Bien à Bienne : Notre histoire

Notre histoire

07/05/2012 | Notre histoire

Chacun son histoire
Tandis que celle de la France est en marche. que François Holande fait attendre une foule incroyable
au son de "Cargo de Nuit" de Axel Bauer.
Mais qu'est-ce qu'il fait, Françou? j'aimerais bien qu'il parle enfin que je puisse écrire mon article tranquillement.
Cargo de Nuit. En 1983, quand Axel et sa casquette de cuir noir que nous voulions tous, martelait sa chanson, j'avais 16 ans.
J'étais blonde, avec une coupe Dessange, le carré destructuré.
J'avais ce t-shirt, de style anglais, acheté au "Clou".Et un gros pull de laine verte foncée, trouvé dans un grand magasin français.
Mes pantalons militaires noirs....
Ah le voilà, c'est pas trop tôt.
C'est que, je suis quand même un peu française.. donc, forcement ça me touche.
Mais quel piêtre orateur..
Mis à part dans ses yeux, j'ai ressenti dans son discours à peu près autant d'émotion que dans les messages qu'on entends dans les grands magasins pour nous annoncer
les actions sur les spaghettis.

Chacun son histoire.
La fille que j'étais en 1983 n'a plus grand chose à voir en apparence avec celle qui se préparait hier à revoir ses copains d'alors.
Je me suis demandé pourquoi j'étais si malade.
Je n'avais pas fait le rapport.
Mais en discutant un peu avec les autres, ceux qui comme moi ont vécu une partie de leur adolescence dans les camps de l'Animation de Jeunesse,
j'ai su que je n'étais pas la seule.
Pas la seule que l'idée de se retrouver face aux autres rendais malade.
L'adolescence, c'est un moment mystérieux.
Pleins de non-dits, de gênes, de transformations.
On faisait nos expériences.
On tentait d'être.
On se remettait en question.
Dans nos yeux et dans ceux des autres.
On nous donnais des surnoms.
On se découvrait des réputations.
Nos coeurs battaient un peu plus fort pour quelqu'un, et le camp suivant, pour un autre.
A chaque fois, il y avait une part d'inconnu et d'aventure.
On descendait la Dordogne en radeau.
Des machins pas possible qu'on construisait nous-mêmes, avec des chambres à air de camion et des planches.
On s'entassait dans les bus, pour l'Ecosse, pour Paris, ou ailleurs..
Et Martin, grand Manitou barbu nous perçait à jour, de son oeil d'aigle.
Je ne sais pas si il nous jugeait, il était dur parfois, alors, je vais me dire que non, qu'il voulait nous aider à grandir.
Nous essayons tous d'être.
D'être quoi, d'être qui?
D'être.
Tout court.
C'était déjà pas mal.
Au début, on faisait son premier camp avec excitation, sans trop savoir ou on mettait les pieds.
Et puis, certains, comme moi, devenaient des vieux habitués.
lMartin nous poussait à devenir responsables.
Responsable du matériel, des comptes, de la cuisine.. chef de camp même.
Moi je ne voulais être que participante.
Et Martin me disait que je "consommais".
Comme un reproche.
Ca me convenais très bien , je n'avais aucune envie d'être responsable.
Je me demande encore qui avait raison de lui ou de moi.
Ma seule expérience comme cheffe de camp, me reste comme une suite de stress et d'affrontements.
Alors le temps passe,
Nos chemins se séparent.
On se marie ou pas, on a des enfants ou pas.
4 des femmes avec qui j'ai discuté travaillent aujourd'hui avec des enfants.
Mais revenons à cette époque.
Ce qu'on ne comprenais pas, on se dépêchait de l'oublier.
Aha! la bonne blague! On oublie jamais rien.
Nos inconscient ont compressé quelque part toutes ces émotions, toutes ces questions, évênements petits et grands.
Honte et fierté, on a tout gardé.
Et sur ce ciment là, on à construit les adultes que nous sommes .
Alors, quand soudain vient l'heure de la confrontation avec ce passé d'exposé dissimulateur, le ciment se fissure.
Se transforme en sable.
Sable mouvant?
On ne sait pas.
On y comprends rien tant c'est profond.
Et tous ces sentiments, ces sensations se mélangent comme autant de couleurs.
Vous avez déjà essayé de mélanger toutes les couleurs?
Les plus beaux turquoises, les jaunes citrons, les rouges intenses.. une fois mixés ensemble avec toutes les autres teintes aussi belles soient-elles donnent un brun des plus sales.
La c'est pareil.
Ca nous envahit tout entier jusqu'à nous rendre malade.
Oh, pas tous, heureusement.
Certains n'ont pas ces états d'âme et ils ont de la chance.
Ce n'est pas agréable du tout.
Alors, on se détourne en s'occupant. On fait des gâteaux , on prépare ses photos.
Certains ont fui , carrément, décidé de ne pas venir et ne sont pas venu.
Au matin, j'étais pleine d'énergie, je me suis préparée, et j'y suis allée.
J'ai bien fait.
Pendant la nuit, le ciment à durci.
Au moment précis ou nous sommes arrivées sur le parking avec ma soeur, l'orage à éclaté.
Ma merveilleuse petite fille dans les bras, je suis arrivée dans la salle.
Je n'ai vu que des regards amis.
Des visages amis.
Des sourires amis.
Le temps à ceci de merveilleux qu'il nettoie les poussières de nos angoisses passées lorsqu'elles n'ont pas de raison d'exister.
Les groupes se reforment spontanément.
Les clans restent soudés.
Mon clan à moi, il est épars, disséminé dans toute la salle.
Mais avant tout, il est dans mes bras.
Bien sûr, j'aurais aimé discuter plus longtemps avec celle-ci ou celui-là.
Mais St-Facebook nous réunira!

Quelle curieuse sensation, ces flash-back qui nous revenait par éclairs. Les dates qui se mélangent, les souvenirs qui s'emmêlent...

Je me suis rendu compte que j'aimais beaucoup plus ceux que nous sommes devenus que ceux que nous étions.
Que nos rides ,nos kilos en plus ou en moins, nous rendaient plus attachant.
Nos expériences, plus intéressants.
Je n'ai aucune nostalgie.
C'est aujourd'hui que je vis.
Tout ces gens que j'ai revu dans cette grande salle ne sont pas si loin...
Je me suis senti bien, importante, appréciée.
Plus en quelques heures aujourd'hui que hier dans l'ensemble des camps auquel j'ai participé.
La grande différence ente hier et maintenant, c'est que je permets aux autres de m'apprécier.
C'est surtout que je m'apprécie moi-même.
Finalement c'est tout simple.
Il aurait suffit que l'on sache, étant adolescent, que nous avions tout ces droits là.
Celui de se tromper. Celui de s'aimer.
Ce joli petit chemin caillouteux mais ensoleillé ne demande qu'à être emprunté.
Les adultes que nous sommes , pour la plupart y marche déjà.Seul ou main dans la main.
Aujourd'hui, c'était pour moi une belle ballade avec ceux-ci.
A tout ceux qui vont se reconnaitre un peu dans mes écrits, je voudrais dire MERCI
A ceux qui auraient préféré un compte rendu plus classique avec une pointe d'humour..ils peuvent l'écrire eux-mêmes :)-
A ceux qui ne m'ont pas compris, tant pis.
A ceux qui sont resté enfermés quelque part dans leurs illusions d'une époque révolue,, je veux croire qu'il n'est pas trop tard pour certains.
De reprendre leur vie, d'en faire quelque chose qui leur plait.
Il n'y a pas qu'un seul chemin, et c'est bien comme ça.

02:31 Publié dans histoire vraie | Tags : histoire, passé | Lien permanent | Commentaires (4) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

C'est beau et très touchant. J'ai aussi ressenti ce genre de choses avant des soupers de classe.

Écrit par : Karim Mokdad | 07/05/2012

j'aurai voulu que cette journée dure plus longtemps......^_^

Écrit par : véro | 07/05/2012

merci Karim, je n'étais pas sure que mon explication soie très claire tant ce sentiment est complexe à décrire.Mais je vois que tu sais de qquoi je parle et que j'ai réussi à le partager, grand merci pour ton feed-back qui m'est précieux. Soeur, j'aurais aimé partager cette journée avec toi, mais je ne regrette rien. :)merci de nous avoir emmené dans ta voiture (et ramené :)!

Écrit par : Cat | 08/05/2012

émouvant

Écrit par : clara | 08/05/2012

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