25/06/2011 | Crigou made in Bienne

C'est mon troisième article pour myUrbanplanet.com .. et me voici face à une difficulté inattendue, que voilà :
Il se trouve que je connais un auteur de bande-dessinée. A mon avis, il y a en lui une part de génie que je vais tenter d'expliquer.
Mais mon problème, ce n'est pas ça.
En parcourant les articles qui lui sont consacré actuellement, alors qu'il présente son actualité, je suis tombé sur une petite merveille.
Le style, l'humour, l'information parfaitement dosé... alors voilà le challenge : écrire un article sur Christian Voirol qui soie aussi bien
que celui de Yves-André Donzé. (Yves-André, je ne te connait pas, mais si tu me lis, je t'adresse tout mon respect littéraire).
C'est parti!
Retournons un brin dans le passé...notre passé commun, à Christian et moi. Car nous en avons un.
Il y a..olalala.. ça fait bien une petite trentaine d'années...nous habitions dans le même bloc style 70' de la route d'Aegerten à Bienne.
Nous , les Bergeon, en haut, et eux à l'étage du dessous.. ou du dessus? je ne m'en souvient plus..
En tout cas, il ne se trouvait pas un jour sans que l'on demande à nos parents si on pouvait, ma soeur et moi, "aller jouer chez les ptit's Voirol".
On était toujours la bienvenue
Dans la famille Voirol, il y a le papa avec son collier de barbe et sa calvitie naissante. Un gentil papa à la voix douce.
La Maman, la Jo, avec son éternelle permanente de cheveux noirs, ses yeux bleus pétillants cerclés de kôhl et son sourire semblable à deux rangées de petites perles.
Dans la famille Voirol, il y a la grande fille, vraiment grande, Françoise. Avec son timbre de voix particulier, un peu bas, un peu trainant.
Le gand garçon, Thierry, et c'est là que tout commence..Thierry dessinait extrêmement bien pour son âge. Ses personnages avaient des nez.
Les détails, les proportions justes, tout y était.
Alors, quand j'ai appris que Christian , le petit frère,faisait de la B.D. finalement je n'ai pas été tellement surprise.. c'est de famille.

Je ne peux pas parler de la famille Voirol sans penser à Frédérique, la petite soeur, que nous aimions tant.
Nous avions déjà déménagé lorsqu'elle est tombé malade.
La vie est cruelle, parfois.
Je me suis toujours demandé pourquoi le destin frappait si durement cette si gentille famille.
Ma mère m'expliqua que Frédérique était en réalité un ange et que la place des anges était au ciel.
J'avais besoin d'une explication, celle-ci me convint à peu près.
A cette époque, on ne se souciait pas trop de ce que pouvais ressentir les enfants.
Je me souviens très bien de ma peine et aussi de la promesse que je me suis faite : celle de ne jamais oublier Frédérique.

Et tout ça me fait penser que Christian à de la chance, un ange veille sur lui.

Avant de retourner dans le présent, faisons un léger détour par le Prévoux.
Le Prévoux... tout un poème! un village du "haut". Par opposition au "bas" du canton de Neuchâtel.
C'est là que nous passions presque tout non week-ends, dans la maison de nos grands-parents.

-Et le rapport avec Christian Voirol, dans tout ça, tu t'égare, ma fille! (voix de la raison)
Patience, j'y arrive.
C'est là que j'ai découvert la bande dessinée pour adulte. Enfin, B.D. c'est un grand mot, disons plutôt, comic-strip.

Mon tonton Papin, "Peum" pour les intimes, et "Pimpin" pour les autres, mis à part le fait d'être le roi de l'accordéon, collectionnait de curieux petits ouvrages à
vocation humoristique. En noir et blanc, avec des histoires drôles, mais surtout des dessins un peu osés.
J'en découvrais de temps en temps un qui trainait à côté des romans-photos de ma tante Francine.
Alors, je le subtilisais discrètement et j'allais me planquer dans les toilettes pour le visionner tranquillement.
La mention "pour adultes" m'ayant convaincue que je faisait quelquechose d'interdit,  donnait à ces lectures un léger gout de culpabilité..et des sensations nouvelles.
Voilà pourquoi la B.D. de Christian Voirol est indispensable.
Parce qu'actuellement personne ne rempli ce créneau.
Une B.D. accessible à tous, une B.D. qui fera grandir un peu les enfants qui la liront caché sous leurs couvertures, et ravira les adultes friands de cet humour..comment le définir?
"Erotico-comic"? Ce serait une erreur de croire qu'il se limite à ça.
Non, la part de génie dont je parle au début, c'est un mélange du double, voir du triple, voir du quadruple sens, dans les dessins et les dialogues de Christian Voirol.
Attardez vous un peu, relisez le texte...ça vient tout seul. On sent que sous l'apparente légèreté se dissimule autre chose.
Quelque chose qui fait partie de l'inconscient collectif.
Et l'oeuvre de Christian Voirol, c'est notre part de politiquement incorrect, avec des élans de poésie brute, quelque chose qui nous appartient à tous mais que lui seul traduit de cette manière.
Et puis, maintenant, il y a la couleur. Très important la couleur.

Re-retour dans le passé : j'apprends que Christian est daltonien. Dans mon esprit, le mot évoque un mélange de Lucky Luke et d'anglicisme...
Mes parents m'explique qu'il ne voit pas le couleurs de la même façon que nous.. et ça m'intrigue suffisamment pour que je m'en souvienne encore.
Alors, c'est pour ça que ses couleurs sont si intenses, si inhabituellement utilisées?

Et c'est pas tout. Chrsistian Voirol, c'est l'histoire d'un mec libre dans sa tête.
Un mec généreux qui ne compte pas ses heures. Un mec courageux qui assume sa part d'enfance et n'hésite pas à l'introduire dans ses dessins.
Son Titeuf s'apelle "Manu".
Manu c'est lui, mais c'est nous aussi.
C'est une façon de voir la vie. Comme un photographe qui propose sa vision. Sauf que Christian lui, dessine à la fois l'intérieur et l'extérieur.
La B.D. de Christian se lit et se relit.
Se regarde et se reregarde.
Un livre de ceux qu'on mettra de côté pour le conserver, avec le sentiment qu'on y trouvera encore quelque chose à la xième relecture, au xième revisionnage.
Une B.D. indispensable à toute bibliothèque.
Un monde ou les putains côtoient les super-héros, les loups et les canards.. tout ça, avec un dosage aussi fin que certains gags sont épais.
Mais Christian n'a pas peur de l'être. Parce qu'il ne triche pas.
Son trait est émouvant, presque enfantin parfois. Mais son graphisme en pleine évolution allié à l'intensité de son sens si atypique des couleurs fait de chaque strip une petite oeuvre d'art.
Les trois premiers albums de Christian seront un jour des collector's.
Croyez-en mon intuition!
L'actualité de Christian, enfin CRIGOU, c'est son nom de dessinateur, c'est la sortie de ses trois premiers albums, en même temps!
C'est aussi son invitation au festival de la B.D. de Tramelan.
Mais aussi sa présélection au concours de la révélation de l'année à la Fnac.
Vous pouvez voter avec le lien suivant : ttp://www.fnac.ch/galerie/Révélation-Fnac-BD-2011/ c'est le numéro 79.

Alors, moi aussi je vais être honnête jusqu'au bout. Parfois, ce qu'il fait heurte la sensibilité de la délicate jeune femme qui est en moi..quelque part.
Il n'empêche que je suis convaincue de son talent..et que le meilleur reste à venir.

Un dernier point, Crigou ,contrairement à beaucoup d'autre, ne copie personne, son univers est totalement inédit.
Et c'est suffisamment rare pour mériter d'être signalé.
Bon, maintenant, il ne me reste plus qu'à soumettre mon article à Christian, pour voir ce qu'il en pense...  Comme c'est mon avis, alors, le voilà, brut de brut. Un peu comme ce qu'il fais parfois..souvent!
J'espère que ça lui plaira.
La gentillesse, c'est héréditaire chez les Voirols.
Voilà, manque encore l'adresse de son site, et les photos de ses oeuvres, vous trouverez tout ça dans mon prochain article sur myUrbanplanet.com :).

Allez, je vous souhaite un très bon week-end, je crois bien que samedi c'est le marché aux puces à la vielle ville de Bienne.
Je me réjouie déjà!!

02:35 Publié dans BIENNE | Tags : bienne, art, b.d., crigou | Lien permanent | Commentaires (5) | Trackbacks (0) |