Bien à Bienne : Monsieur Cablecom et Madame B

Monsieur Cablecom et Madame B

06/04/2012 | Monsieur Cablecom et Madame B

Monsieur Cablecom et Madame B

La fille de Madame B à besoin d'une connexion internet.
Malheureusement, il semblerait qu'elle ne puisse pas la prendre à son nom, et ceci pour de basses raisons économiques.
Alors, elle demande à sa gentille Maman de le faire à sa place.
Panique de la gentille Maman :
" J'ai déjà un abonnement à mon nom ,je ne paie que 5 francs pour mon internet "(qu'elle n'utilise pas c'est un détail).
Soupir de la fille (va falloir expliquer)
"Mais non, ma petite maman, n'aie crainte, ça ne sera pas le même abonnement".
Maman, pas convaincue :
"Oui, mais je ne sais pas si il vont être d'accord".
Sous -entendu, Monsieur Cablecom va  se demander ce que Madame B va faire d'une deuxième connexion.
Resoupir de la fille.
"Mais non, ma petite maman, tu sais, Cablecom, c'est une entreprise, ils font ça pour gagner de l'argent, tu penses bien que..."
Mais la gentille Maman n'écoute pas, dans sa tête le film à déjà commencé.
Elle voit la scène.
Dans un grande pièce  avec une secrétaire et dans le fonds derrière un imposant  bureau de chêne massif recouvert de marbre.
Tripotant son porte-plume en argent, Monsieur Cablecom est pensif :
"Qu'est-ce que vous avez dit, ma petite Lucette? Madame B. veut une deuxième connexion? comme c'est étrange! Et même suspect.
Nous devrions peut-être faire une enquête, voir lui suspendre sa première connexion, histoire de lui montrer qu'on ne peut pas faire n'importe quoi"
Madame B. commence à transpirer. Sa vue se trouble et elle entends à peine la voix de sa fille qui tente de la rassurer.
La fille qui connait sa mère.
Qui sait précisément dans quel état elle est et ce qu'elle s'imagine.
Elle tente de la ramener à la réalité.
"Tu sais Maman, Cablecom c'est une immense entreprise"
Dans le film de Madame B, la pièce s'agrandit.
La fille poursuit :
"..avec beaucoup d'employés.."
La pièce se remplit d'une armée de secrétaires. Ce qui ne la rassure pas du tout, au contraire. Cette fois-ci, ce n'est plus seulement Lucette et Monsieur Cablecom, qui "savent"
l'odieux forfait qu'elle s'apprête à commettre, mais tout un tas de monde.
Du monde qui connait du monde. Et peut-être, surement même, dans le tas, des gens qui la connaissent personnellement.
Madame B. tremble déjà sous le poids du déshonneur.
Voyant, qu'elle n'arrivera à rien en un seul jour, la fille se ravise et propose à sa gentille Maman de téléphoner pour se renseigner.
Plop. telle une bulle, le film-cauchemard de Madame B. explose et disparait temporairement.
Elle respire.
La fille attends que le rythme cardiaque de sa  gentille maman redevienne normal.
Quelque jours plus tard, Madame B. prends son courage à deux mains et téléphone à Lucette.
Elle pense bien que Monsieur Cablecom ne va pas lui répondre personnellement mais quand elle entends une voix masculine au bout du fil, ses palpitations reprennent de plus belle.
"Le fils Cablecom!et si ça se trouve, il va tout raconter à son papa!! Alors prudence.."
Au bout du fil en fait, il y a Mohamed Ben Soussan, qui après une formation express de deux semaines vient d'intégrer le service-client de Cablecom.
Madame B. commence par la phrase à ne surtout pas dire :
"Je n'y connait pas grand chose".
Mohamed a les yeux rivés sur son formulaire  "réponses à donner et  mots proscrits". Il n'en mène pas large, lui non plus.
Il sait que la conversation est enregistré. Bon, il ne s’inquiète pas trop quand même. Sur les milliers d'appels reçus par jour, ils ne peuvent pas tout contrôler.
Il pose les questions habituelles dans ce cas là.
Madame B. lui donne l'adresse de sa fille.
Mais sur son ordinateur Mohamed ne la trouve pas. Ah si, il y quelque chose qui ressemble, mais là l'ordinateur lui dit que ce n'est pas possible.
Madame B. est soulagée.
Mohamed le sent, il prends de l'assurance.
"Madame, cette adresse n'est pas couverte par le réseau.
Madame B. ne sait pas ce que "couvert par le réseau " veut dire. Elle lui demande de répêter et l'inscrit sur un papier. Puis raccroche, satisfaite d'elle-même.
Quand Madame B. revoit sa fille le jour suivant, elle l'informe de la situation.
La fille n'est pas étonnée. Elle connait sa mère , mais elle connait aussi le genre d'employés qu'utilise Cablecom. Vite formés, mal payés et pas toujours très débrouille
Mais surtout, elle sait pertinemment que son adresse EST couverte par le réseau.
Puisque tout les locataires de sa maison sont abonnées à Cablecom.
Elle propose donc de retéléphoner.
La gentille maman hésite : redéranger encore une fois, le fils Cablecom.. ça l'embête.
Mais elle finit par céder.
La fille apelle, en se faisant passer pour sa mère.
"Bonjour, je suis Madame B."
Au bout du fil Elvira Sanchez, qui, elle à fait des études, et qui de plus est doté d'une  certaine vivacité d'esprit .
Elvira à l'intention de grader, elle sait que si elle est performante, elle pourra rapidement progresser au sein de l'entreprise.
Ce qui , vu le niveau général, ne devrait pas être trop difficile.
C'est donc, avec grâce et légèreté qu'elle répond.
"A votre service, Madame B".
Sur son ordinateur, elle regarde le numéro de téléphone de Madame B.
Consulte ses fichiers.
Constate que 1)Madame B. est déjà cliente 2) qu'elle à 80 ans.
Elle se permet une remarque :
-Vous avez une voix très jeune!! (pour votre âge).
La fille n'avait pas pensé à ce détail
"Ah oui, c'est vrai, on me le dit tout le temps".
Elvira demande l'adresse et, elle, contrairement à Mohamed, fait une recherche sérieuse et trouve.
La fille se dit qu'il serait bête de s'arrêter en si bon chemin.
Elle se renseigne sur les différentes offres et choisit celle qui lui convient le mieux.
A ses côtés, la mère est partagée.
D'un côté l'admiration pour sa fille qui se débrouille si bien.
De l'autre la crainte que quelque chose lui échappe.
Mais cette fois-ci, elle sent que les choses sont différentes.
L'image de Monsieur Cablecom tout-puissant s'estompe un peu.
Se profile à nouveau celle de Lucette, la secrétaire compétente.
Sa fille lui explique que Lucette-Elvira à très bien compris la situation.
Qu'elle aura un autre abonnement, avec une facture séparée..etc.. etc..
Lorsque deux jours plus tard le kit de démarrage internet lui parvient chez elle, tout est conforme.
Elle avait tellement peur, Madame B.
Des peurs illogiques.
A commencer par celle de Monsieur Cablecom.
Lui et ceux de son espèce.
Monsieur de la Poste.
Monsieur de la Banque.
Monsieur des Assurances, des Impôts etc...
Tous ces gens importants, qui l'ont vu naître et qui la connaissent personnellement.
Qui seraient très déçus si elle ne payait pas ses factures.
Et puis justement, cette nouvelle facture, et si on la prenait directement sur sa maigre retraite?
Comme si ça pouvait se faire sans sa permission...
Enfin, tout est bien qui fini bien.
La fille a obtenu ce qu'elle voulait et la gentille maman est soulagée.

Moralité :
Les générations qui nous précèdent ne fonctionnent  pas avec les mêmes paramètres.
Madame B. vient d'un petit village de montagne.
Ses parents tenaient la Poste.
Ils furent même les premiers à avoir le téléphone dans la région, à cause de cette fonction.
Forcement, ils étaient au courant de tout.
C'est ma théorie qui explique  pourquoi Madame B. se mets dans un tel état.

L'histoire serait presque finie, si la fille était capable d'installer sa connexion toute seule.
Mais elle non plus n'est pas née avec une télécommande dans les menottes.
Même si elle à réussit à connecter l'ordinateur de son fils.
Elle à tout essayé, elle n'a pas pu raccorder le sien.
Et donc, la fille attends que sa fille à elle vienne la voir.
Qu 'en dix secondes et deux manipulations plus tard, elle puisse aussi profiter du haut débit.
Avec le petit sourire narquois qui va avec...

Moralité de la moralité :
On a toujours besoin d'un plus jeune que soi.
Spécialement en 2012.

04:33 | Tags : cablecom, connexion, peurs | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

Petite précision, Madame B n'utilise pas internet (vu qu'elle n'a pas d'ordinateur) mais en fait profiter très gentiment sa fille et son gendre quand ils viennent passer quelques jours chez elle ^_^

Écrit par : Véro | 06/04/2012

ô tempora ^mores lol

Écrit par : clara | 06/04/2012

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