Bien à Bienne : Châtelet blues.. i can't believe

Châtelet blues.. i can't believe

03/11/2012 | Châtelet blues.. i can't believe

A la question : suis-je normale?

Beaucoup répondont : non.

Et ils auront raison.

Tenez par exemple : je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout du tout vraiment pas, nostalgique de mes années d'écoles.

Temps de l'insouciance? pas pour moi.

30 ans plus tard, mes anciens camarades ont décidé de se retrouver et de fêter ça.

Au début, je me réjouissais.

Mais plus ça allait et plus je m'interrogeais.

Avais-je vraiment envie de me replonger dans cette ambiance?

Déjà, mis à part quelques privilégiés qui trouvaient grâce à mes yeux, je considérais l'immense majorité d'écoliers qui m'entouraient comme hostiles.

Pas qu'ils m'aient spécialement agessée .. quoi que.

Je me rapelle d'un élève se levant en pleine classe pour mes mettre un rouleau de scotch entier dans mes cheveux (longs) sans que personne ne bouge. 

Je pleurais et tandis qu'il s'acharnais, j'étais comme enfermée dans une prison de cheveux collés par le scotch.

D'un autre qui sans raison aucune, s'est retourné pour poser un énorme glaire répugnant sur ma jolie trousse orange à polis (longs aussi).

 J'adorais cette trousse et sa belle couleur vive. Le seul objet un peu original et joli que j'avais.

Je n'avais pas les moyens pour me faire remarquer par des vêtements à la mode.

Je ne pensais pas être spécialement jolie non plus.

Ma difficulté à prononcer les "s" convenablement", mon léger bégaiement, ma timidité, mes complexes,

ma sensibilité, mon hyper-activé non reconnue et tout ses symptômes faisaient de ma scolarité en enfer sans fond.

Sans oublier, bien sûr, mon petit handicap à la main droite qui me pourrissait la vie, et les surnoms gracieusement imaginatifs dont on m'avait affublées.

La même qui maintenant m'avoue ne pas se sentir à sa place dans ce système, aussi bien qu'hier qu'aujourd'hui était aussi la plus cruelle.

Les reflexions méchantes sur mon physiques, sur mes habits, sur ma coiffure, pleuvaient.

J'aurais voulu disparaître.

Le reste du temps je m'ennuyais à mort au point de remplir des carnets de petites croix pour faire passer le temps.

Ou de décorer mon pupitre.

Je me souviens précisement de ce que j'avais dessiné.

Ma main droite, justement, celle qui n'est pas conforme, symbole de ma différence.

Et de la réaction du directeur en visite dans notre classe et découvrant mon oeuvre ;

-C'est quoi cette  horreur!

Chaque matin je rêvais d'attraper une maladie très grave qui  me clouerais au liit jusqu'à la fin de ma scolarité obligatoire.

Ou, plus romantique : une machine à voyager dans le temps.

Heureusement quelques rares instants de créativité, quelques moments partagés avec certains profs ou camarades sympas, me permettaient de tenir le coup jusqu'aux prochaines vacances.

Vacances en camping avec mes parents. Noêl chez mes grands parents. Week-end chez ma tante.

Camps scouts, camps cadets, je respirais enfin.

Alors voilà , cette période scolaire n'était magique que lorsqu'elle s'interrompait.

Vous comprendrez  que me remémorer ces moments frise le masochisme.

Si il y a bien une chose que je sais, c'est que cette petite écolière mal dans sa peau n'existe plus.

Elle a laissé la place à une femme  qui sait qui elle est et ou elle va.

Qui utilise les diffultés pour avancer et surtout, qui n'a plus peur.

Aucun déclic bienfaisant ne m'a menée jusque là.

Mais plutôt une incroyable série d'épreuves supplémentaires et d'aventures variées.

Ayant eu, en plus, la chance d'absoluement tout perdre mes accumulations de matériaux divers et usuels de chaque individus suisse normalement constitué, dans un incendie, je suis désormais totalement libre et légère.

Quand à la dose d'affection nécessaire, je l'ai fabriquée moi-même avec mes enfants et petite-fille.

Me voilà donc, 30 ans plus tard, foulant le sol maudit de mon ancien lieu de capture.

Le voyant tel qu'il est : gris, sale et mal entretenu.

Tout ce que ça m'inspire en plus de la joie de m'en être sortie vivante, c'est le dégout.

Dégout de l'endroit, mais aussi d ceux qui auraient pu en faire un endroit plus acceuillant. Je ne parle pas des profs, mais de ceux qui auraient pu mais n'ont pas voulu accorder de crédits pour une véritable réfection.

Il parait que c'est prévu. Si c'est vrai, c'est une bonne chose et je m'en réjouie.

Pour l'instant, on dirait ce que cest ; un bâtiment abandonné.

M'y promener m'a fait souvenir dans quelle bulle je m'enfermais afin de ne pas trop souffrir.

Au point de ne pas lever les yeux plus hauts que l'espace que je pouvais occuper sans gêner.

Cet arbre là, avec ses branches acceuillantes, il était déjà là.

Mais je ne m'y arrêtais pas.Je ne me l'autorisais pas. Chacun son territoire et le mien ne se trouvait nulle part.

Qaund j'y pense, je  ne retrouve, même au dehors aucun endroit ou j'aurais pu me sentir en sécurité.

Pourtant,  alors que je me promène 30 ans plus tard dans cette cour déserte,je me sens bien.

Parce que c'est terminé. Parce que le temps réparateur a fait son oeuvre.

J'ai envie d'aller de l'avant.

Donc, je ne regrette rien, rien de rien.

Je vois qui je veux quand je veux, je n'ai pas besoin que  quelqu'un organise ça à ma place.

Vous connaissez le "Seeland". Voilà un autre endroit de Bienne qui existe depuis très longtemps, mais c'est un restaurant.

Hier soir, j'y ai mangé  les meilleurs fettucini aux bolets de ma vie, en très charmante companie. Quelqu'n qui se reconnaitra si elle me lit et dont jerespecte le soucis de discretion.                                                                                           

Juste avant, je me suis promenée au lac avec une des rares amies de cette époque. Un petit moment privilégié.

A ma façon j'ai commémoré mes 30 ans .

30 ans que j'ai quitté l'école.

Un immense soupir de soulagement.

C'est surement pour ça qu'audehors, il y a autant de vent..

18:59 Publié dans histoire vraie | Lien permanent | Commentaires (4) |

Commentaires

Ça me touche beaucoup...moi non plus je n'ai pas connu l'insouciance à l'école...

Écrit par : Antoinette | 03/11/2012

tu as bien fait de ne pas y aller;
ici on n'organise pas de ces fêtes, et je dois dire que ça ne me manque pas;
j'ai adoré l'école,
pas de vêtements à la mode, pas jolie, rouquine, mauvais caractère, bagarreuse si on m'embêtait^^mais une soif d'apprendre, un goût pour l'étude,
et des bonnes copines , celles qui comptaient sur moi pour expliquer les maths qu'elles ne comprenaient pas,
car bien sûr, il aurait été impensable que je ne sois pas la meilleure^^
avec tous les défauts que j'avais il fallait bien que je sois la meilleure de la classe^^
mais je n'ai pas besoin de me replonger dans la nostalgie,
beaucoup sont morts
donc je préfère garder mes souvenirs

Écrit par : clara | 04/11/2012

Coucou Antoinette, alors, c'est parti, maintenant, on y a droit et on ne va pas se gêner!!
Clara, si nous avions été à l'école ensemble j'aurais été très admirative!

Écrit par : Cat | 04/11/2012

y avait pas de quoi^^
mais c'est gentil de le penser cat, et j'ai tellement aimé l'école que j'en ai fait mon métier
^mais je pense que mon dégout des apparences doit y prendre racine

Écrit par : clara | 04/11/2012

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