Bien à Bienne : En remet une couche

En remet une couche

25/06/2012 | En remet une couche

L'autre jour, à la télé, il y avait une émission sur les conséquences des accidents de voiture.A un instant, on se trouvait dans le bureau d'un représentant de la prévention routière.

Et l'homme qui se trouvait en face de lui venait pour apporter son aide.

Pour témoigner de l'enfer qu'il vivait depuis son accident.

Tout les jours, il se demandait pourquoi ce n'était pas lui qui avait été tué.

Parce que l'accident, il ne l'avait pas subit : il l'avait provoqué.

Il ne l'avait pas subit dans l'instant, mais il subissait depuis.

L'impossibilité de revenir en arrière.

L'impossibilité de ramener à la vie sa victime.

Alors, il ne pouvait pas se racheter, ce n'était pas le but.

Mais faire quelque chose pour que sa faute, pour que sa punition deviennent un témoignage.

Un témoignage fort.

Parce que si les victimes sont nombreuses à s'exprimer, les responsables le sont beaucoup moins.

-On ne va pas les plaindre tout de même? Ils boivent, prennent le volant et assassinent des familles entières!

Non, on ne va pas les plaindre.

Mais on peut essayer de les comprendre.

Provoquer un accident, ça peut arriver à tout le monde.

Prenons  un autre exemple : la mamie qui surveille une petite fille et s'absente deux minutes : la petite fille passe par-dessus la rambarde du balcon et se tue 4 étages plus bas.

Dans les deux cas, il y a de la négligence, coupable.

Ils sont coupables.

Ils n'ont pas été parfait tout le temps.

Mais qui le peut?

Ma marraine, paix à son âme, a perdu deux de ses enfants.

Le premier s'est noyé dans un petit  étang.

La deuxième est tombée dans une forêt escarpée.

Ma marraine a eu d'autres enfants.

Mais, ni elle ni son mari ne se sont jamais remis totalement.

Et si.. si on avait été plus près.

Si.. TU avais été plus près.

Mais que faut-il pour éviter les accidents : tenir les enfants en laisse?

Je ne compare pas.

Je n'aime pas l'alcool.

Je n'aime pas ce qu'il fait des gens.

On sait que l’alcool ralentit les réflexes, pourtant on continue de boire et de conduire.

On sait que le préservatif protège du Sida.

Alors pourquoi y a t'il encore des gens pour ne pas l'utiliser.

Parce que nous sommes humains.

Donc imparfait.

Certains plus que d'autres.

En aucun cas je ne veux comparer : surtout pas dans le cas de mon ami.

C'est un alcoolique qui à provoqué son accident.

Il n'a jamais manifesté ses regrets.

Mais est-ce que ça signifie forcement qu'il n'en avait pas?

On sait comme il est difficile pour certains parents qu abandonnent leurs enfants de reprendre contact avec eux.

La culpabilité est si grande que proportionnellement, ils imaginent la rancune en face d'eux.

Et c'est insupportable.

-Mais arrête! La nonplus on ne va pas les plaindre!! Et tu parle de ceux qui ont des remords, mais il y a des gens qui n'en ont pas!

C'est vrai. Raison de plus pour les plaindre.

-Pour les mépriser oui!

Si tu veux, mais le mépris, la haine, la rancune sont des sentiments destructeurs.

-On est d'accord.

Alors, tu ne crois pas que ces personnes ont déjà fait assez de mal comme ça?

Les détester, c'est leur donner encore plus de pouvoir.

Et c'est se détruire soi-même.

C'est pour cette raison essentielle que j'ai osé dire à mon ami de pardonner à son agresseur.

Parce qu'il se fait du mal supplémentaire en continuant de lui en vouloir.

Je le sais.

C'est mon expérience personnelle.

Une femme à détruit ma vie.

Ca m'a rongé, bouffée, terrorisée pendant longtemps.

Je ne sais plus comment j'en suis arrivée là.

Je cherchais une solution pour ne plus souffrir.

C'est ça.

Elle m'obsédait tellement ue c'en est devenu intolérable.

Je ne voulais plus lui donner ce pouvoir sur ma vie.

Pardonner, ce n'est pas oublier.

C'est passer à autre chose.

Lâcher prise.

Enlever de sa bouche ce vieux chewing-gum empoisonnant.

Et une fois que c'est fait, qu'importe ce que devient l'agresseur.

-T'as pardonné à tout ceux qui t'ont fait du mal toi?

Non.

Celui qui frappait ma fille, bien à l'abri dans son costume de prof, je lui en veut toujours.

J'attends qu'il paie.

Chaque jour qui passe, je me dis que sa punition sera plus grande encore.

Je me dis aussi qu'il paie déjà. D'être ce qu'il est.

Alors, je ne lui ai pas pardonné encore, par contre je me suis pardonné à moi-même.

De ne pas m'être rendu compte de ce qui se passait.

D'avoir été incapable de l'arrêter.

De pardonner aussi à toux ceux qui ne me comprenaient pas.

Comment auraient-ils pu?

C'est toute la contradiction : la victime d'une injustice souffre tant qu'elle devient insupportable.

Parce que la souffrance à toujours sa petite soeur qui lui court après :

son nom est méchanceté.

Nimbé dans ce nuage d'incompréhension et de peine, on ne voit plus clairement la réalité.

Bébé n'est plus là, mais je veux aller me coucher tôt quand même...

Voilà, c'est le matin et je me relis.

il était important pour moi d'écrire tout ça.

Dans ces moments ou j'allais si mal, je n'avais personne pour lutter à mes côtés. Par contre, ma famlle essayait tant bien que mal de me soutenir et se ramassait les balles plus ou moins perdues que j'envoyais .

Par désespoir.

Et c'est là, tout le malentendu.

Celui qui souffre ne peut pas admettre que d'autres, à qui il n'est "rien arrivé" se permettent de lui dire qu'il les fait souffrir en souffrant.

C'est injuste.

L'unique moyen de sortir de cette incompréhension est d'abaisser le niveau de douleur, afin de clarifier les choses.

J'essaie de faire comprendre à mon ami que l'expérience d'une grande douleur a aussi ses avantages.

On gagne en sensibilité.

La sensibilité est une grande force quand on la maitrise.

Elle permets de mieux comprendre les gens et les choses.

Avant même qu'elles ne se produisent.

Quand on est conscient de ce cadeau inespéré, encore faut-il l'utiliser à bon escient.

Pour aider les autres.

Tant qu'on peux.

Je rapelle qu'il vaut mieux aider que d'être aidé.

Donc, si on peut le faire, dans la mesure ou ça nous fait du bien.

Le retour c'est une meilleure qualité de vie.

L'évolution.

La progression.

La diminution des souffrances.

Je suis très loin d'être une sainte, on le sait.

Par contre, j'ai une certaine expérience et je suis toujours contente si je peux la partager.

Même si ce n'est pas agréable à entendre, tant pis.

Les paroles de miel engluent.

La vérité fait avancer.

13:25 Publié dans histoire vraie | Tags : souffrance, vérité, pardon | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

je suis tout à fait d'accord,le chemin est pourtant très long, il dure presque une vie;
par expérience je sais que l'indifférence sauve la victime et punit encore plus le bourreau qui perd ainsi son emprise

Écrit par : clara | 26/06/2012

Encore une fois, Clara tu es la voix de la raison :)

Écrit par : cat | 26/06/2012

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