Bien à Bienne : Se perdre pour se retrouver

Se perdre pour se retrouver

02/11/2011 | Se perdre pour se retrouver

7925 visites pour le mois d'octobre, quelle bonne surprise.
D'après l'analyse éclairée de mon beau-frère, c'est certainement quelqu'un qui m'a fait de la pub.
L'outil de statistique dont je dispose n'est pas assez détaillé pour que je saches qui.
Ce qui me permettrais de le, la remercier, chaleureusement.
Le challenge, maintenant, c'est de maintenir ce chiffre, voir de l'augmenter.
Avant tout, je n'oublie pas que derrière ce nombre, il y a des gens, vous.
Avec les retours que je reçois sur Facebook et certains commentaires, j'ai une idée de qui vous êtes.
Très différents! Et c'est génial.
J'aime l'idée d'être le petit plaisir qui accompagne le café du matin.
Le début d'une journée de travail, ou la fin.
J'aime l'idée de vous procurer des émotions.
Et j'adore ce côté aléatoire qui fais qu'en écrivant toute seule, la nuit,
certains de mes mots vous vous toucher par la suite.
Flo m'a écrit : " J adore lire tes écrits ils me donnent des émotions de toutes sortes et merci pour les photos j adore aussi ...."
Ca me fait énormément plaisir. C'est exactement mon but.
J'aimerais préciser que je ne fais pas exprès, je n'ai aucune idée de ce qui va atteindre les gens, tout ce que je sais, c'est que ce ne sont pas les mêmes mots, ni les mêmes personnes.
C'est un peu comme si j'étais une sorte de crayon qui sert à envoyer des messages personnels.
La seule chose dont je suis certaine c'est que je le fais pour ça.
Alors, j'écris ce qui me passe par la tête, sans me douter que quelques heures plus tard, quelqu'un se dira : "mais oui, c'est aussi ce que je pense!".
C'est parfois si bon de sentir qu'on est pas seul à penser telle ou telle chose.
Les pensées sont comme des séries de notes sur les portées d'une longueur d'onde.
On est branché sur l'une ou sur l'autre.
Je suis une pythie moderne.
Plus besoin d'aller jusqu'à Delphes attendre que mes copines et moi sortions de notre torpeur hallucinée pour vous délivrer le message qui vous est destiné.
En 2011, on allume son ordi et on trouve tout seul.
C'est aussi ce que je fais avec ma télé.
Et à, ce que je vois fais peur.
Appel d''urgence, sur Tf1 sur le thème des urgences vétérinaires.
La, on est chez la vieille dame et ses chats.
Dans une maison remplie de déchets survivent péniblement les rares matous ayants échappé au corysa.
Et Hop, on passe au couple de saltimbanques qui dressent des alligators.
La trappe s'ouvre, et un machin  de 200 kilos ,vert et bosselé, aux yeux tueurs montre son immense gueule.
"Il s'appelle Donald" dit le dresseur avec tant d'affection dans la voix qu'on dirait qu'il parle de son propre enfant.
Sur le canapé, Savonette s'endort tranquilement.
A la télé, le vieux chien d'une dame âgée s’endort lui aussi, mais pour toujours.
Je me demande pourquoi cette décision que l'on prends par amour pour nos animaux,
devient tout une histoire quand il s'agit d'humain.
La propriétaire d'un autre chien, enlève sa veste de cuir pour la mettre sous la tête de son golden qui vient d'être opéré.
Pour diminuer son stress. Tandis que la morphine diminue ses souffrances.
J'aimerais que chaque enfant du monde aie droit aux mêmes soins.
Et la dame qui vit aux milieu des ordures, et celle qui néglige ses petits chiens... qui va s'en occuper?
Pourtant, elles aussi auraient besoin qu'on s'en occupe, qu'on les lave, qu'on les soigne, qu'on les rassure, qu'on en prenne soin..
Qu'on diminue leurs souffrances...
Il y a là un vide incroyable.
Pendant ce temps à la clinique vétérinaire, on se demande pourquoi ce perroquet s'arrache-t-il les plumes?
Nouvelle urgence, un hamster avec une tumeur. Pauvre petite bête.
C'est trop chou, un mini bloc-opératoire, on le réchauffe au séche-cheveux.
On promène le perroquet dépressif en lui faisant la conversation.
Je trouve ça admirable.
Comme je trouve admirable le propriétaire qui rassemble toutes ses 3000 euros d'économies pour opérer son chiot hydrocéphale.
L'être humain est désarmant.
Pourquoi sommes nous..je me mets dans le lot parce que je suis pareille, prêt  à tout pour le bien-être de nos animaux et si indifférent au sort d'êtres humains que nous ne connaissons pas,
certe, mais qui vivent sur la même planète et sont de notre espèce?
Peut-être est-ce tout bêtement une question de territoire?
Après tout, ces animaux qui nous sont si chers sont prêts à tout pour défendre leurs territoires.
Avec nos instincts primaires nous serions donc ainsi.
Après tout, s'il n'y avait pas la télé, ou la photo, nous n'aurions pas les images pour nous en rendre compte.
Mais avant que l'image et sa diffusion ne soie possible, dans quel état était le monde?
Ca date de quand, cette pauvreté, ces famines.. quelles sont les causes de la misère dans le monde?
Je me souviens qu'à l'école, on m'avais appris que les pays s'étaient perdu tout seul en ne cultivant plus que les produits qui rapportaient au détriment des autres.
Simpliste, me direz-vous.
Flash-back : l'Afrique, la sortie de Dakar. 40 couvertures , 40 vendeurs derrière elles, et posé sur les couvertures, des oranges, les mêmes.
Je suis atterrée devant tant d'immobilisme. Tant d'illogisme. Et si j'ai envie d'orange, quel vendeur choisir parmi les 40? Ce serait trop injuste.
Du coup, je n’achète rien. Et si j'achetais, alors forcement, je prendrais le moins cher.
Tout est là.
Alors je demande à notre accompagnateur : pourquoi tout ces vendeurs ne vendent-ils que des oranges.
Et il me répond dans sa logique toute africaine :
parce qu'il y a des plantations d'orange.
J'ai beau réfléchir..chercher des solutions..je me heurte à des centaines d'années de résignation et d'immobilisme.
Pas partout, heureusement, dans les marchés, de robustes femmes tiennent d'autres stands, chargés de tissus et pratiquent un commerce qui fait vivre toute la famille.
Autre flash back : la famille sénégalaise aisée qui nous éberge la première nuit. Le fils de 4 ans à renversé de l'eau.
Le maître appelle la servante.
Et tandis qu'elle éponge le liquide avec une serpillère, agenouillée sur le sol dur, il se tient debout à quelques centimètres d'elle, les bras croisé,
l'air insupportablement supérieur, maintenant son rictus de dédain jusqu'à ce qu'elle aie terminé. Sans un merci.
Au contraire, on dirais qu'il la commande durement exprès pour nous impressionner.
Lui en chemise et pantalon, elle en costume traditionnel.
Impressions de moyen-âge, de mauvais copié-collé.
Cette servante, qui sert aussi de baby-sitter et de cuisinière avait elle-même une famille qu'elle ne voyait que rarement, l'éloignement et son maigre salaire ne lui permettant pas le voyage.
Elle se venge de ses humiliations sur nos affaires, en massacrant mon linge.
Et là, devant mon beau gilet léopard que j'aimais tant, complétement saccagé, je compatis nettement moins au sort de la pauvre employée.
Impitoyable Afrique. Contradictoire Afrique. Raciste Afrique, qui déteste les blancs tout en rêvant d'aller chez eux, qui déteste les autres ethnies,le sud contre le nord, la ville contre la campagne, les moins blancs contre les plus noirs.
Et soudain, par-ci par là, un être exceptionnel, gentil désintéressé, réfléchi.
Finalement, l'Afrique m'a fait penser à la Suisse. Les gens sont comme nous. Différents certes, plus direct, mais pareil dans le fond.
d'ailleurs, en les regardant bien , je retrouvais lceux que je connaissait chez nous en version africaine.
Je suis rentrée dégoutée de tout, et la dépression qui a suivi n'avais pas de couleur, je ne pourrais pas dire encore quel en étais la cause. Peut-être parce que je n'avais pas ouvert les yeux assez grands sur mes propres erreurs.
Le salut n'est ni ailleurs, ni ici. Je l'ai su plus tard, on prends ses problèmes avec ou qu'on aille.
Le salut est à l'intérieur.
Mais malgré ça, les autres sont nécessaires, nous sommes liés, qu'on le veuille ou non. Alors autant être aimé tant qu'on le peux,
et pour être aimé, alors commençons par être aimable.
Ca ne m'a pas empêché de tomber dans le piège suivant : être celle que je croyais qu'on voulait que je soie.
Mais "on" n'existe pas et agir pour rien est le meilleur moyen de se perdre.
Et puis, c'est étonnant, mais "se perdre" peut être un chemin acceptable.
Tant qu'on se retrouve!!


02:03 Publié dans histoire vraie | Tags : perdre, retrouver, afrique | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/1034050

Commentaires

tu as tout à fait raison
rien ne sert de partir car on emmène ses démons avec soi,
et c'est en soi qu'on peut trouver la solution ;
encore faut il en prendre conscience et accepter de se remettre en question

Écrit par : clara | 02/11/2011

super texte, j'aime beaucoup !

Écrit par : didier | 04/11/2011

Écrire un commentaire