23/01/2012 | Fantômette et ses lunettes

C'est officiel : il va m'en falloir.
Je ne sais pas encore si elles seront rondes ou carrées.
En métal ou en fibre de verre.
En couleur ou pas.
Je me réjouie déjà d'essayer!
J'ai toujours rêvé d'avoir des lunettes.
J'avais même essayé de ruser, de faire comme si , soudain, lors d'un anodin contrôle chez le médecin, je n'y voyais plus aussi bien.
Mais ça n'a pas fonctionné.
Et j'avais trop mauvaise conscience.
Ah.. des lunettes..
Comme Fantômette.
L'héroïne absolue de mon enfance.
La Reine du déguisement.
Écolière le jour et justicière la nuit.
Avec mes 1 francs d'argent de poche par semaine.
Si. 1 franc.
On ne rigole pas.
Quand je dis que je viens d'une famille modeste...
Je devais attendre 5 semaines pour disposer de la somme nécessaire pour me payer le récit de ses aventures.
Et là, je courrais chez Lüthi,
avec dans ma tête,
le titre du prochain Fantômette,
J'en avais rêvé pendant un mois.
Alors, je me dirigeais timidement vers ma vendeuse préférée.
Une femme très gentille, grande et mince.
Avec un visage anguleux et de longs cheveux noirs.
Si elle n'était pas là, j'étais très déçue.
C'était la seule capable de me comprendre.
De faire de cet achat un rituel important.
Avec tout ce que ça comportait.
Le papier autour du précieux ouvrage.
Le nom du prochain auquel j'allais rêver pendant un grand mois et qu'elle cherchait sur son ordinateur.
Oui, les ordinateurs existaient déjà à cette époque. (...).
Arrivée chez moi, je découpais un pain de sils en tranches fines, avec de la nutella ou de la confiture.
Je m'installais dans mon lit et... je m'évadais.
Fantômette la nuit, Françoise le jour , ses copines Ficelle et Bouboule
Parfois, je me hasardais un peu, en l'attendant, à regarder les autres livres.
Mais il ne me serais pas venu  à l'esprit d’acquérir autre chose qu'un Fantômette.
Puis un jour, je les ai tous lu. Tous acheté.
J'avais la collection entière précieusement alignée que je comptais transmettre à ma future fille.
Eux aussi ont disparu dans l'incendie...Ma fille n'aurais pas aimé, et pour l'éternité Fantômette n'appartient qu'à moi.

La dame aux cheveux noirs à quitté Lüthi pour travailler à la bibliothèque de la Ville.
La Bibliothèque, un nouveau monde ou la lecture est gratuite.
Je passais de la bibliothèque rose à la bibliothèque verte.
Du Club des 5 au Clan des 6.
Des heures et des heures de bonheur à dévorer des Agatha Christie.
Scherlock Holmes me fascinait.
Victor Hugo m'élevait.J'ai du lire les Misérables 5 fois.
Mais revenons à nos lunettes.
En attendant, ma maman m'a prêté une paire.
Des lunettes de vue ça s’appelle, comme si ça pouvait être pour autre chose (!).
Des lunettes pour le nez ?
Bon , je suis contente, je vais avoir des lunettes.
Là, ou je suis impressionnée, c'est que je ne me doutais pas à quel point je vivais dans le flou.
Un beau flou, un flou artistique, mais un flou tout de même.
Donc, afin de ne pas le regretter toute ma vie, je vais aller chez Fihlmann.
J'ai vu que pour la modique somme de 47 francs 95, déjà, on peut en avoir .
Bon, si j'en veux des belles, ça coutera plus cher.
L'essentielle, c'est qu'elles me plaisent.
Qu'elles soient légères et résistantes.
Je les aime déjà :.
Ca y est dés que j'enlève celle-là, le monde m'apparais insupportablement flou et imprécis.
Heureusement, dans une petite semaine, c'est la fin du mois et je vais pouvoir réaliser mon rêve.

11:14 Publié dans histoire vraie | Tags : fantômette, lunettes, bibliothèque | Lien permanent | Commentaires (8) | Trackbacks (0) |