Bien à Bienne : Le Secret du Bonheur (le jardin de Mohamed)

Le Secret du Bonheur (le jardin de Mohamed)

26/03/2010 | Le Secret du Bonheur (le jardin de Mohamed)




Voilà une image qui me plaît beaucoup, les cygnes qui passent, le soleil qui éclate sur la photo, le lac serein et la montagne qui servent de décor au bonheur tranquille de ces nobles volatiles..une image qui peux sembler kitsch mais qui m'enchante pour les raisons suivantes.D'abord. à cause du soleil. justement.Quand j'étais plus jeune on tournait systématiquement le dos au soleil et cela me frustrait beaucoup.Désormais c'est possible de prendre des photos à contre-jour et d'obtenir un résultat plaisant. Ensuite, j'assume totalement mon admiration pour ce paysage ou tout est vrai qui n'as subit aucune retouche. Sa vision me rends heureuse et c'est le thème de ce soir.


L'histoire qui suit est absolument véridique. Je m'en suis souvenue grâce à une amie, qui se reconnaîtra. Le rapport entre les deux c'est le secret du bonheur (rien que ça!...).

Tout en écrivant, je déguste un sublime lassi mango-rose, mais je m'égare..continuons.


Il était une fois..un Touareg. Un vrai Touareg qui vivait dans le Hoggar, à Tamanrasset  dans le désert du Sahara, en Algérie du Sud.Je l'ai rencontré alors que je me lavais les mains au lavabo du camping, il m'a demandé si je pouvais lui prêter mon savon.

A ce moment là, avec son pull troué et ses pantalons graisseux, il ressemblait à..pas grand chose, comparé au fier Touareg qui est venu me remercier heures plus tard, vêtu d'un superbe costume traditionnel.Comme il faisait nuit, je n'ai remarqué ses yeux bleu qui contrastaient avec le noir intense de sa peau. Je lui avait raconté que mon compagnon souffrait d'un mal de ventre intense

.Alors il avait emporté un peu d'acacia avec lui, il a bouilli sa plante avec un peu d'eau et presque instantanément,Pierre-Alain se sentit mieux. Mohamed, c'était le prénom de ce noble habitant du désert, nous invita à souper chez lui et nous le suivirent dans la nuit aussi noire que lui.
Il marchait rapidement, avec de longues enjambées souples. Nous peinions à le suivre, il marchait devant et sa grande silhouette droite et musclée se détachait sur les murs jaunes de Tamanrasset. Puis il s'arrêta. Il nous dit, continuez jusqu'à la prochaine porte dans la muraille, je vous rejoints bientôt.
Nous ne savions pas encore que nous passions le premier test:celui du Sloogy.
Le Sloogy est un chien typique du Sahara qui s'apparente au loup. Celui qui nous attendait derrière la porte était petit et pelé, pas très impressionnant , vu comme ça..et personne ne nous avait avertit à quel redoutable gardien et chasseur nous avions affaire. Ni qu'il est le seul de son espèce à vivre dans l'enceinte de la maison, qu'il n'appartiens
à personne, qu'il est respecté comme un membre de la famille chez qui il a décidé de vivre et qu'il protège des intrusion extérieures...Mais ça, nous ne le savions pas.
Nous avons poussé la porte et il était là.Il avait l'air gentil, je lui ai parlé,caressé et il nous as conduit   dans un curieux dédale de ruelles et de maison aux portes ouvertes, le domaine de Mohamed. Un jardinet central, avec un puit, et des fauteuils en raphia, semblait nous attendre.
Ce prêtage de savon au camping était le début d'une amitié forte avec ce personnage important qu'était Mohamed Rabah. Un homme riche, craint par certains respecté de tous.
Toutes les maisons abritaient les membres de sa grande famille, femme,enfants et petits enfants, ainsi que ses entreprises,garage, agence de voyage etc...Entre l'ouvrier crasseux à qui j'ai prêté mon savon et le maître de maison entouré de serviteurs, en quelques heures nous étions passé dans un autre monde.Un endroit particulier, ville dans la ville ou Mohamed régnait en maître incontesté.Il nous invita à partager son repas ainsi que le thé de menthe traditionnel. Nous buvions aussi ses paroles, le désert, le Paris-Dakar,son travail de sauveteur dans l'armée, toutes les histoires petites et grandes qu'il aimait conter avec un léger sourire amusé devant nos yeux grands ouverts.
Je reviendrais sûrement sur cette rencontre qui s'est prolongée dans les années et à travers les frontières, mais j'en arrive à mon histoire, le secret du bonheur.
Bien avant de partir en Afrique j'écoutais une émission de radio qui parlait d'un Touareg, qui souffrait d'une maladie tellement étrange, qu'aucun des grands spécialistes internationaux qui s'étaient penchés sur son cas n'avaient su diagnostiquer ce dont il était atteint.
Vous l'aurez certainement deviné, ce Touareg, je l'avais en face de moi et il ne se fit pas prier pour me raconter l'histoire en entier. En tant que chef d'un clan Touareg respecté, il avait rencontré des chefs d'états de pays concernés par le Sahara, dont la France, et à cet époque François Mitterand, dont il était devenu l'ami. Aussi, lorqu'il tomba gravement malade, celui.ci mit à disposition les meilleurs spécialistes pour le soigner. Il subit une batterie de test et d'analyse, en vain. Son cas attira l'attention d'autres spécialistes d'autres pays. On le fit venir dans les cliniques, les hôpitaux les plus réputés , las son était s'aggravait, il dépérissait de jour en jour.Il était mourant lorsqu'il rentra chez lui, dans son village.
C'est là qu'il faut faire preuve d'ouverture d'esprit tant cela semble incroyable. Sa grand-mère vint à son chevet et lui dit. Mohamed, je sais ce que tu as, c'est le mal de vivre. Va dans le désert, à l'endroit exact ou ta mère t'a fait venir au monde. Creuse la terre et tu trouveras deux sources.Plante un jardin à cette place et cultive-le. Ainsi tu renaîtra et tu sera guéris.
Chez les Touaregs, les femmes sont infiniment respectées,avec le peu de forces qui lui restait, il se fit conduire dans le désert, au milieu des imposants Rochers du Hoggar, à l'endroit ou jadis sa mère enfanta. Il fit creuser un trou profond a cet endroit et trouva les deux sources d'eau claire. Le désert est beaucoup plus fertile qu'on l'imagine et peu à peu s'éleva un jardin magnifique, plantés d'arbres, de fruits et de plantes que lui envoyait du monde entier, ceux qu'il avait rencontré.Tout lui revint bientôt, forces,moral et santé.Par la sagesse de sa grand-mère il fut sauvé.
Je ne crois pas qu'elle avait lu Voltaire, ni Rousseau qui avant elle disait la même chose...et j'en trouverais d'autres,en cherchant un peu, qui connaissent cette vérité première.Mais pour terminer je choisirai Jean-Jacques Rousseau parce qu'il était suisse, qu'il vécut sur l'île St-Pierre si proche de nous et qu'on voit sur tellement de mes photos, et qu'il y écrivit ses fameuses "Rêveries d'un promeneur solitaire" dont est tiré cette si belle citation :
L'habitude de rentrer en moi-même me fit perdre enfin  le sentiment et presque le souvenir de mes maux, j'apris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bohneur est en nous.
Et comme dirait le Candide de Voltaire: "cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin".

03:34 Publié dans histoire vraie | Tags : bonheur, jardin, rousseau, voltaire, sahara, mohamed | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/199630

Commentaires

suis tombée sur ton blog "par hasard" (alors que je n'y crois pas) et j'ai lu les histoires que tu racontes. c 'est exactement la nourriture spirituelle que je recherche car on lit tellement de tout et n'importe quoi que pour moi il est important que je le souligne. Bravo et merci je te lirai avec plaisir à l'avenir.. belle journée..

Écrit par : fanny | 26/03/2010

Écrire un commentaire