu m'aies choisie pour être ton amie.
Je suis honorée, forte de ça.

Je t'aime pour toujours, tu es à présent une part de moi, une belle part.
Je n'ai plus de larmes.
Tu me l'interdit formellement.
Je suis si heureuse d'avoir eu raison, je n'en doutais pas un seul instant, tu es avec moi.

Bien sur, je suis triste que nous ne puissions pas réaliser les projets qu'on avait.
Bien sur, je suis triste pour ta famille, pour les amis qui ne profiterons plus de l'énergie de ta présence.
Pourtant...
Pleurer encore serait une trahison.
Renier l'évidence.
Le passé est passé.
Le futur pas encore écrit.
Ici et maintenant tout va bien.
En accord avec toi.
MERCI SONIA MON AMIE CHERIE D'ETRE TOUJOURS AVEC MOI.


Clara, toi qui partages avec moi cette amitié, ne sois pas triste.
Fais comme moi, penses à elle..elle viendra.
J'attendais tellement ce moment.
Pas celui de sa mort, non.
Celui ou je saurais qu'elle me voit.
Qu'on continue de partager notre amitié, la preuve que rien ne peut nous séparer.
Voilà pourquoi je la sentais vivante, encore.
Elle étais déjà là.
Mais si préoccupée que j'étais je ne pouvais la voir.
Maintenant mon coeur est en paix.
Si je pouvais souffler sur la peine de ses proches ,de ceux qui ressentent bien plus cruellement cette absence, je le ferais de toutes mes forces.
Malheureusement, je suis impuissante.
Elle ne vivait plus que pour les satisfaire, alors qu'elle désirait tant leur épargner le calvaire de son calvaire.

Pauvre Sonia, elle ne méritait pas ça.
A présent qu'elle ne souffre plus, autant lui épargner ce supplément de chagrin.

Tout ce qu'elle voulait c'est partager, sa soif insatiable de lecture ,de cinéma et télévision.
Son besoin de décrypter et de comprendre l'âme humaine, son empathie, sa persicacité..
Son intelligence remarquable.
Sa force et son désarroi devant la stupidité et la méchanceté de ceux qui n'ont cessé de l'attaquer lusqu'à son dernier souffle.
Je lui disait : regarde-toi, tu es si belle et si pleine de qualité, comment veux-tu qu'on ne te jalouse pas?
Tu as tout réussit, ta vie de femme, d'épouse, de mère, d'amie.. ta vie professionelle et ta vie privée.

Alors pourquoi est-ce cet être exceptionnel qu'on nous arrache?
Pourquoi fallait-il qu'elle souffre autant?
Le cancer n'as aucun discernement, on le sait. Elle s'est battue, à cru triompher mais si peu de temps avant que les métastases se manifestent encore et encore.
Chaque fois qu'elle se relevait, la fatalité s'abattait sur elle, comme pour être certaine de ne lui laisser aucune chance.
Un combat vain, perdu d'avance.


Pourquoi elle et pas moi?
Moi qui ne lui arrive pas à la cheville(elle n'aimerais pas que je dises ça, mais purée! tu le vois à présent, c'est vrai!) dans aucun domaine que ce soit.
Est-ce parce que tu avais atteint un certain niveau d'excellence que tu as eut le droit de partir pour un monde meilleur?
Mais pourquoi te faire tellement payer avant?

On se pose les mêmes questions depuis longtemps et je crains que nous n'ayons aucune réponse de ce côté du miroir...

Voilà, mon amie.
Alors, ne vous étonnez pas si je continues de parler avec elle, de parler d'elle, au présent.
Elle est partie, certes, mais pas loin.
Mes amies, ma soeur, qui l'avez soutenue sans la connaitre, je vous remercie pour votre compassion,
vous rendez le monde meilleur.
Les lecteurs, mes lectrices, qui me lisez fidèlement, merci aussi.
Gros bisous à tout le monde

A demain!!

01:09 Publié dans histoire vraie | Tags : sonia, alabama, amie, cancer | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

tu as raison cat ; j'ai été effondrée puis sereine , bien que ma pensée ne l'ait pas quittée;
repose toi sonia et veille sur ton fils , ton mari et ceux que tu aimais

Écrit par : clara1 | 09/12/2010

toute mes condoléance pour votre amie. Perdre un être chère n'est pas une chose facile votre texte m'a vraiment émue mais ce qui m'a par dessus tout ému c'est la force que vous aviez de pouvoir pensé autrement il en faut beaucoup pour penser ainsi !! bon courage

Écrit par : Nermeen | 10/12/2010

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