Bien à Bienne : Signes

29/05/2011 | Signes

Aujourd'hui, j'ai remplacé ma voisine dans son magasin et, j'ai eu des signes...
D'abord, la première la première cliente avec qui j'ai papoté partageais ma passion du jardinage et , moi qui croyais lui apprendre quelque chose,
connaissait parfaitement le goji..elle m'a même sorti le nom scientifique :
-Ah oui! du Lycium barbarum..
Elle avait des cheveux gris et blancs, mais sous cette masse coupée au carré, des yeux pétillants d'intelligence.
Avec ce soupçons de souffrance dissimulée quoi que consciente..
De la belle souffrance, de celle qui vous lamine une femme mais lui permet en parallèle de se reconstruire, plus belle qu'avant.
Ce que j’appellerai "le syndrome du Vieux Chalet".
De la souffrance, mais contenue, à sa place de souffrance.
Une souffrance pas encore assez guérie pour que je ne devine pas cette barre sur la poitrine qui empêche de respirer pleinement.

Surement pas une douleur qui s’exhibe. mais je m'y connait, donc je l'ai remarqué.
Pas à cause de ce qu'elle disait. Ses silences étaient bien plus éloquents.
Le reste n''était meublé que par le récit de ses activités.
Meubler sa vie pour ne pas sombrer.
Je sentais la barre invisible sur sa poitrine, celle qui contenait ses derniers sanglots.
Mais qui l'empêche encore de s'épanouir comme ces fleurs que nous aimons tant.
Elle ne m'a rien dit et pourtant elle m'a tout raconté par sa présence, ses geste délicats,
son regard profonds.
J'ai aimé cette femme et son attitude.
Elle ne s'imposait pas mais plus elle la maitrisait et plus je la voyais, cette douleur que je connait si bien .
Elle est partie sur une promesse aussi muette que tacite.
Ce sont les plus solides.
Je me réjouie de la revoir.
C'est une fois qu'ils partent que les gens nous révêlent ce qu'ils sont, par ce que nous raconte leur absence.
Comme si on découpait leur silhouette sur une feuille blanche.
Et puis mon amie Armelle est passée en vélo et s'est arrêté.
Armelle future-maman!
Quelle bonne nouvelle!
Petite Armelle timide avec appareil dentaire et violon sous le bras,
dévorée par un contexte familial douloureux lui aussi.
Petite est devenue grande et belle, sublime joueuse de piano, portant la vie à son tour.
Ma fille est allée chez le coiffeur et j'ai gardé Choupette avec moi.
Le magasin s'est rempli soudain de jeunes femmes et petites filles "alternatives".
Cheveux semi-rasés, colorés de rouge et d'orange pour les plus âgées.
Dont une qui se souvenait de mon magasin.. le plus génial qu'elle aie connu..
J'ai envie..
Et pour finir, la dame de la boutique d'à côté qui veut de la céramique et des cadres dorés m'a reconnu elle aussi.
Nos filles se trouvaient dans la même classe, étaient les meilleures amies...
et elle aimerait bien qu'un magasin comme le mien s'installe dans le quartier.
Et pourquoi pas?
Je regarde une émission sur les alcooliques et j'aimerais dire à la jeune femme qui en veut tellement à sa mère "alcoolique".Elle lui reproche tant de choses.
Entre autre, de ne pas avoir eu la force d'arrêter grâce à l'amour qu'elle a pour elle.
J'aimerais lui dire que les enfants ne peuvent pas, ne doivent pas être une motivation.
Et que justement, c'est parce qu'une mère aime ses enfants qu'elle se sent tellement mauvaise
que les gestes les plus anodins deviennent si pénibles.
C'est un cercle vicieux.
Heureusement que je déteste tellement ce que l'alcool à outrance peut faire des gens.
Je n'ai rien contre l'alcool tant qu'il sert au plaisir. Dans la cuisine..hmm ma fameuse sauce au Sauternes..
Ou pour désinfecter !
Aujourd'hui encore, on a eu très peur, ma fille et moi.
Nous étions sur la terrasse et elle me regardait installer un part vent quand soudain une barre de fer ...
horreur absolue en un quart de seconde.. à glissé et éraflé la paupière de Choupette.
Une micro-goutelette en à jaillit et heureusement qu'elle a eut le réflexe de le ferer, sinon.. elle aurait pu..
j'ose à peine imaginer.
Son petit oeil si délicat.
Aussitôt, alors que c'est un regrettable accident, je me suis sentie telle l'éborgneuse de petite fille!
D'alleurs ma fille m'a jeté un regard assassin totalement injuste.
Elle était traumatisée.
Ma fille, pas ma petite-fille.
Sidney après quelques pleurs de surprise, s'est vite remise.
Par contre ma fille qui la serrait désespérement dans ses bras, découvrait ce nouvel état :
La mère dont l'enfant à été blessé.
Il lui fallait un coupable exutoire, j'étais là...
J'ai dilué un peu de camillosan et appliqué un peu sur l'endroit, à peine plus grand qu'une tête d'épingle.
Choupette me regardait en souriant, ensuite, elle a tété goulument son biberon et s'est endormie.
En deux mois et demi, c'est la première fois qu'il lui arrive quelque chose.
Sinon, elle est tellement heureuse et épanouie.
Elle rayonne de beauté et de tout l'amour qu'on dépose sur elle.
D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, je vous mets une photo de la merveille des merveilles,
Un beau sourire qui montre bien comme l'être humain devient quand il a la chance d'avoir une place ou tout ses besoins sont comblés.
Quand je pense aux enfants des bidonvilles qui courent joyeusement entre les déchets, leurs maison de tôle, leurs ventres gonflés par le vide..
et qui arrivent malgré cela à illuminer leur visage d'un sourire éclatant..alors je continue de croire que l'être humain est bon, à la base.
En général.
Et c'est ensuite que se complique...
Si vous n'avez jamais vu "Slumdog millionaire" je vous le recommande.
C'est exactement le sujet.