Bien à Bienne : Respect

Respect

23/07/2011 | Respect

Incroyable mais vrai. On est samedi, il est 7h29 et je suis debout.
Oui oui! Vous ne rêvez pas.
Et comment ça s'fait?
Ben je me suis écoutée. J'avais pas trop le choix, il faut dire.
Après le deuxième épisode de True Blood, je ne pouvais pas faire autrement qu'aller me coucher.
Pourtant, même si mon corps était extrêmement fatigué, mon esprit lui, bouillonnait encore.
Respect.
Un tout petit mot pour un sentiment qui peut prendre des proportions envahissantes.
Surtout si on en manque.
Et il y a des gens qui n'y comprennent rien.
"Euh, ben moi chus pas méchant avec toi.."
C'est pas ça. Pas ça du tout.
Le respect. pour moi, c'est considérer que la personne en face est différente de vous.
De un.
Pour certain, c'est déjà pas possible.
Ou alors, la différence est forcement à votre désavantage vu la supériorité automatique dont l'homme se croit doté : pour lui, je ne suis  qu'une femme.
Vous conviendrez que c'est déjà triste d'en être là.
Mais bon.
Dans un élan de compréhension, je veux bien admettre que culturellement, éducativement parlant, on puisse être conditionné à penser ainsi.
Alors là. vous imaginez peut-être la provenance de l'individu sus-mentionné.
Il pourrait être d'un de ces pays ou la loi ancestrale relègue le genre féminin au statut "d'outre".
Oui, vous avez bien lu : une outre. Un sorte de gourde à remplir. Une chose dont on dispose et qui n'a qu'un seul droit :
Celui de se taire.
Ben non.
Le genre de personne dont je parle actuellement n'a même pas cette excuse.
A peu de choses près, quelques kilomètres, nous avons la même origine.
Mais pas besoin d'aller loin pour sentir cette différence..
J'ai la chance inestimable d'être née à Bienne.
Bienne, ville d'ouverture, de tolérance.
Ou la multi-culturalité est inscrite dans les gênes.
Alors, certes, chaque nouvel arrivant y apporte ses particularités et tentera d'y retrouver ce qu'il connait.
Mais tôt ou tard, le brassage de population influencera sa manière de penser.
Et, à moins de vivre reclus, cette influence le portera à plus de respect.
Par contre, pour celui qui ne vient que pour un temps bref, c'est différent.
Cette bonne influence à quand même besoin de temps pour se mettre en place.
Imaginons, par exemple, en ces temps de vacances, que vous partiez pour une destination exotique.
Vous trouverez normal, si vous l'êtes vous-même, que les "locaux" ne parlent pas votre langue.
Eh bien ici, c'est pareil. Sauf que vous y habitez et que cette situation s'applique à la vendeuse du magasin le plus proche.
Forcement, ça donne une autre compréhension.
Une faculté d'adaptation qu'on ne retrouve généralement pas chez ceux qui non seulement ne sont pas habitué, mais
qui en plus, trouverais cette conjoncture gênante.
Un autre exemple.
Celui d'un enfant.
A la maison, on lui apprends les valeurs familiales. Et à l'école, il se trouve confronté à d'autres enfants, ayants eux-mêmes des acquis parfois fondamentalement différents.
Pour que cela soie "vivable", il est impératif de trouver "la voie du milieu".
Une sorte de Tao bouddhiste revisité à la sauce biennoise.
Biennoise.  Bienne. Bien. Tout est dit.
Voilà pourquoi nous sommes si attaché à notre ville. Pourquoi nous sommes si fiers d'être "de Bienne".
Parce qu'il n'y a pas besoin d'y être né pour que la ville vous adopte.
Il faut simplement y trouver sa place.
Même dans la marge, il y en à une pour chacun.
A condition d'être prêt à respecter les différences des autres.
Bien sur, on est dans une sorte d'idéal, tout le monde n'a pas cette facilité.
Et pourtant, lorsqu'il fait beau, on assiste souvent au bord du lac, à des matchs de foot improvisés.
Avec deux t-shirts pour marquer les buts.
Et des équipes ou africains, brésiliens, italiens, croates et portuguais, s'affrontent, dans un joyeux mélange,
pour l'unique plaisir du jeu.
Une autre constatation, en passant, c'est le nombre de gens tatoués.
Ces marques, initialement tribales, sont devenues celles de l'identité personnelle.
Ces considérations m’amènent à en relever d'autres, fruits de mes observations.
Après s'être libérées, les femmes qui il y a quelques années bronzaient "sans le haut", l'ont remis d'elles-mêmes.
Peut-être parce qu'il n'est pas agréable de lézarder au soleil avec des attroupements d'hommes issus de villages balkans, se rinçant
l’œil à une distance très relative.
C'est une explication.
Finalement, c'est aussi ça, l'adaptation, ça vient des deux côtés.
Dans un sens, mon esprit de liberté se révolte à cette idée précise, mais dans un autre, ma compréhension l'emporte.
Et si nous avons besoin de sang frais, pour travailler, mais aussi pour se mêler au notre. c'est un des prix à payer.
S'adapter, respecter les sensibilités.
Je suis moi-même issue d'un mélange. Comme tant d'autres des habitants de Bienne.
C'est surement pour ça que nos enfants sont si beaux, si forts.
Qu'ils brillent ici et ailleurs dans tant de disciplines sportives et intellectuelles.
Et pourtant..
Il suffit de parcourir quelques kilomètres pour arriver dans de petits villages repliés sur eux-mêmes ou la consanguinité imprime
encore sa marque de débilité.
Et d'autres endroits ou malgré la frontière proche ou à cause d'elle, la mentalité d'auto-protection dérive dangereusement vers une sorte de machisme multi-centenaire.
Alors, heureusement, il n'y a pas que Bienne à y échapper.
Dans la majorité des grandes villes suisses, on retrouve la mixité raciale qui fait leur force.
Pour conclure je dirais que la tolérance me pousse à la compréhension.
Quand au respect, c'est affaire de vigilance.
Ce qui est automatique pour certain continuera de l'être tant qu'on ne dis rien.
Le respect commence par soi-même. Même la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a.
Alors, tant pis si c'est fastidieux, mais estimons nous heureux d'en connaitre une partie et n'en voulons pas à ceux qui n'ont pas cette chance.
Montrons leur le chemin.
Avec Respect.

09:28 Publié dans histoire vraie | Tags : respect, bienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

le respect , c'est accepter l'autre au delà des apparences ,
en espérant que ce soit réciproque ;
l'humanité en est encore bien loin , hélas ,
si tu vis dans un cocon de tolérance , tu as bien de la chance

Écrit par : clara1 | 23/07/2011

oh non, je ne vis pas dans un cocon, loin de là, je dis qu'à Bienne, nous avons une autre ouverture d'esprit.
Ce qui nous amène à avoir une autre vision du respect-par contre, il y a autant de cons ici qu'ailleurs et l'intolérance c'est pareil! je n'aimerais pas vivre dans un cocon non plus, j'aime la vraie vie..avec ses hauts et ses bas

Écrit par : cat | 23/07/2011

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