Bien à Bienne : Ce n'est jamais trop tard

Ce n'est jamais trop tard

23/10/2011 | Ce n'est jamais trop tard

Demain matin, ma fille rentre d'Amsterdam.
Je suis impatiente qu'elle me raconte l'effet que ça peut faire de rencontrer la petite fille du frère de son grand-père.
Nous sommes une curieuse famille, comme toutes les familles finalement.
Aujourd'hui, j'ai appris que pendant la guerre, les allemands nazis avaient occupés la maison de mon père.
Ils sont arrivés dans ce petit village de Franche-Compté, Villers-le-lac et ils ont réquisitionnés des endroits pour s'y installer.
Les bâtiments portent encore les traces de balles de ceux qui ont tentés de s'y opposer, ou qui ce sont permis de regarder
un soldat de travers.
Tout d'abord, mon père ses frères, soeur et ses parents ont été parqués à l'étage au-dessus.
Et puis, il se sont enfuis en France.
Et quand ils ont voulu revenir, les allemands étaient partis, et d'autres les avaient remplacés.
A un moment, deux des frères ont du se cacher dans la forêt.
Mais ils se sont fait prendre tout les deux et obligés d'aller travailler en Allemagne.
Par chance, un des deux était horloger, et en Forêt-Noir ou on l'emmena, ses qualités furent appréciées et il put
jouir de quelques privilèges, par rapport aux autres prisonniers.
Après la guerre, toute la famille s'en est tiré.
Mais elle est restée marquée à jamais.
Qu'a-t-il vu, mon père, de si terrible, pour qu'il porte en lui cette sourde et injuste violence qui transparaissait
parfois?
Il n'a jamais voulu nous le raconter, pour nous préserver, pensait-il.
Et maintenant, il n'est plus là, et j'aurais voulu savoir.
Mon père nous aimait et travaillait même le dimanche pour que nous ne manquions de rien.
Mais il n'étais ni affectueux, ni loquace. Il ne m'a jamais frappée, mais je sentais que parfois, il devait se dominer pour s'en empêcher.
Et puis, il y avait ma mère qui faisait si bien tampon entre nous deux, que je m'adressait rarement à lui directement.
Et pourtant, avec le cancer, cette distance c'est peu à peu effacée, au point que nous avons pu nous rapprocher.
Ce n'est jamais trop tard.
Et maintenant, il me manque, parce que nous n'avons pas eu droit aux temps heureux, et aussi à cause de toutes les questions que j'aurais aimé lui poser.
Le temps passe et voilà, les deux frères ont eu des enfants qui ont eu des enfants à leur tour.
Des enfants d'amour, des enfants de mélange de culture, portugaise pour sa cousine, polonaise pour ma fille, mais qui à cause de leurs grand-pères se ressemblent beaucoup.
Je les imagines au paradis, assis sur un nuage, tout les deux attendris de voir leurs petites-filles se rencontrer.
Je trouve que ça ferais un joli scénario de film.

01:22 Publié dans histoire vraie | Tags : frères, cousines, amsterdam | Lien permanent | Commentaires (4) | Trackbacks (0) |

Trackbacks

Voici l'URL pour faire un trackback sur cette note :
http://bienabienne.bleublog.lematin.ch/trackback/1033063

Commentaires

Je me souviens quand papa nous racontait quand ils étaient caché dans la foret et qu'il devait mettre la main sur la bouche des plus petits pour pas que les nazis qui passaient ne les voie. ça dû être terrible. Comme tu le sais toi et moi on a pas eu les mêmes rapports avec papa. les corrections c'est moi qui les recevait, les fessées et les coups de pieds au cul c'est moi qui les ai encaissés. Mais paradoxalement à ça , on était vachement proche. Papa et maman on pas eu la même enfance, ça pas du être facile pour eux de faire un mixte des deux pour nous élever. Il a eu certaines contradictions que je reproduis avec mes enfants....
En tout cas ces deux petites filles ont dû bien s'amuser. Je me souviens moi aussi la première impression quand je suis allée dans cette magnifique ville pour la première fois....WAHOU.....^_^ Allez les Bleus.....^_^

Écrit par : Véro | 23/10/2011

les familles ont des histoires de guerre,
des tragiques, comme mon arrière grand mère dont on n'a retrouvé qu'un bras après un bombardement des anglais, elle a été identifiée car sa main tenait encore son sac à mains,
des émouvantes
mais les familles ont toutes étaient traumatisées

Écrit par : clara | 23/10/2011

Merci soeur! c'est vrai que t'en a ramassé, masi tu étais aussi plus proche de Papa. Moi j'en avais peur, alors je gardais mes distances.
Clara, c'est tragique cette histoire. La différence entre nous c'est qu'en suisse. dans ma jeunesse c'était pas si fréquent d'avoir des parents ayants connus la guerre de près. aujourd'hui , ces sont d'autres guerres, qui concernent certaines communautés qui vivent chez nous .

Écrit par : Cat | 23/10/2011

j'habite sur la côte d'opale en face de l'angleterre, que e vois de chez moi,
les allemands s'y étaient installées dans des blockhauss qui existent encore,
donc les anglais ont bombardé pendant des années,
ma ville a été détruite à 95%100 comme toutes les villes avoisinantes
ici les anglais ont plus tué que les allemands, les français étaient des dommages colatéraux;
mais il faut reconnaitre qu'ils ont fait la guerre seuls pendant longtemps, et que , heureusement, ils ont tenu;
mais les bombardements ont tué des français en quantité énorme

Écrit par : clara | 24/10/2011

Écrire un commentaire