Bien à Bienne : Ritaline t'es pas ma copine

Ritaline t'es pas ma copine

07/01/2011 | Ritaline t'es pas ma copine

Le temps passe et avec lui vient la prescription.
Le temps arrange les choses, dissipe les douleurs, aplanis les rancoeurs les plus tenaces..en ce qui me concerne en tout cas.
Et puis vient le moment de se réconcilier avec les ennemis d'hier, quand c'est possible, quand leurs chemins rencontrent le miens et que je constate que c'est possible.
Alors, c'est tout bénéf.
Prenons deux exemples ;
L'amie qui allait mal et m'a blessée plus ou moins en le faisant exprès-
Le père de mon fils qui m'en a tant voulu de .. de quoi au fait? je ne lui ai rien fait. Je cherchais à me protéger, à protéger mes enfants.
Le fait est que l'amie redevient proche, le père s'assagit (plus ou moins).
Mais si j'ai progressé ces dernières années alors les autres ont progressé aussi. En tout cas ceux dont je parle.
Personne n'a envie de remettre sur le tapis ce qui nous a désuni. Mais on oublie pas, on mets de côté, voilà.
Alors, une fois que c'est fait, reste tout ce qui nous lie.
Beaucoup de souvenirs, une partie de nos vies. Ce sont les autres qui nous construisent en partie.
Nos autres.
Alors, il faut en prendre soin. Remarquer s'il ne vont pas vont pas bien. Si on ne pourrait pas faire quelque chose pour eux.
Quelque part, en soignant nos autres, c'est de nous qu'on s'occupe.

Il y a aussi les amis perdu de vue pendant 20 ans et dont on découvre qu'il connaissent les mêmes difficultés.
Avec leurs enfants.
Les mêmes difficultés mais pas les mêmes remèdes.
Je me suis battue pour que mon fis n'en prenne pas.
Je ne suis pas contre à tout prix, il y a toujours des exceptions. Je n'en connait pas, mais j'essaie de rester ouverte.
Dans mon expérience personnelle, je connait quatre enfants qui ont pris de la ritaline.
Ce n'est pas énorme, mais je les ai bien observé, de près.

Le premier, on va l'appeler Juan. Il est venu dormir chez moi et c'est là que j'ai eu ma première expérience avec la ritaline.
Sa mère me confie les précieux médicaments en m'indiquant l'heure de la prise.
Inconsciemment réfractaire, j'oublie de la donner à l'enfant qui s'amuse avec mon fils.
Mais petit à petit, je le vois se transformer sous mes yeux.
Il est "en manque".
Sa voix devient de plus en plus grave.
Ses manières de plus en plus agressives.
A la limite de la violence.
Je m'empresse de lui donner son médicament.
20 minutes plus tard...
Son regard devient ... c'est triste à dire mais l'étincelle de vie diminue.
Il redevient plus calme, plus gentil, mais avec une sorte d'absence.
Je me sens mal. J'ai l'impression d'avoir drogué un enfant.
Malgré la dose impressionnante de ritaline qu'il consomme, Juan ne progresse pas, au contraire.
Son corps s'habitue et son esprit domine la matière.
Et puis même, le médicament ne résout pas les problèmes d'environnement.
Finalement dans son cas, peut-être que ça l'a tranquillisé un peu, au début.
Ensuite, il n'a servi à rien d'autre que de brider cet enfant.
Peut-être que cette énergie qu'on se donnait tant de peine à brider,
l'aurait-il mis dans autre chose.. le sport par exemple..encore aurait-il fallu qu'il trouve le bon.
Pas un sport d'équipe en tout cas..
Un enfant drogué à autant de peine à s'intégrer parmi ceux qui ne le sont pas, qu'un adulte.
Mais voilà, Juan est un enfant unique, sa mère travaille, il n'a pas d'ami, pas de père non plus.
Ca n'arrange rien.
Psy, dépression.

Le deuxième s'appelle Paul, on va dire.
Ses parents sont d'un milieu aisé, il a des frères et soeurs.
Il prends de la ritaline depuis des années quand je le rencontre pour la première fois.
Il est intelligent, mais quelquechose reste fermé..
Je m'en rends compte lorsqu'il vient chez nous comme la ritaline influe sur son appétit.
Il pille mes réserves de nourriture. Tout y passe, même ce qu'on ne mange pas habituellement.
Il est plus âgé que Juan, plus socialisé et très malin.
Ca n'empêche pas que lui aussi peine à s'intégrer, il fait des "bêtises", il est kleptomane aussi.
La délinquance l'attire comme le sucre attire les abeilles.

Il aimerait arrêter la ritaline mais  ses parents ne sont pas d'accord.

Quand il repart de chez nous, j'en retrouve un peu partout.
Je les mets de côté et je les lui rends.
Nous discutons beaucoup. J'aimerais comprendre.
alors, il me propose d'essayer.
J'en prends la moitié d'une.
La ritaline, à la base, ressemble à une sorte d'amphétamine qui fait l'effet inverse chez certaines personnes.
J'ai de l'énergie, mais une énergie artificielle qui me guide malgré moi.
C'est ça. Guidée malgré moi. Je suis comme "à côté" de mon corps. Absente.
Je me dis que si je suis comme ça seulement avec une demie..
en prendre plus et chaque jour à de quoi modifier totalement une personnalité.
Paul à décidé d'arrêter.
Après tant d'années de  consommation, ça ne va pas sans peine.
Psy, dépression.

Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Petit à petit, il se retrouve. La porte s'ouvre. Enfin.
Il y aurais beaucoup à dire.
Les parents s'interposent et tentent de le forcer à reprendre. Ils prétendent que la ritaline n'est pas addictive.
Lui voit bien que si.
En plein milieu de son adolescence, il est perdu.
Il s'enfuit.
Aujourdhui, il a définitivement arrêté et se reconstruit, petit à petit.

Le troisième est plus âgé.
Il a la trentaine. Vit avec sa mère.
Il n'a pas de vrai travail.
Il fait la fête.
Il prends toutes sortes de substances, devient accro à la cocaïne.
Ca coute cher dans tout les sens du terme.
Jusqu'à ce qu'il découvre la ritaline, et comprends qu'il a trouvé
de quoi palier efficacement et légalement aux inconvénients de la cocaïne.
Plutôt que de chercher à se retrouver, il préfère être ce personnage sans âme
ni sentiment qu'il est devenu avec ses substances.
Il est très seul au milieu de la foule qui danse, mais la ritaline lui sert de compagne.
Psy, dépression.

Et le quatrième, il s'appelait Martin.. ben oui, il s'appelait.

Il était fin, gentil, il aimait beaucoup sa maman. l était très soigné, trop. Avec son pantalon bien repassé et sa chemise impeccable il détonnait parmis les enfants de son âge, Et puis, il est devenu ados. Et ses difficultés d'intégration ont empiré.

Psy.dépression...Suicide.


Voilà. C'est un fait, la ritaline modifie le comportement, mais aussi la personalité. Elle influe sur le cerveau
mais c'est difficlie à détecter dans quelle mesure étant donné que c'est différent pour chacun.

A mon enfant aussi, on voulait en prescrire, je n'ai pas voulu, alors on a tenté de l'éloigner et ce fut pire.
Je ne prétends pas avoir réponse à tout mais il me semble évident que ce qu'il faut à un enfant, à la base,
ce sont ses parents. Ou du moins un entourage qui l'aime.
De l'amour et de la compréhension, et ensuite, une solution adaptée.
Mais voilà, on a pas cette solution, alors on en a inventé une.
Tapez "ritaline" sur google et vous verrez apparaitre les mots : poison, dogue, mensonge des psys. Et pire encore, vous verrez les expériences des drogués qui se l'injectent
ou la sniffe. La ritaline est une drogue. Et si forte qu'il suffit  à un adulte d'un demi comprimé pour en ressentir les effets. Alors, un enfant!!
Je ne suis pas la  seule qui a constaté les effets pervers de ce médicament.
J'en parles vraiment en connaissance de cause. Je l'ai essayé, deux fois.
Et je peux vous assurer que si vous faites de même, l'idée d'en donner à un enfant vous semblera incongrue!!
Je ne vais pas en entrer en croisade, mais chaque fois que j'en aurai l'occasion je le dirai haut et fort :
La ritaline est une drogue puissante et dangereuse, addictive. Aux effets dévastateurs, pendant et même après.
Je ne dis pas que tout les médecins qui en prennent savent ce qu'ils font, ils ne peuvent quand même pas tester
eux-mêmes tout ce qu'ils prescrivent.
Alors, je ne sais pas pourquoi les parents continuent d'en donner à leurs enfants. Ils font confiance au médecin tout-puissant...
ou alors, effectivement, l'enfant qui est réelement hyper-actif a le métabolisme inversé.
C'est à dire que sur lui un excitant fait l'effet d'un calmant et vice-versa.
Il n'empêche que la ritaline, de son vrai nom "méthylfénidate" est un psychotrope :elle prends aussi le contrôle d'une partie du cerveau en inhibant la recapture de la dopamine.
Ok, je suppose que ça ne veut pas dire grand chose pour la plupart des gens. En clair ça signifie que la ritaline est un produit stupéfiant, une drogue quoi..et ce n'est pas moi qui le dit mais la
Convention sur les substances psychotropes de 1971.
Ce que je dis moi, par contre, c'est qu'en plus d'être réelement une drogue, et d'en avoir tout les inconvénients cités plus haut, elle modifie la personalité, ce qui est pour moi l'effet le plus grave.
J'ai pu constater comme il est difficile d'arrêter.
A ce moment arrive ma fille, qui connait bien les enfants cités plus haut et qui a eu l'occasion de lire la liste des effets de la Concerta, la petite soeur de Ritaline, qu'on prescrit à sa place.
Contrairement à la ritaline qui agit de suite, la concerta se libère progressivement.Sinon, c'est aussi de la méthylfénidate, donc kiff-kiff.
Dans les effets secondaires, on va des hallucinations aux tentatives de suicide.
Je crois que j'ai tout dit.
Et qu'il fallait le dire.
Je vous embrasse et vous dit à demain!

05:49 Publié dans histoire vraie | Tags : ritaline, prescription, méthylfénidate | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/417755

Commentaires

tu as bien fait de le dire
j'ai vu dans un reportage que beaucoup de parents réclamaient cette drogue pour leur enfant , dont ils ne viennent pas à bout............
seulement je suis d'accord avec toi , on n'éduque pas un enfant en le droguant , en le brisant

Écrit par : clara1 | 08/01/2011

Écrire un commentaire