Bien à Bienne : L'élément X et la fureur du peuple

L'élément X et la fureur du peuple

17/07/2010 | L'élément X et la fureur du peuple

L'ELEMENT X et la FUREUR DU PEUPLE

Hier, je me suis laissé aller dans un élan de fureur justicière.
Je me suis identifiée à la mère d'Angela, pourtant je ne les connait ni l'une ni l'autre.
Seulement, nous partageons l'essentiel. Nous sommes des femmes.
Ensuite, Angela était une jeune femme, comme ma fille.
La grande part de sa vie devait être devant elle, pas derrière.
Justement, je voulais en parler avec ma fille.
Et je n'avais pas encore pensé, à quelque chose d'important que j'appellerais :
L'élément X.
Vous voyez ce que je veux dire? Vous y aviez pensé?
Et si... le conducteur du bateau fou avait justement perdu le contrôle de son véhicule pour une raison indéterminée, inattendue et indépendante de sa volonté?
Tout en moi hurle que ce n'est pas ça... mais je suis bien placée pour savoir que parfois les apparences sont contre vous et que rien n'est plus dégradant que d'être accusé à tort.
Là, vous me direz, ok, mais même si c'était un accident irréversible, était-ce une raison pour fuir si lâchement?
Ma fille me dit que oui, que si elle avait commis un acte monstrueux involontaire, elle aurait eu trop peur de se dénoncer. C'est ce qu'elle dit, mais je la connait, rapidement sa conscience la retrouverait, la débusquerait ou qu'elle se trouve pour qu'elle puisse la soulager.
Mais ce n'est pas d'elle dont il s'agit.
Et si "lui", toujours avec l'élément x, n'avait pas conscience, ne pouvait pas ou plus, se rendre compte de ce qu'il avait fait?dit ma fille.
-Dans ces cas là, on ne conduit pas de bateau, réponds-je.
-Mais si c'était arrivé à ce moment là pour la première fois?insiste-elle.
-Genre attaque de cerveau? ou quelque chose du genre?
L'élément X.. Une succession de facteurs qui auraient conduit à l'inéluctable, à la tragédie. la rendant encore plus injuste.
Mais j'avoue que j'ai des doutes, des grands doutes. Et tant que je n'aurai pas les informations nécessaires, il me sera impossible de mettre le terme "innocents " sur quelqu'un d'autre qu'Angela et son fiancés.
De toute façon, quoi qu'il en soie, il est responsable. Quelques soient ses capacités intellectuelles en ce moment même .
J'ai déjà vu un homme se faire lapider sous mes yeux. C'était en Afrique. Je ne sais pas ce qu'il avait fait pour mériter ce traitement, mais une foule le poursuivait, l'entourait, lui lançait des pierres, il était couvert de crachats, à moitié nu et pleurait. Je le répète, je ne sais pas ce qu'il avait fait.

Dans un autre village, la coutume était, qu'une fois par année, une personne était sacrifiée.
Ca pouvait être n'importe qui.
Quelqu'un choisi par le peuple, un membre de la tribu, un touriste égaré.. Quelqu'un qui par son attitude sera désigné par l'ensemble du village pour assumer les malheurs de toute l'année.
L'Afrique profonde est si vraie, si puissante que je suis certaine que le choix obéit à des règles naturelles garantes de l'équilibre commun.
C'est pareil pour nous, d'une autre manière. Nous devons juger nos coupables, deverser sur eux toute la haine qu'ils nous inspirent et ne pas leur inventer d'excuses si ils n'en ont pas.
C'est à ce prix uniquement que nous garderons notre équilibre, que nous faisons passer le message : nous sommes des êtres humains et quiconque néglige la vie devra en subir les conséquences.
Nos lois sont plus complexes, mais pour les plus importantes, elles sont issues de ces lois naturelles
qui nous gouvernent depuis la nuit des temps.Celui qui romps leur équilibre doit payer.
Cela s'appelle la Justice.
Ce qui est si frustrant dans la tragédie d'Angela, c'est l'absence de ce coupable. Se terre-t-il quelque part? Continue-t-il ses occupations habituelles?
La fureur du peuple attends pour s'abattre sur lui.
Nous ne pouvons pas lui lancer des pierres, nous n'avons que nos mots et nos pensées. Je dis nous pour ceux qui pensent comme moi. Chacun à le droit de réagir comme il veut lorsqu'à côté de lui se
produit ce qui ne devrais jamais arriver.
On peut fermer les yeux, mais le risque est fort, que le jour ou le destin nous frappera à notre tour, les autres s'en désintéressent.
Ce n'est pas mon rôle? mais c'est celui de qui? de la famille anéantie de douleur et de chagrin?
J'espère que toute la lumière se fera bientôt. Je veux comprendre.
Quand je dis que je voudrais que justice soire faite, j'insiste bien. LA Justice, pas MA justice.
La recherche de la vérité, la compréhension des éléments.
Quoi qu'il aie à dire, le fuyard devrait pouvoir le faire. Tant qu'il en est capable, tant qu'il le souhaite. Mais les jours passent, amoindrissant le crédit déjà quasi-inexistant que l'on pourrait lui faire.
J'écris sur ce que je ressens.. je me domine un maximum pour ne pas tomber dans le piège sans fonds de la haine aveugle. Je suis enragée, d'accord, mais je garde les yeux ouverts, comme j'aimerais qu'on les garde sur moi, quelque soie la place que j'occupe.
Alors bien sûr, je pourrais parler d'autres choses.. mais la révolte qui m'a pris devant cette tragédie
m'as laissé un gout amer.
Parce qu'on m'a accusé déjà, à tort ou à raison et c'est encore plus désagréable quand ça vient de quelqu'un qui n'est pas directement impliqué.Cela aurait pu me détruire.Pourtant je n'ai tué personne.
C'est pour cette raison que je trouvais important de continuer ma réflexion. Je garde ma révolte intacte, mais j'y ajoute mes questions, mon intérêt pour la vérité.
Nous vivons entourés d'injustices, nous ne pouvons pas nous révolter en permanence, mais nous ne devons pas non plus toujours passer à côté sans rien dire.
C'est plus fort que moi.
Je trouve ça plus important que de raconter que j'ai enfin fait ma vaisselle, que ma fille à fait la cuisine... mais quand je pense que je suis le maman d'Hélène et pas celle d'Angela, alors ces mots prennent un tout autre sens.
Voilà, je vous souhaite une bonne journée, et si la disparition de quelqu'un peut rappeler à ses semblables la nécessité de les aimer tant qu'ils sont là, alors ça ne sera pas une consolation, mais une motivation.
Une dernière pensée me vient, prématurée mais qui devra se poser un jour, c'est celle du pardon. La encore, il y aurait beaucoup à dire.
Les absents ont toujours torts.

03:12 Publié dans histoire vraie | Tags : histoire vraie, révolte, angéla, vérité | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

j'espère que la police va le ou la retrouver et que justice sera rendue ;
pour le pardon , c'est une question d'ordre intime qui ne relève que des intimes;
plus le temps passe , plus le bénéfice du doute diminue de toute façon; le personnage se révèle en se terrant

Écrit par : clara1 | 17/07/2010

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