19/07/2012 | Faim du mois

Chez certains d'entre nous, la fin du mois commence plus tôt que celle prévue par le calendrier.

Là, nous sommes le 19 et c'est la cata pour les pauvres.

Frigo vide, porte-monnaie vide, ventre vide.

Bon, moi je ne me plaint pas trop.

Un peu de jeûne ne fait pas de mal.

Mais j'imagine bien comme ça doit être dur pour certaines familles.

Et nous, les pauvres, si il y a bien quelque chose qu'on déteste, c'est la charité.

On à ce que j'appelle notre "honneur de pauvre".

Ne nous faites pas de commissions avec des trucs à manger qu'on aime pas (m ais oui, le pauvre aussi à des gouts à lui).

Ne nous proposez pas gentiment un petit billet de 10 franc.

On se sentirait encore plus bas qu'on est déjà.

Non, si vous voulez nous faire plaisir, il y a un moyen tout simple :

Au lieu  de faire des bonnes actions pour des petits africains inconnus, pensez à nous.

Mieux, faites les deux, si vous pouvez.

Je l'ai déjà dit et je le répête, il n'y a pas de honte à être démuni.

Par contre, on déteste quand on nous dit :

Tu as pensé aux cartons du coeur?

Franchement, mais comment peut-on s'en sortir si on nous rappelle constamment notre condition.

Les cartons, c'est pour la dernière extrêmité, et on aime pas du tout que ça se sache.

La dernière fois que je les ai appelé, ce sont deux hommes qui sont venu et ce sont montré si méprisant que je préfère encore avoir faim.

D'ailleurs, ce n'est pas vrai.

Je n'ai pas faim.

Par contre, il y a tout un tas de choses dont j'aurais besoin et que je ne peux pas acheter maintenant.

Alors j'attends, qu'arrive pour de bon la fin du mois.

Parce que ce qui me ferais plaisir et que je préfère mourir plutôt que de le demander, c'est que quelqu'un fasse un beau geste dans ma direction.

Mais comme je ne le demande pas, alors, rien n'arrive.

C'est la contradiction du pauvre.

99 % des pauvres qui me liront sauront exactement de quoi je parles.

Les autres penseront peut-être : pauvre? en Suisse, ahahahah.

Mais pourtant.

On est toujours ou presque le pauvre de quelqu'un.

Et quand on à ni les moyens d'avoir une voiture, ni de partir en vacances et qu'on ne saurait pas faire fonctionner un i-phone, eh bien ,en Suisse, on est pauvre.

On à une vieille télé trouvée dans la rue.

Nos fenêtres sont rafistolée avec du scotch et les passants prennent notre maison pour un squat.

Mais on s'en fiche.

On est déjà heureux d'être en bonne santé et de pouvoir dormir la nuit.

Le pauvre sait que tout peut toujours être pire.

Alors il fait avec.

Le pauvre est philosophe.

Normal, c'est gratuit.

Le pauvre est créatif!

avec rien, il fait beaucoup.

Un pommier est une aubaine.

Un peu de farine un trésor.

Le pauvre connait la valeur des choses.

Le pauvre veut bien qu'on lui donne si c'est de bon coeur, mais il n'a rien contre le prêt.

Le problème c'est qu'il est bien le seul.

Ceux qui pourraient l'aider se retrouve soudain affecté d'une curieuse crampe.

La crampe du porte-monnaie.

Ils en oublient jusqu'à leur code bancomat.

Frappé d'amnésie passagère, ils préfèrent détourner la tête d'un air gêné et faire comme si ils n'avaient rien entendu-

C'est tellement petit.

Bon, il y a des exceptions, heureusement, vraiment il y a des exceptions.

Mais il faut avoir vécu le malaise qui survient chez son interlocuteur quand il croit que vous allez lui demander de l'argent pour comprendre.

Et son soulagement quand il voit que ce n'est pas ça ,parce que même si l'idée nous avait effleuré, ce malaise nous dissuade.

Instantanément.

La question que je me pose est la suivante : un jour je serai très riche.

Est-ce que , moi aussi, j'aurai mes crampes et mes malaises?

J'espère pas.

14:08 Publié dans histoire vraie | Tags : fi, faim, mois, pauvre | Lien permanent | Commentaires (3) | Trackbacks (0) |