Tandis que ma soeur couvre son mur de photos des années 80, je découvre à quel point elle était ravissante.

Mais qu'est-ce que j'avais dans les yeux, toutes ces années?

Oui je crois bien que c'était ça.

Un truc épais qui faisait plus qu'un brouillard et m'empêchait de voir les choses telles qu'elles étaient vraiment.

Je détestais cette période.

Bon, je n'étais pas mal tout le temps, mais tellement avide d'exister que je brûlais ma vie .

Et la fumée, dans le sens littéral du terme, à travers laquelle je percevais l'existence, modifiait jusqu'aux traits des gens.

Je les voyais grossiers alors qu'ils étaient fins.

Je percevais à outrance la sauvagerie de certains qui me semblaient des loups, alors qu'ils n'étaient que d'autres agneaux.

Certains qui n'ont jamais vieilli.

D'autres qui ont tellement changé.

Comment cette fille si troublante est-elle devenue si banale?

On échappe pas à son destin, c'est vrai.

Une balle, un tsunami, ou une vie bien rangée.

Un accident, les attaques du sort, un voyage sans retour.

Je n'ai aucune nostalgie de cette époque ni d'aucune autre.

C'est maintenant que je commence ma vie vraiment.

Le rideau de brouillard déchiré à grand coup de griffes,

c'est un ciel turquoise qui apparait et les gazouillis de ma petite fille qui me réveille.