Bien à Bienne : Pas celle que je croyais

Pas celle que je croyais

09/05/2012 | Pas celle que je croyais

Quand on revoit ses vieux amis presque 30 ans plus tard, ça fait bizarre.
Le cerveau produit de petit flashs curieux et les souvenirs reviennent.
Parfois, c'est au détour d'une photo, ou d'une histoire que l'on avait oublié.
Tant mieux, pour certaines, ce n'étais pas très glorieux de me retrouver au tribunal en Ecosse pour un t-shirt que ma copine avait piqué.
Je nous revois, courant dans les rues d'Inverness, poursuivie par deux vendeuses en talons hauts.
Le fourgon de police. Les menottes.
Les vitres teintées et la honte..
La prison .
Oui! La prison!! on aurais dit une geôle, une vraie.
Genre reconstitution pour un musée.
Avec ses pierres de tailles luisantes d'humidité,les deux bancs de bois massif retenus par d'épaisses chaînes.
L'interprête. Un prof de français que nous comprenions à peine.
La liberté temporaire pour la nuit.
L'arrivée à l'auberge de jeunesse, la tête de Christine , notre cheffe de Camp.
Pardon Christine!!
Deux crétines de gamines, voilà ce que nous étions.
Le jour suivant, un juge et sa cour emperruquées nous attendaient.
Pour nous aquitter.
Une indulgence qui m'a servi de leçon.
Nous volions par jeu.
De petites choses.
Nous ne pensions pas qu'ainsi nous lésions ces  boutiques.
Bêtes que nous étions.
J'allais même dire ; certains vont dire que je n'ai pas changé.
Mais si, j'ai changé.
Et je n'étais pas si bête.
Je faisais mes expériences.
Je me cherchais, j'avais l'image de moi que me renvoyait ma famille.
Elle n'étais pas très glorieuse.
Pas ma famille, non, l'image qu'elle me renvoyait.
Je ne sais pas si c'est pareil pour vous, surement il y en a d'autres qui sauront de quoi je parle.
Les surnoms, les vannes, les petits rabaissement que l'on reçois quotidiennement auxquels on ne prête plus attention.
C'est pour rire..
Vous avez peut-être été capable de les prendre au second degré.
Pas moi.
Quand ma soeur me disait que j'étais grosse, je la croyais.
Je me vengeais en affirmant que nos parents n'étaient pas ses vrais géniteurs.
Qu'on l'avait trouvé dans une poubelle.
Ca lui a fait un choc.
Elle se revengeait en lisant mon journal intime à voix haute, enfermée dans sa chambre.
Ca me fait penser à un de mes exs.
Lui aussi avait trouvé mon journal.
Enfin.. pas tout à fait mon journal.
Disons un carnet spécial dédié à mes exploits sentimentaux.
Il n'a pas apprécié.
Pourtant, je ne le trompais pas.
Tout ça c'était passé avant lui.
Mais sa jalousie maladive s'est muée en crise de folie furieuse.
J'avais réussi à récupérer mon carnet et à m'enfermer dans les toilettes.
Il menaçait de défoncer la porte.
Heureusement pour moi, elle était résistante, cette porte.
J'ai eu le temps de balancer mon carnet dans les toilettes.
Enfin, presque tout, il hurlait et tapais.
Moi je pensais aux voisins.
Alors j'ai ouvert la porte.
Il m'a arraché des mains les quelques feuilles qui restaient et s'est enfui dans la rue.
Fou de rage.
Il tapait sur tout ce qu'il trouvait tout en en déchiffrant la liste de mes nombreuses aventures.
C'est de famille cette manie de consigner nos frasques.
Mon frère les notait sur son armoire.
Plus sommairement.
Des petits traits qu'ils barraient quand il arrivait à 5 pour faciliter le compte.
J'avais demandé innocemment ce que c'était.
On m'avait répondu un mensonge quelconque et je ne l'ai compris que plus tard.
Dans cette belle après-midi de dimanche, il y avait le grand-frère de mon ex si jaloux.
Il m'a présenté ses enfants.
Deux belles filles d'une douzaine d'années environ.
Et là, j'entends : "et je l'ai appelé Catherine, à cause de toi.".
Je suis restée bouche ouverte une longue seconde, et la suite c'est déroulée dans une sorte de brouillard.
Toutes mes certitudes volaient en éclat les unes après les autres.
Comme un château de carte qui s'écroule lentement, au ralenti.
Si quelqu'un avait eu une image suffisamment bonne de moi, il y a 25 ans et la conserver les années suivantes
jusqu'à penser à mon nom au moment de choisir celui de sa première fille....
ça voulait dire que je n'étais pas celle que je croyais.
Plus rien ne tiens debout. Mes idées, mes théories, plus rien ne joue.
D'ou ma confusion d'hier.
Parce que, à l'époque, ce grand frère que j'admirais pour son sérieux, son travail de prof, je croyais qu'il ne m'appréciait pas trop.
De loin , j'ai encore vu la petite fille qui me désignait à sa copine.
Je ne sais pas ce qu'elle en pensait.
sur le moment, ça avait l'air de la laisser indifférente.
Je crois que ça lui faisait aussi bizarre qu'à moi.
Une belle gamine.
Avec de long cheveux.
Un air mûr. Sûr, Dur.
J'aurais aimé être comme ça.

00:14 Publié dans histoire vraie | Tags : amis, image, changé, fille | Lien permanent | Commentaires (0) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/1170204

Écrire un commentaire