Bien à Bienne : Résilience chap.25

Résilience  chap.25

02/06/2010 | Résilience chap.25


Résilience  chap.25
Le jeune cygne aimait son indépendance.
Bon, d'accord, il aimait aussi sa famille : ses parents et ces quatre frères et soeur, mais souvent il s'éloignait un peu pour découvrir le monde tout seul.
Il enviait beaucoup les canards qui pouvaient plonger explorer le fond de la rivière et du lac.
Quoi de plus ridicule qu'un cygne qui se renverse vers l'avant pour chercher sa nourriture dans l'eau, ne laissant dépasser que son arrière -train?
Déjà que le vol n'est pas non plus leur grande spécialité..
Pour l'instant, il était encore gris, duveteux avec le bec noir. D'après les cris de ravissement des humains qui l'apercevait, le jeune cygne se doutait qu'il devait être plutôt mignon, donc il ne se pressait pas d'arborer la blancheur immaculée et le bec orange de ses parents.
Mais pêcher..longuement, entièrement immergé dans l'eau claire... il en rêvait.
Dans la réalité, il se contentait des quelques centimètres d'avantage que lui conférait son long cou pour capter les morceaux de pains lancés par les riverains.
Il faisait aussi de curieuses découvertes, genre pédale de vélo, pelle d'enfant en plastique..bouteille en pet etc...
En étirant son cou un maximum, il voyait distinctement une chose bleue, coincée entre deux pierres, qui ondulait dans le courant.
Il du s'y reprendre à plusieurs fois pour y parvenir, mais à force d'insistance, il fini par extirper l'objet.
C'était mou, dégoulinant, bleu et immangeable.
Le bonnet de Papa Gurdulon...

Chez les gnomes, une fois la nouvelle de sa disparition répandue, on fit de longues recherches pour retrouver le corps du gnome. Sans succès.
La communauté était bien ennuyée. Sans preuve concrète du décès, les cérémonies funéraires habituelles ne pouvaient avoir lieu.
On avait décidé de suspendre les activités de chasse aux qualités pendant trois jours, histoire de marquer le coup, mais ça ne plaisait pas à tout le monde.
Cette soudaine et mystérieuse disparition d'un gnome, respectable père de famille qu'étais Gurdulon, alimentait toutes les conversations et pas mal de ragots.
Certains prétendaient l'avoir revu, le matin suivant, discutant avec une elfe de montagne..et vu la réputation sulfureuse de ces créatures, on pouvait imaginer tout et n'importe quoi.
Il suffit parfois d'un évênement, aussi tragique soit-il, pour faire apparaître des traits de l'âme peu glorieux..et dans ce fait gnomes et humains se ressemble étrangement.

Dans le zurglub confortable qui lui servait de lit, Gurduline s'étirait comme un chat.
Son repos réparateur l'avait mis de bonne humeur.
Son coussin se plaignit d'avoir les plumes écrasées et la gnomette se réjoui d'avoir gardé intact sa nouvelle capacité de parler aux objets.

Sa petite clef d'argent toute fraiche autour de son cou, tinta contre le bol de lait du petit déjeuner.
Gurdula regardait sa fille avec admiration. Ou trouvait elle cette force?
-Ma petite Maman, dit Gurduline. Tu devrais te coiffer.Tu veux que je te fasses des tresses?
Et aussitôt, elle saisit un peigne.
En voyant l'objet, Gurdula ne put retenir ses larmes.
- C'est...c'est..
-Ouiii! dit Gurduline joyeusement, c'est Papa qui l'a sculpté.
Gurduline savait parfaitement que son père n'était plus et pourtant, non seulement elle restait gaie et pleine d'entrain, mais en plus, elle continuait de parler de lui au présent.
Si Maman Gurdula n'avait pas eu entière confiance dans les capacités intellectuelles de sa fille, elle se serait inquiêtée.

Gurduline saisit instinctivement les pensées de sa mère. Elle décida que celle-ci avait droit à une explication.
- Ma petite Maman, je dois te dire quelque chose.
Maman Gudula s'assit à côté d'elle.
Gurduline lui prit la main et lui dit:
-Tu sais, quand Tata Catala est venue à la maison..?
- Oui?
- Et ben..en même temps qu'elle te parlait, j'ai senti sur mon front, ..comme quand Papa me donnait un petit bisous.
Gurdula regarda sa fille avec amour.
"Comme elle à grandit" pensa-t-elle
-Et après, toute la journée, c'était comme si Papa était avec moi presque tout le temps. Dans ma tête, mais aussi, ..c'est difficile à expliquer ;
par exemple j'ai senti aussi qu'il posait sa main sur mon épaule.
Mais surtout.. JE  SAIS QU'IL EST LA. Tu comprends maman?
- Oui, ma fille, je comprends très bien, j'ai ressenti la même chose quand ma maman. ta grand-mère est morte.
Gurduline sourit :
-Alors tu vois ce que je je veux dire?
- Oui, ma fille. Ton père n'aimerais pas que nous soyons triste.
- C'est ça! s'exclama Gurduline. Et tu sais le plus beau?
Maintenant. il va pouvoir s'occuper de nous mieux que jamais.
Mamans Gurdula la regarda encore plus tendrement.
- Oui ma chérie, dit -elle doucement.
- Et tu sais pourquoi?
Maman Gurdula ne répondit pas, mais elle savait.
Ce n'étais pas une question de croire en quelque chose ou en quelqu'un. Non, il s'agissait plutôt de garder son esprit ouvert et ses sens éveillé et de ne pas hésiter à faire appel à l'être aimé. Ou qu'il se trouve, il l'entendrait toujours. Et souvent il interviendrait pour apporter son aide au moment ou  on ne s'y attendrais pas.
Comme une douce présence protectrice sur qui elles pourraient toujours compter.

03:12 Publié dans conte | Tags : résilience, conte, bienne, cygne, amour | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

on a parois cette impression quand on perd un être cher ; aussi l'illusion fugace et douloureuse de le voir parfois de loin

Écrit par : clara1 | 02/06/2010

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