Bien à Bienne : L’Imposteur et la Photo parfaite

L’Imposteur et la Photo parfaite

05/06/2012 | L’Imposteur et la Photo parfaite


L’Imposteur se sentait déjà assez mal comme ça. Il n'avait pas encore besoin qu'on lui demande de faire la Photo parfaite.
Mais voilà, ils étaient là, tous, au dehors, "les autres", pour exiger de lui l'impossible.
Pour lui dicter encore leurs conditions.
Parce que les autres savaient.
Forcement.
Mieux que lui.
Se doutaient-ils ,déjà, de son statut d’Imposteur?
Il ne se le demanda pas longtemps.
Mais bien sûr.
Forcement!
Ils savaient ça aussi.
La vraie question était :
Combien de temps encore le laisseraient-ils agir ainsi?
Lui.
L'usurpateur.
L'illégitime.
N'avait-il pas honte de leur imposer le spectacle de son imposture?
Cette misérable tentative, ce pitoyable semblant de vérité.
Même dans le mensonge il serait mauvais.
D'ailleurs, qui était il?
Déjà.
Avait-il réussi son permis d'exister?
Il ne s'en souvenait pas.
Mais  rien que l'idée;  qu'il puisse croire avoir réussi quelque chose le fit sourire. brièvement.
Les autres pourraient croire qu'il se moque.
Il ne fallait pas exagérer.
Déjà qu'on le laissait respirer.

Ridicule.
Il se sentit  un  peu plus à l'aise.
Ridicule, là il se savait chez lui, dans son domaine de prédilection.
Ridicule : c'était sa spécialité.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris?
Il n'avait aucun droit, ça c'était très clair.
Aucun talent.
Aucune connaissance particulière...
Faire de la photo..
Quelle prétention! Il restait encore très surpris que le vendeur aie accepté de lui vendre un appareil.
Surement un instant de faiblesse, ou alors un myope qui n'avait pas ses lunettes.
Sinon, il l'aurait reconnu, déjoué et rit de sa vanité.
-Voyons jeune homme, vous plaisantez? Retournez vite à vos incapacités!
Car il n'y a pas que pour la photo qu'il ne pouvait pas être doué.
En tout.
Ou plutôt rien.
Un incapable congénital.
Un handicapé profond de la responsabilité.
Lui mettre entre les mains un objet aussi précieux qu'un appareil de photo tenait de l'hérésie!
Un acte punissable!
Répertorié dans le code pénal :
Art. 24450, alinéa 12 : quiconque ne disposant pas des capacités minimum requises pour le maniement d'un appareil photo, devra respecter entre lui et l'objet une distance de
sécurité de 2 mètres 33.
Le non-respect de cette disposition sera immédiatement arrêté et maintenu en cellule de dégrisement jusqu’à ce qu'il retrouve la raison.
Mais voilà, il était fou.
Et comme les fous ne savent pas qu'ils le sont, alors, il avait eu son appareil.
Commencer à faire de la photo.
Rein d'extraordinaire.
Même pour lui.
Presser sur un bouton.
Et puis, l'incroyable c'était produit :
certaines photos étaient réussie.
Un miracle.
Enhardi par ce succès inespéré, il poussa le bouchon encore plus loin :
il se lança dans le recadrage, la modification de couleur, de saturation.
Le paradis des imposteurs lui tendit alors les bras.
Sur Facebook, ils furent nombreux à aimer ça.
Ce qu'il faisait.
Mais lui, il le savait, au fond de lui les vers de terre grouillaient..Et hurlaient : "imposteur", "imposteur"!!
Mais grisé par son succès, il persévérait.
Mais les "autres" veillaient.
Ils lui tendirent un piège.
Celui de la "photo parfaite".
Celle que seuls les VRAIS photographes savent faire.
Mais lui pas, bien sur.
Il essaya, peut-être même que sans le faire exprès il y parvint.
Mais ça ne comptait pas.
Il devait savoir précisément, régler son appareil correctement.
Connaitre le vocabulaire du photographe, les paramètres exacts.
Ceux de la photo parfaite.
Celle qu'on a pas besoin de retoucher, qui est belle telle quelle.
Il aurait pu en rester là.
Désespérer et se laisser dévorer les entrailles par ses vers de terre hurleur.
Mais parmi eux aussi se trouvait un imposteur.
Un faux vers, mais une vraie chenille.
De celles qui deviennent papillon.
Sans rien dire, elle faisait son cocon.
Un beau jour, elle éclos.
Elle s'envola dans son intérieur.
C'était si beau que les vers su turent.
Et la transformation s'effectua depuis le dedans.
Partout ou se posait le papillon.
Il vint aussi se glisser dans son oreille.
Lui susurrer ces mots doux :
-Tu n'es pas un imposteur. Tu es toi, tu es un créateur.
Dans son cerveau aussi, la raison lui revint.Et il su, à son tour.
Mais lui, iil su vraiment.
La photo parfaite n'existe pas.
Elle n'est qu'illusion, imitation , tout sauf création.
Quel est l'intérêt de recopier ce qui existe déjà?
C'est ta vision, ton émotion, qui ne ressemble à nulle autre.
-Mais, et les "autres"?
Les autres te rabaissent pour pouvoir s'élever, mais ils sont comme ces vers qui se nourrissaient de tes doutes.
Affame-les! Empoisonne-les à ton tour avec tes espoirs.
C'est ce qu'il fit.
Et il retourna sur internet, voir ceux qui aimaient son travail
et vit que cela lui donnait de  l'énergie.
Moralité de mon histoire :
On peut tromper une fois une personne, mais on ne peut pas duper tout le monde tout le temps..

04:22 Publié dans histoire vraie | Tags : pho, imposteur | Lien permanent | Commentaires (1) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

j(aime ton oeil, ta photo est magnifique

Écrit par : clara | 06/06/2012

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