Bien à Bienne : Solidarité familiale

Solidarité familiale

13/02/2012 | Solidarité familiale

Fée du logis
Vous le savez, vous qui me suivez, je vis entourée par les ados..
Des grands ados quasi des adultes.
Des ados de base.
En ce qui concerne les tâches ménagères, comme vous le savez aussi, ils sont tous, sans exception, atteint d'une fâcheuse maladie contagieuse :
la flemmingite aigüe.
Les symptômes en sont, entre autres, une intolérance prononcée envers l'eau de vaisselle.
Diverses allergies à la poussière, aux produits d'entretiens..
Une grosse phobie des endroits sombres, comme la cave où se trouve , mais c'est un hasard, la machine à laver.
De plus, ils font tous partie de la même secte : une sorte de religion qui leur interdit l'usage de l'aspirateur.
Et c'est pas tout : tant que je ne suis pas mourante, ce qui heureusement arrive rarement, ils font preuve d'une indifférence récurrente envers mes divers petits bobos, dû à mon grand âge.
-T'es fatiguée? t'as qu'à dormir! mais avant tu peux me laver une casserole?
J'admets sans peine que cela est désespérant et que l'on pourrais croire que j'ai échoué dans mon rôle d'éducatrice.
Mais     ça, ce sont les apparences.
Je n'ai jamais voulu éduquer mes enfants.
Par contre, je les ai élevé et nourri.
J'ai tenté de leur transmettre certaines valeurs, et il faut croire que ça saute une génération, mais pas dans le sens habituel.
Ma petite maman est malade. Pour mes enfants ,elle est sacrée, et il est clair que contrairement à moi qui suis, d'après eux, apte à tout supporter, elle à besoin d'aide.
Aussi, depuis presque une semaine, ma fille chérie, pourtant cheffe de file du mouvement pour le droit au bordel dans sa chambre, s'est transformée.
Comme dans un  rêve.. depuis une semaine, donc, elle est au chevet de sa grand-maman unique et préférée.
Elle lui fait la cuisine, lave son linge, époussette ses meubles..
Vous me direz, à force de te regarder faire, ça à fini par rentrer.
Il faut croire.
Alors qu'importe si, à la maison, c'est si pénible pour elle. Peut-être que la force de la contradiction inter parent-enfant l'empêche de m'aider, c'est regrettable, mais qu'importe.
Quand il le faut vraiment, elle peut.
Vous en connaissez beaucoup des gens qui laisserait tout tomber pour se consacrer à une personne âgée en difficulté?
Avec tout son amour de petite-fille, avec tout son dévouement de jeune femme, elle prépare des petits plats, fait les commissions, la vaisselle, la lessive.. tout.
Elle sait faire. Surtout la cuisine.
Ma fille est un véritable cordon-bleu. Elle à un don pour la cuisine. Avec elle, de simples pommes de terre se métamorphosent en sublime patates à la crème façon Hélène.
Un truc fondant et goutu, avec un furieux gout de reviens-y.
Mon fils aussi cuisine divinement d'ailleurs.
En les laissant libre de leurs choix, je crois que j'ai au moins réussi à leur donner le gout de la nourriture bien préparée.
Au début, je leur faisait moi-même à manger. Des choses délicieuses qui me prenaient du temps et de l'argent.
Mais qu'ils dévoraient en trois bouchées.
J'avais à peine le temps de m'assoir qu'il n'y avait déjà plus rien..
Et puis, nous avons des gouts foncièrement différents, ce qui m'obligeait à préparer des repas adaptés à chacun.
Petit à petit, je les ai laissé faire. Et ça à marché.
Malheureusement, cette méthode ne fonctionne que pour la cuisine.
Parce qu'il faut bien qu'ils mangent.
Par contre, ranger un emballage est beaucoup trop contraignant , comme une sorte de concept inassimilable .
Je n'ai pas encore résolu le mystère de l'emballage vide rangé dans le frigo, non plus.
A croire qu'ils pensent qu'un monstre vit dans la poubelle et ingurgite les déchets.
Et que mes pauvres enfants sont atteint de cécité soudaine juste au moment ou ça déborde et qu'il faut   la changer , en remettre une neuve et descendre la vieille ,vignettée, devant la maison.
Alors, voilà que miraculeusement, ma fille retrouve la vue, quand il s'agit des ordures de sa grand-mère.
Vous me direz peut-être encore : c'est normal d'aider sa grand-maman. Mais là, on ne parle pas de quelques heures :
elle y est, jour et nuit. Depuis une semaine.
Du coup, ma petite maman se rétabli à la vitesse de la lumière.
Tellement d'amour et d'attention ont un effet thérapeutique inégalable.
Et moi je suis très fière de ma fille.
Je me dis que je n'ai peut-être pas été une si mauvaise mère, après tout.(en ce qui concerne le ménage bien sûr, pour le reste je sais que j'ai fait de mon mieux).
Et bébé?
Bébé va bien. Sa maman lui téléphone tout les jours. Saute dans le bus pour venir lui faire un petit coucou, et apprécie de voir qu'elle est en pleine forme.
Aujourd'hui, son grand-papa (de bébé) est venu et tandis que lui et mon fils s'en occupait, j'en ai profité pour sortir un peu, faire quelques photos.
Quand je suis rentrée, elle était sur ses genoux et tout c'était passé à merveille.
En résumé, ma fille s'occupe de ma mére pendant que je m'occupe de sa fille.
Mon fils et son papa me donne un coup de main.
Moi aussi, j'aurais pu y aller, mais dans ce cas, mes deux enfants se seraient retrouvés tout seuls, ce qui équivaudrait à laisser un chien et un cahot dans la même pièce.
Quand la solidarité familiale s'installe,  on à pas besoin de payer des gens pour servir de garde malade ou de baby-sitter.
De toute façon, on aurait pas les moyens.
Mais si on les avait, ça ne serait pas aussi bien, parce que l'affection , la vraie, ne se donne pas contre paiement.
Alors, on donne ce que l'on a : du temps et de l'attention.
Ca me fait penser à ce qu'une amie écrivait sur sa page Facebook :
Sa maman entre en maison de retraite. Elle peut prendre certaines affaires, mais elle à du se débarrasser du reste. Tout est parti dans une benne à ordure parce que personne parmis ses enfants et ses petits enfants ne voulaient récupérer quoi que ce soit.Ca la rendait un peu triste.Je la comprends.
Moi aussi, parce que je suis sûre que  j'aurais pu récupérer des trucs.. allez savoir.. un matelas, déjà, vu que je n'en ai plus.. et même deux trois bibelots improbables pour ma collection.
Mais quand j'ai demandé ou était cette fameuse benne.. elle ne m'a pas répondu.
Je frémis à l'idée qu'un jour ma maman aussi ira en maison de retraite. Je déteste l'idée que quelqu'un d'autre s'en occupe. Je la prendrais chez moi sans hésiter, mais c'est elle qui ne veut pas.
Parce que dans la vie, c'est comme ça. Rien est simple. Rien n'est tout blanc, ou tout noir.
C'est justement pour ça que c'est si passionnant.

04:47 Publié dans histoire vraie | Tags : solidrité, familiale, grand-maman | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

le manichéisme n'existe pas vraiment en effet , et c'est beaucoup mieux;

Écrit par : clara | 13/02/2012

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