Bien à Bienne : Abus

Abus

29/01/2012 | Abus

J'aime bien, que dis-je, j'aime beaucoup avoir raison.
Parfois, je préfèrerais avoir tort.
Est-ce que ça vous est déjà arrivé de sentir que vous savez la vérité, ou même d'en être certain,
mais que cette vérité soie si dérangeante que votre interlocuteur la refuse, vous la renvoyant en pleine face,
à la limite de la méchanceté?
Dans ce cas là, mieux vaut ne pas insister.
C'est ce que je fais, désormais.
Ca n'empêche que je suis un peu blessée, ce soir, au point d'avoir envie d'en parler.
Figurez-vous que je fais partie des enfants qui ont été abusé.
Dans une classe, d'après les statistiques, il y en a un sur 4.
C'est déjà énorme.
Ensuite, au cours de son adolescence, une jeune fille, ou un garçon qui sort, qui fait la fête,
à beaucoup de probabilité qu'une fois ou l'autre, il ou elle ne soie pas tout à fait en état de dire "non".
L'abus qui fait des dégats commence par de simple pensées.
Un enfant qui se trouve à proximité récurrente d'un adulte qui à des intentions ou des fantasmes coupables à son égard
est déjà victime.
Parce que les enfants sentent ces choses là.
Ils n'ont pas les mots pour les expliquer, par contre.
Ensuite, expliquer à quelqu'un ce qui nous est arrivé est très délicat.
Surtout si ce quelqu'un n'a aucune idée du traumatisme que cela représente.
J'ai connu une jeune femme qui , malgré que les événements tragiques qu'elle avait subi, soient passés depuis longtemps.
ne pouvait en parler sans utiliser la métaphore.
Elle parlait d'un monstre dans ses cauchemars.
Au lieu de son père dans sa réalité.
Parmi les abusés, 1% rejettent si fortement la mauvaise expérience, qu'il s ne s'en souviennent pas consciemment.
Les abus peuvent prendre plusieurs formes, donc, et ne sont pas forcement sexuels.
Ca peut être abus d'autorité, abus de faiblesse, abus de confiance...
Le schéma cependant reste le même.
La manipulation d' une personne par une autre.
Il y a donc de fortes chances pour que la plupart des êtres humains y soient confronté au cours de leur vie.
Après ce sont les circonstances qui vont déterminer la gravité et ses répercutions sur une personne.
Une autre de mes amies agissait comme un pantin, une grande marionnette à qui on pouvait faire faire n'importe quoi.
Il à fallu 17 ans au premier écolier abusé pour oser dénoncer son prof dans une histoire récente.
Enfin bref, ce que je veux dire c'est que ça reste un tabou.
Malgré que tout le monde soient informé que c'est grave, que ça abime les nombreuses victimes de manière irrémédiable, et qu'il est nécessaire d'en parler..
Si on à le malheur de suggérer que peut-être, éventuellement, cela puisse s'être produit pour une personne ou une autre, les réactions sont
souvent proches du déni absolu.
"Non, non! c'est pas possible!" "on s'en serait rendu compte.."...
Je le dis, ici, parce que c'est la deuxième fois en peu de temps, la deuxième fois seulement que je fais cette suggestion et les deux fois, j'ai obtenu ces mêmes réponses.
Ce soir, c'était encore plus dur, parce que la personne me connait, sait ce que j'ai vécu. Sait aussi que ça n'est pas arrivé qu'à moi et pourtant, elle m'a reproché :
d'en voir partout!
de les attirer...
ce qui est, je trouve, particulièrement nul.
Oui, nul.Comment voulez-vous que l'humanité évolue avec des réactions pareilles.
Opposer un pareil déni, en s'ennervant, en plus, à une simple suggestion, c'est louche!
Le plus débile? Cette phrase là : "je suis sûre que c'est pas ça".
Mais comment peux-tu être aussi illogiquement catégorique!!
Comment peux-tu même seulement prétendre vouloir aider quelqu'un en décidant d'avance ce que cette personne peut ou pas avoir vécu!!
Parce qu'à toi ça n'est pas arrivé!!! Mais quoi?
C'est si difficile d'admettre que tu ne connais pas tout?
Qu'il y a au moins un sujet ou ton expérience ne te sert à rien?
Mais soit heureuse!!
S'il y a bien une raison d'être contente de pouvoir dire "je ne sais pas ", c'est bien sur ce sujet là!!
Et profite de la chance que tu as d'avoir sous la main quelqu'un qui peut t'en parler!!
Mais non, au lieu de ça, tu t'obstine et tu me blesse.
Alors oui, je m'ennerve.
Alors oui, j'expose ma vie parce que tant qu'en face de moi j'aurai affaire à un déni aussi stupide je crierai mon indignation.
Parce qu'un abus, c'est l'affaire d'une minute!!
Une putain de minute qui peut briser une vie.
Je rappelle aussi que 70% des abuseurs sont des proches.
Alors, quand c'est si facile, pourquoi réagir comme si il s'agissait de grimper l'Everest?
Dans les deux cas ou je suis intervenue, on m'a reproché "d'en voir partout".
On à repoussé ma suggestion avec la même véhémence.
Avec presque les mêmes arguments.
Hors moi, je ne suis sûre de rien, je voudrais me tromper!!!
Je demande seulement qu'avant d'écarter mes dires, on y réfléchisse un peu, qu'on s'ouvre à l'éventualité de cette idée,
POUR AIDER !!!!!!!!!!! pendant qu'il est temps!
Un abus qui n'est pas déclaré ronge la personne de l'intérieur comme un poison.
A l'inverse, plus on peut on parler, plus s'est reconnu et mieux  on peut s'en libérer.
On ne le fera jamais tout-à-fait.
C'est ce qui caractérise l'abus, sa nature indélébile.
Mais la trace peut s'estomper, avec de l'aide.
Alors, je suis d'accord, il ne faut pas vouloir absolument que cela se soie passé, mais il y a des signes.
Des signes que l'on doit écouter, qu'il faut s’inquiéter.
quels signes?
-Changement de comportement.
-Tendance à l'auto-destruction.
- Repli.
-Difficulté de communication. etc..
Je rappelle encore que la victime à terriblement honte.
Ca ne va pas l'aider à s'exprimer.
Que la victime se sent coupable. Et si l'abuseur est un proche, il y a encore la peur d'être traité de menteur.
Un abusé est enfermé dans la prison qu'il se construit.
Si il a la chance qu'on remarque  son malaise, peut-être alors, qu'avec de la patience, de la confiance...
Un amour à tout épreuve, ou une certaine distance.
On sait qu'en parlant, on va encore faire plus de mal. Que l'aveu risque d'être insupportable..
L'abus, c'est l'horreur, un cercle vicieux de souffrances.
Moi qui aimerais tellement changer le monde, alors je prends mon courage à deux mains pour l'écrire :
NE Décidons PAS A LA PLACE DES AUTRES !!
Si nous le pouvons aussi, alors, nous devons parler, ou écrire, exposer notre expérience.
Partager!!!
C'est un sujet si important!!
Mon message est le suivant : en étant attentif, prêt à écouter, alors on peut empêcher que toute une vie soie détruite.
Mais pitié!! arrêtons de croire que nous savons déjà tout.
C'est une attitude dangereuse.
Restons ouvert à toutes les possibilités.
Surtout celles que nous ne connaissons pas..

04:19 Publié dans histoire vraie | Tags : abus | Lien permanent | Commentaires (2) | Trackbacks (0) |

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Commentaires

ton article est superbe, j'aimerais qu'il soit entendu;
bravo

Écrit par : clara | 29/01/2012

merci Clara. moi aussi

Écrit par : Cat | 29/01/2012

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