Bien à Bienne : Je suis mal dans ta peau

Je suis mal dans ta peau

07/04/2010 | Je suis mal dans ta peau

Belle journée d'hyper-activité..en quelques minutes j'ai démonté l'armoire devant ma porte et en 8 voyages je l'ai rangée dans la cave, que j'ai profité pour ranger aussi d'ailleurs. L'ennervement est pour moi la meilleure des benzines.
La lettre que j'ai reçue de l'avocat qui me set de propriétaire est tellement insultante.. écrite dans un français approximatif; il m'accuse de violer le règlement de maison. Pauvre règlement, c'est bien la première fois que je viole quelque chose, j'espère qu'il n'a pas trop souffert..
Tiens, aujourdhui, je sais de quoi je vais parler : du manque de respect en général et du manque de respect vis à vis des personnes qui reçoivent l'aide des oeuvres sociales. Je n'ai pas honte de le dire, j'en fait partie. donc, je suis extrêmement bien placée pour en parler.
En Suisse, nous avons la chance d'avoir une certaine organisation, un système d'entraide, qui permet aux personnes en difficultés de vivre décemment malgré tout.
Pour en bénéficier, il faut d'abord répondre à certains critères pour pouvoir en faire la demande.
D'après mes observations, travailler dans ce service demande une certaine capacité d'adaptation et de résistance.
Tant la somme de désespoir, d'humiliation et de malheurs divers concentrés en ces lieux est importante.
Le malheur rends méchant, souvent. Parfois, les insultes pleuvent, depuis quelques temps, un sécuritas veille à la sécurité des employés.Dès que le ton monte, il intervient, du coup, on assiste moins qu'avant aux altercations violentes entre demandeur et travailleur. Des deux cotés, on trouve du manque de respect.Lassitude des uns devant l'agressivité des autres, sentiment d'infériorité mal digérés, méfiance non-dissimulée, souvent due à des mal-entendus, à l'inquiétude retro-active...L'ennemi, c'est l'autre.Celui qui n'est pas à votre place,qui ne peut pas vous comprendre.Malheureusement, c'est l'ambiance qui règne en général.
Heureusement, il y a aussi de part et d'autres, des gens formidables.Qui comprennent, qui analysent justement, qui se battent pour l'intérêt des autres, ou qui sont reconnaissant de l'aide qu'on leur apporte.Moi, par exemple, j'estime en faire partie, de même que la personne intelligente, forte et combative qui m'as compris et défendue avec une énergie dont je lui suis infiniment reconnaissante.
Et pourtant, lorsque j'ai accompagné quelqu'un récemment pour l'aider à faire les démarches, j'ai senti une rage terrible monter en moi devant l'attitude méprisante de la guichetière qui nous as reçu.Mes instincts les plus bas sont ressortis.Alors, j'essaie de me mettre à sa place, de me dire qu'elle ne fait pas un boulot facile, mais est-ce une raison pour être si désagréable? Je sais bien que c'est pareil partout, il y a des vendeuses si désagréables que j'évite leur caisse. Le problème c'est que là, on touche au désespoir de l'être humain qui demande de l'aide. Pour certain, cette démarche même est impossible.C'est un sujet extrêmement délicat. La première fois que je me suis assise sur une chaise dans l'entrée des oeuvres sociales, j'ai senti que le bois avait gardé les vibrations de lassitude et de rabaissement de ceux qui m'ont précédés.Une fois cette épreuve passée. On imagine difficilement que d'autres personnes puissent penser qu'il est facile d'obtenir du soutien et agréable d'en profiter. Et pourtant...Il existe des gens qui ont le sentiment que ceux qui ont des problèmes les ont cherché, qu'ils sont fainéants, profiteur, incapables et qu'ils sont grassement payé pour ne rien faire.Non seulement, ils le pensent, mais ils le disent haut et fort.Et cela s'accompagne d'injures, de menaces,d'un sentiment d'injustice si fort qu'il en devient insupportable.Comme s'ils trimaient à la place de ceux qui se reposent.
ceux là ne se doutent pas que la situation de ceux qu'ils envient peut être si insupportable que le travail serait des vacances.Du coup, c'est le cercle vicieux "je te déteste parce que tu ne travaille pas et que tu reçois de l'argent pour te tourner les pouces" des uns contre le "je te déteste parce que tu as la chance d'avoir du travail et tu râle contre moi qui ai des problèmes que j'échangerais bien contre une vie normale". Comment se mettre à la place des autres? de celui qui fait un boulot qu'il déteste  parce qu'il n'a pas le choix, il faut manger.De la femme qui élève ses enfants seule .De celui qui a perdu confiance ...ou qui as tout perdu...
Il faut bien se garder d'envier les autres.. on risque de devenir comme eux et d'être surpris...

01:36 Publié dans reflexions | Tags : bienne, respect | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

je connais bien ces situations , j'accompagne souvent les personnes qui ont besoin d'être aidées; et c'est souvent vécu comme une humiliation ; pourtant................il y a tant à dire

Écrit par : clara1 | 10/04/2010

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