Bien à Bienne : L'ultime traversée

L'ultime traversée

19/05/2012 | L'ultime traversée

Je vais aborder un thème délicat.
Je ne saurais pas comment l'appeler car c'est un sentiment complexe, qui me touche, moi et d'autres personnes que je connais.
Il s'agit de l'enfant qui n'a pas suivi une voie classique, ou même acceptable par la société.
Devenu grand, il aimerait se rapprocher de sa famille qu'il aime.
Il fait beaucoup d'effort pour changer.
Mais sa famille continue de le juger sur ses actes passés.
Ne donne aucune valeurs à sa peine, ni aux progrès qu'il a fait.
Ou alors elle fait semblant.
Ou encore, elle s'en fiche.
Mais le plus souvent, elle lui fait sentir plus ou moins subtilement.
Cela peut aller jusqu'au désamour.
Et cet enfant se trouve partagé entre ce qu'il est, son courage pour affronter les épreuves, sa volonté de s'améliorer,
et ce que sa famille lui renvoie comme image : un raté.
Dans mon cas, heureusement, c'était une étape, que j'ai franchi.
Mais ça a duré des années.
Des années pendant lesquels je pensais que je ne valais rien.
Des années sans rire.
J'ai du réapprendre à sourire.
Je m'en souviens, je m'entrainais devant mon miroir.
Parce que pour être aimé, il faut être aimable.
Et ç'est ça qui n'a pas juste.
On devrait déjà être aimé, de toutes façons, sans condition.
Maintenant que je vais mieux, que je me sens aimée par ma famille, je me demande comment j'ai pu me tirer de cette situation.
Non, dans le fond, je le sais, peut-être aussi que j'ai la chance d'avoir des bons parents, qui se sont résolu à m'accepter telle que j'étais, même
s'ils ne me comprenaient pas.
Et mes efforts ont fini par être récompensés.
Mais pour pouvoir recevoir ce que je voulais tellement, cette reconnaissance, cet amour, mes efforts n'ont pas suffi.
Non.
J'ai du me convaincre que je le méritais.
ce ne sont pas les autres qui m'ont montré qui j'étais.
C'est un long chemin que j'ai parcouru toute seule.
Avec ce blog.
Mais pas que.
Avec mes enfants, principalement.
La mission d'être mère est souvent ingrate.
Je ne vais pas refaire l'histoire, mais la mienne le fut particulièrement, par les contrariété extérieures, par le non-respect de mes droits fondamentaux par des personnes qui auraient mieux fait de s'occuper de leur cas ou lieu de bousiller une partie de ma vie.
C'est terminé. J'ai gagné.
Certainement , cette victoire à contribué à mon auto-reconnaissance.
Ce blog l'a sublimé.
avec des preuves concrètes d'intérêt.
Voilà, une des raisons pourquoi chaque fois que quelqu'un clique "j'aime"  sur un de mes articles, cela le comptabilise.
Même si vous cliquez plusieurs fois, le programme le reconnait et ne compte qu'une seule voix.
En tout ça fait 1070 personnes différentes.
C'est beaucoup.
Mais c'est surtout le nombre de visite mensuelle, qui à grimpé mois après mois, passant de 3 (!) à 9000.
Enfin voilà.
L'écriture est une sorte de thérapie.
Elle libère.
Je n'en suis pas venue à raconter mes sentiments intimes facilement.
c'est venu petit à petit.
Vous m'avez encouragé.
Quand vous vous reconnaissez, quand vous me comprenez, quand je vous procure une émotion, alors je sais
que je sers à quelque chose.
Que c'est bien ce que je fait.
Je n'ai pas la même inspiration tout les jours.
Mais quand je vois les beaux commentaires que je reçois, ici, ou sur Facebook, je suis contente.
A ce propos, j'aime recevoir des commentaires directement ici.
Je sais que c'est un peu fastidieux, il faut recopier l'URL qui se trouve sur la gauche.
Attendre patiemment que le site enregistre le commentaire.
Tandis que sur FB tout va vite.
Revenons à nos moutons.
Ce travail d'écriture m'a fait comprendre bien des choses.
Qui je suis.
Une femme avec les mêmes défauts et les mêmes qualités que tout le monde.
La différence résidant dans les proportions.
Faisant de moi une personne unique.
Mais en aucun cas une ratée.
Je dis ratée pour rester pudique.
Les personnes qui ont ressenti le sentiment dont je parle plus haut dont moi-même, se qualifions autrement.
Une m....
Je pourrais l'écrire telle quelle, mais je ne le fait pas.
Parce que ce n'est pas vrai.
En tout cas pas pour ces personnes.
Comment peut-on en arriver à penser ça?
Parce que l'on croit à tort avoir fait du mal à ceux que l'on aime.
Mais ça aussi, c'est faux.
Aussi faux que si l'on prétendais qu'un malade du cancer fait souffrir sa famille.
Alors bien sur que l'entourage d'une personne qui va mal le prends rarement joyeusement.
Mais jamais au grand jamais ce n'est volontaire.
Comment peut-on reprocher à quelqu'un les coups du sort de la vie?
Qui peut prétendre avoir mieux réagit face aux épreuves qu'il n'a pas subi ?
Comment peut-on en vouloir à quelqu'un qui s'est fait abuser?
Ou qui s'est trompé?
N'est-on pas déjà assez puni qu'il nous faut encore culpabiliser pour l'effet de nos fautes sur les autres?
Non.
C'est injuste.
Les seuls qui devraient   demander  pardon, ce sont ceux qui au lieu d’insuffler un peu d'air à celle,celui qui se noyait,
lui ont maintenu la tête sous l'eau.
Alors, lorsqu’elle,il trouve la force pour donner ce coup de pied salutaire
qui la, le fera remonter, ne faudrait-il pas l’accueillir  avec une serviette ouverte,,,,?
Ce qui est triste,c'est qu'à cet instant là, qui est pourtant crucial, malheureusement, la famille se tient plus loin.
Attablé sous un parasol, ils discutent.
Ont-ils encore assez d'amour pour celle, celui qui revient?
Ne va-t-elle, pas encore les déranger par sa présence marginal?
Est-il présentable, avec ses cheveux mouillés et son maillot de bain si usée qu'il en a perdu ses couleurs?
C'est dur. Mais au moins reste un brin d'intérêt.
Il y a pire.
Déjà,  quand on remonte, quand notre bouche retrouve l'air nécessaire pour remplir nos poumons.
On ne voit personne.
On est là, au milieu de cette piscine d'angoisses, et le bord est encore loin.
On ne voit personne.
On se sent donc très seul.
L'instinct de survie est plus fort, alors on va trouver les forces pour encore nager juqu'au bord.
Logiquement, à cet instant, une voix amie qui nous encourage n'est-elle pas justement la seule chose
qui pourrait nous donner confiance?
Mais voilà.
Il semble que dans cette épreuve, la sortie se fasse rarement accompagnée.
C'est exactement là que je voulais en venir.
En fait, avec les yeux rougis par le chlore, les oreilles bourdonnantes à cause de la pression, même si une bonne âme se tient à côté, on ne la voit pas.
On ne l'entends pas non plus, ou à peine.
Finalement c'est comme si il y avait personne.
Habitué que nous sommes à nous débrouiller seuls, même si on perçoit une présence, l'idée qu'elle puisse réellement être amicale, voir d'une aide quelconque semble incongrue.
Voir suspecte.
Les idées sont confuses, orientées vers ce négatif dans lequel on baigne depuis si longtemps qu'il nous a imprégné.
Alors, cet ami, ce parent, cet inconnu qui est là.. que veut-il?
N'a-t-il rien de plus intéressant à faire que de s'occuper d'une nullité comme nous?
Non, si il fait ça, c'est par pitié, par intérêt, par désœuvrement.
Et d'ailleurs, si il est si désœuvré, c'est parce que lui-même, ne vaut pas mieux que nous si ça se trouve.
Et voilà qu'à peine sorti de nos galères on reviens l'envie d'y replonger en entraimant celui qui venait nous sauver.
Exactement comme le désespéré qui se noie et se débat si fort qu'il assomme le pauvre type venu à son secours.
J'ai eu cette impression cet après-midi.
Je l'ai passé à tenter de remonter le moral à quelqu'un qui l'avait bien bas.
Au début, il m'écoutait encore.
Ensuite, je lui ai proposé une promenade.
Il y avait une jeune fille sur un banc.
Visiblement elle avait envie d'être seule.
Ses petits chiens jouant devant elle.
Elle, tapait des messages sur son natel.
J'étais en train de lui parler, mais mon ami n'écoutait pas ,je le voyais bien.Alors que nous étions avec bébé, il commence à observer la jeune fille, puis va s'accroupir à coté du banc, tentant d'attirer l'attention des petits chiens.
Me laissant, moi, et ma poussette remplie de bébé, complétement tomber.
C'était assez gênant.
Il semblait évident que cela dérangeait la jeune fille.
Mais mon ami était dans son monde.
Seul les petits chiens l'intéressait.
Mon ami n'a pas de chien.
Il ne peut pas savoir qu'il est rare que les propriétaires de chien qui veulent être seuls, apprécient qu'un inconnu viennent
tenter d'attirer l'attention.
D'ailleurs la jeune fille n'a pas levé les yeux en direction de mon ami.
Il a fini par se lasser et revenir vers nous.
Ensuite, c'était assez pénible, parce qu'il continuait de ne pas m'écouter, de me couper la parole
et d'accorder son attention aux chiens qui passaient.
Ce qui m'a dérangé, c'est que je lui accordais mon attention, mais lui s'intéressait plus au premier chien qui passe qu'à ce que je lui disait.
Et il à repris une de ses habitudes qui consiste à me juger négativement.
Je l'ai senti quand il à fait une remarque déplacée sur ma tenue.
Dans ces moments là, il faut la force de l'amitié pour ne pas lui dire trop brutalement ce que l'on pense de son comportement.
D'autant plus que je suis persuadée qu'il n'aurait pas eu le même avec quelqu'un d'autre.
Mais voilà.Dans ces moments là, ce n'est plus à lui seul que j'ai affaire, mais à l'ombre pesante de sa famille qui pollue sa vraie personalité.
Mon ami à une pression incroyable de la part de sa famille.
Le genre de famille dont je parle plus haut.
Qui le regarde emmerger en trouvant qu'il ne nage pas assez bien
Qui ferait mieux de se regarder dans un miroir au lieu de faire souffrir mon ami.
Mais ils ont réussi à le convaincre que c'était l'inverse.
C'est lui qui les fait souffrir en étant aussi inutile.
Qu'il ne vaut même pas la peine d'être aimé.
Et lorsque le père est assez cruel pour lui dire que ses frères et soeurs n'ont plus d'affection pour lui, il pense que c'est parce qu'il est mauvais.
Quel genre de père parle ainsi à son fils?
Et quel genre de fils est-il?
Un fils qui désire seulement être aimé.
Le père ne  comprends pas qu'il est le premier à pouvoir aider son fils, A le défendre, à le soutenir.
Mais il ne sait pas comment on fait.

Ah !il à une bonne excuse, lui-même n'a pas connu le père qui lui aurait servi de modèle.

Mais c'est une excuse, pas une raison.

Alors son fils lui pardonne sans voir que cela fausse tout le reste de son jugement.
Parce que pardonner ne veut pas dire oublier. Et si les offenses continuent, alors, il faut y mettre fin, d'une manière ou d'une autre.Mais, il faut un responsable à sa déchéance,et mon ami ne voit que lui-même pour remplir ce rôle et accepte sans broncher la charge supplémentaire infligée par sa famille.
Il est coupable,.
Et moi qui suis complice, ne vaut forcement pas mieux.
Soudain, il à un sursaut, il se souvient que j'ai mal au dos, et là je sais qu'il est sincère.
Je supporte qu'il me blesse parce que c'est mon ami, parce que j'ai compris..
Mais un jour, lorsqu'enfin il arrivera au bord de cette foutue piscine, je lui tendrai encore la main pour faciliter sa remontée

Ca arrive.
Oui, ça arrive, je le sais.
J'en ai bénéficié.

14:11 Publié dans histoire vraie | Tags : vie, traversée, pardon avance, difficulté | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

TON TEXTE EST émouvant,
il devrait être lu par beaucoup;
il serait d'utilité publique

Écrit par : clara | 19/05/2012

merci Clara :))))))))

Écrit par : Cat | 19/05/2012

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